Élection présidentielle hongroise de 2017

L'élection présidentielle hongroise de 2017 (en hongrois : 2017-es magyar elnökválasztás) se tient le à l'occasion de la convocation de l'Assemblée nationale pour l'élection du président de la République de Hongrie, dont les prérogatives sont largement honorifiques et protocolaires.

Élection présidentielle hongroise de 2017
Type d’élection Élection présidentielle
Corps électoral et résultats
Inscrits 199
Votants au 1er tour 175
87,9%
Votants au 2d tour 170
85,2%
János Áder Indépendant
Voix au 1er tour 131
74,8%
 10,5
Voix au 2e tour 131
77%
László Majtényi Indépendant
Voix au 1er tour 44
25,1%
Voix au 2e tour 39
22,9%
Président de la République
Sortant Élu
János Áder
Ind.
János Áder
Ind.

D'après la Loi fondamentale, le président de la République de Hongrie est élu pour un mandat de cinq ans renouvelable une seule fois.

Au mois de , le président sortant, János Áder, élu en 2012, a été désigné candidat à un second mandat par le Fidesz, parti du Premier ministre Viktor Orbán[1],[2]. C'est la première fois, depuis 1995, qu'un président sortant sollicite sa réélection, laquelle paraît assurée du fait du soutien de la coalition gouvernementale, largement majoritaire à l'Assemblée, au chef de l'État sortant.

Le jour du scrutin, Áder est effectivement réélu président de la République en obtenant 131 voix sur 170 suffrages exprimés ; son second mandat de cinq ans débute le .

Contexte

Le président sortant, János Áder, élu en 2012.

Le , János Áder, ancien président de l'Assemblée nationale et membre fondateur du Fidesz, est élu président de la République de Hongrie par les députés ; ayant recueilli 262 voix sur les 307 grands électeurs ayant pris part au vote, il est investi le 10 mai suivant pour un mandat de cinq ans. Le nouveau chef de l'État hongrois succède à Pál Schmitt, qui a démissionné le après avoir été mis en cause dans une affaire de plagiat.

L'opposition parlementaire, qui avait renoncé à présenter son propre candidat, a dénoncé l'élection d'Áder à la présidence de la République, celui-ci étant un proche du chef du gouvernement, Viktor Orbán ; elle avait déjà critiqué le précédent chef de l'État, Pál Schmitt, surnommé le « stylo à bille de la nation » pour sa propension à promulguer les lois préparées par le gouvernement sans les étudier avec soin pour vérifier leur conformité à la Loi fondamentale.

Les élections législatives du ont confirmé la majorité conservatrice sortante, formée par le Fidesz et le KDNP, au détriment de la coalition d'opposition Unité et du parti d'extrême-droite Jobbik. Avec 133 sièges sur 199, le Fidesz détient une majorité absolue suffisamment large pour faire approuver ses lois, tandis que l'opposition, disparate puisqu'elle s'étend des socialistes à l'extrême-droite, ne détient que 66 sièges.

D'abord critiqué pour sa proximité supposée avec le gouvernement, le président Áder a fait montre d'une certaine indépendance en s'opposant à celui-ci à plusieurs reprises ; ainsi, au mois de , quelques mois après son élection, le chef de l'État avait refusé d'approuver une nouvelle loi électorale approuvée par la majorité parlementaire mais très contestée par l'opposition qui la jugeait potentiellement « dangereuse »[3],[4]. Quelques mois plus tard, en , un projet gouvernemental dénoncé par des organisations contre la corruption a été bloqué par un veto du chef de l'État, qui semblait vouloir faire montre d'une prise de distance vis-à-vis du Fidesz[5].

Néanmoins, le président sortant n'a pas empêché le gouvernement de mettre en œuvre une politique très rigide, à l'égard, notamment, des réfugiés : ainsi, János Áder ne s'est-il pas opposé à la convocation d'un référendum portant sur les quotas de migrants a priori imposés par l'Union européenne, au mois d'[6],[7], même si ce scrutin consultatif a suscité les réprimandes de l'opposition et la réaction plus ou moins mitigée d'un certain nombre de juristes qui en contestaient la légitimité.

Si l'opposition n'a pas fait montre de confiance envers János Áder tout au long de son quinquennat, le considérant comme une « marionnette » à la solde du Premier ministre, l'opinion publique se montre, pour sa part, globalement favorable à une éventuelle réélection du chef de l'État sortant, qui jouit d'une certaine popularité au même titre que ses prédécesseurs : un sondage réalisé par l'institut Nézőpont à quelques semaines du scrutin indique que 63 % des personnes interrogées se prononcent en faveur de la reconduction du mandat du président sortant, contre 27 % répondant le contraire[8].

Collège électoral

Une réforme électorale, approuvée avant les dernières élections législatives, a rétréci le nombre de députés de 386 à 199 ; c'est la première fois que le collège électoral pour la désignation du président de la République est aussi réduit depuis 1990. La majorité fixe de ce collège électorale est, par conséquent, fixée à 100 voix.

Il suffit, pour un candidat, de recueillir la majorité des deux tiers des députés pour être président de la République. Si aucun candidat n'est élu; un deuxième tour est alors convoqué, auquel seuls les deux candidats arrivés en tête au premier tour peuvent postuler. Le candidat qui remporte le plus de voix l'emporte.

La majorité gouvernementale, forte de 131 sièges sur 199, constitue 65,8 % du collège électoral ; l'opposition, pour sa part, compose le reste de ce collège, c'est-à-dire 33,6 % des voix, tandis qu'un indépendant (0,5 %) siège parmi les électeurs.

Parti politique Électeurs
Fidesz 114
KDNP 17
Majorité 131
MSzP 29
Jobbik 24
LMP 5
DK 4
Együtt 3
PM 1
MLP 1
Opposition 67
Indépendants 1
Total 199

Campagne

Plusieurs mois avant l'élection, plusieurs noms sont évoqués pour la succession de János Áder à la présidence de la République : parmi eux, celui du ministre des Ressources humaines, Zoltán Balog, du président de l'Assemblée nationale, László Kövér et du physicien et ancien ministre József Pálinkás. Pour sa part, le chef du gouvernement, Viktor Orbán, a déclaré qu'il ne voyait pas l'intérêt, pour lui, de concourir à l'élection présidentielle[9].

Au mois de , l'entourage du Premier ministre confie à la presse que le président sortant János Áder devrait probablement être proposé comme candidat par la coalition gouvernementale ; c'est la première fois, depuis 1995 et la réélection d'Árpád Göncz, qu'un président sortant solliciterait un second mandat auprès de l'Assemblée nationale. Le Fidesz et son allié détenant 133 des 199 sièges de l'Assemblée nationale, la réélection du président Áder paraît inéluctable, dès que celui-ci est effectivement désigné candidat par la majorité parlementaire, le [10].

Au mois de , l'opposition de gauche, composée par le MSZP, le PM et la DK, désigne le juriste et universitaire László Majtényi, membre de l'Académie hongroise des sciences, comme candidat à l'élection présidentielle ; sa candidature est soutenue par plusieurs associations de défense des droits civiques[11].

Résultats

Candidat Parti 1er tour 2d tour
Voix % des
inscrits
% des
votants
Voix % des
inscrits
% des
votants
János Áder Indépendant
Soutenu par le Fidesz et le KDNP
131 65,8 74,8 131 65,8 77,0
László Majtényi Indépendant
Soutenu par le MSzP, le PM et la DK
44 22,1 25,1 39 19,5 22,9
Abstentions 24 12,0 29 14,5
Total 175 87,9 170 85,2
Collège électoral 199 100 199 100

Analyse

Réélu à l'issue du second tour avec 131 voix sur 170 suffrages exprimés, János Áder demeure président de la République pour cinq années supplémentaires ; son premier mandat ayant débuté le , c'est le que commencera ce nouveau quinquennat. La réélection d'Áder est, en soi, un fait historique puisque c'est la première fois, depuis la réélection d'Árpád Göncz, qu'un chef d'État hongrois est démocratiquement réélu. À un peu plus d'un an des prochaines élections législatives, c'est une nouvelle victoire pour Viktor Orbán, qui a su imposer sans la moindre difficulté son candidat, comme lors des deux précédents scrutins présidentiels, en 2010 et en 2012.

L'opposition, de son côté, n'a pas pu imposer son propre candidat, László Majtényi, qui n'a recueilli que 39 voix. Cet échec est essentiellement du à la composition de l'Assemblée nationale, largement favorable à la cause du Premier ministre et de son allié conservateur.

Références

Voir aussi

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