Élection à la direction du Parti travailliste britannique de 2016

L’élection de 2016 à la direction du Parti travailliste britannique a lieu du au à la suite de la contestation du chef du Parti travailliste Jeremy Corbyn par Angela Eagle.

Élection à la direction du Parti travailliste de 2016
Du au
Corps électoral et résultats
Votants 506 438
77,6%
Jeremy Corbyn Parti travailliste
Voix 313 209
61,8%
 2,3
Owen Smith Parti travailliste
Voix 193 229
38,2%
Chef du Parti travailliste
Leader contesté Élu
Jeremy Corbyn Jeremy Corbyn

Jeremy Corbyn, représentant de l'aile gauche du parti, a été élu chef en 2015 mais sa position est contestée par une partie des membres du parlement travaillistes, notamment après le référendum sur l'appartenance du Royaume-Uni à l'Union européenne du . Malgré la démission de la majorité des membres du cabinet fantôme et un vote de défiance des députés, Corbyn refuse de démissionner ce qui pousse les députés Angela Eagle et Owen Smith à lancer une contestation selon les règles internes du Parti travailliste. Après le retrait d'Angela Eagle, seuls restent en course Jeremy Corbyn et Owen Smith.

À l'issue du scrutin, Jeremy Corbyn se maintient à la tête du Parti travailliste en recueillant 62 % des voix.

Contexte

En 2015, après la défaite du Parti travailliste aux élections générales, Ed Miliband démissionne et une élection pour le remplacer est organisée. Alors qu'il a à peine réussi à collecter les soutiens nécessaires auprès des membres du parlement du parti pour déposer sa candidature, Jeremy Corbyn, figure de l'aile gauche du parti, remporte un important succès auprès des adhérents et, notamment, des soutiens affiliés au Parti travailliste. Il est élu chef du Parti travailliste en avec 58,5 % des voix[1].

Corbyn ne reçoit cependant le suffrage que de 15 membres du parlement[1]. Dès lors, la question d'un possible renversement de Corbyn par les membres du parlement travaillistes est posée à plusieurs reprises[2].

Suivant plusieurs mois de préparation, une rébellion est organisée à partir du , au lendemain du référendum sur l'appartenance du Royaume-Uni à l'Union européenne remporté par l'option de la sortie alors que le Parti travailliste préconisait le maintien[3]. Hilary Benn, le secrétaire d'État fantôme aux Affaires étrangères, est renvoyé du cabinet fantôme par Corbyn pour avoir participé aux préparatifs de la rébellion. Alors que de nombreux membre du parlement sont insatisfaits de la campagne référendaire menée par Corbyn et craignent de perdre leur siège si des élections anticipées sont convoquées, la rébellion prend de l'ampleur : en plusieurs jours, la majorité des membres du cabinet fantôme démissionne et une motion de défiance est proposée aux parti parlementaire[3]. Parmi les membres importants du cabinet fantôme non issus de la gauche du parti, seul Andy Burnham refuse de s'associer aux rebelles[3]. Corbyn bénéficie en outre du soutien du mouvement Momentum, issu de sa campagne de 2015, et de certains syndicats.

Le , les membres du parlement travaillistes adoptent à 172 voix pour et 40 contre une motion de défiance envers leur chef. Toutefois, en vertu des règles internes du Parti travailliste, ce vote n'est pas contraignant et Jeremy Corbyn décide de rester en fonction en s'appuyant sur le vote massif reçu auprès des adhérents du parti en 2015[4].

Des discussions s'engagent à partir du entre Corbyn, Tom Watson le chef adjoint du parti et Len McCluskey (en), le chef du syndicat Unite, afin de trouver un compromis[5]. Parallèlement, le Parti travailliste enregistre une hausse importante du nombre de ses adhérents, dépassant les 500 000[6].

Les discussions ne débouchent pas et Corbyn engage les rebelles à déclencher une nouvelle élection à la direction, conformément aux statuts du parti[7].

Le , Angela Eagle lance sa campagne afin de remplacer Jeremy Corbyn en annonçant avoir le nombre nécessaire de soutiens parmi les membres du parlement pour déclencher un scrutin[8]. Owen Smith fait de même le [9]. Ce dernier recueillant plus de soutiens, Angela Eagle annonce finalement son retrait de la course et son soutien à Owen Smith face à Jeremy Corbyn[10].

Procédure

Un membre du parlement qui souhaite contester le chef en place doit recevoir le soutien d'au moins 20 % des membres du parlement et députés européens travaillistes, soit 51[11]. Une élection est alors organisée avant le congrès annuel du parti à l'automne.

Il existe dans les règles du Parti travailliste une incertitude sur le fait de savoir si le chef contesté est automatiquement qualifié pour le scrutin ou s'il doit lui aussi produire des soutiens de membre du parlement. Selon les conseils juridiques obtenus par l'équipe de Jeremy Corbyn, il est automatiquement candidat[11]. Cette interprétation est confirmée par le comité exécutif national du parti le [12].

Par ailleurs, le comité exécutif décide que seuls les adhérents ayant rejoint le parti il y a plus de six mois pourront prendre par au vote, ainsi que les soutiens enregistrés ayant payé une cotisation de 25 £ (contre £ lors du scrutin de 2015)[12].

Depuis 2015, l'élection a lieu selon le principe « un membre, une voix » et peuvent voter les adhérents du Parti travailliste, les adhérents des syndicats affiliés au parti ainsi que les soutiens enregistrés. Ces derniers sont des soutiens du Parti travailliste qui s'enregistrent uniquement pour participer à l'élection du chef : lors du scrutin de 2015, les frais étaient fixés à £ mais cette somme est fixée par le comité exécutif national du parti à chaque scrutin[11].

Le scrutin aurait eu lieu selon le système du vote alternatif s'il y avait eu plus de deux candidats. Avec seulement deux candidats en lice, les votants étaient simplement appelés à choisir l'un des deux.

Candidats

Nom Poste le plus récent Déclaration de candidature
Corbyn, JeremyJeremy Corbyn Leader contesté
Smith, OwenOwen Smith [9]

Résultats

Résultats définitifs[13]
Candidat Adhérents du parti Soutiens enregistrés Soutiens affiliés Total
Voix  % Voix  % Voix  % Voix  %
Jeremy Corbyn 168 216 59,0 84 918 69,9 60 075 60,2 313 209 61,8
Owen Smith 116 960 41,0 36 599 30,1 39 670 39,8 193 229 38,2

Références

  1. (en) « Labour leadership: Jeremy Corbyn elected with huge mandate », The Guardian, (lire en ligne).
  2. (en) « Jeremy Corbyn Will Face A Coup ‘On Day One,’ Says Labour MP Simon Danczuk », The Huffington Post UK, (lire en ligne).
  3. (en) « Labour crisis: how the coup against Jeremy Corbyn gathered pace », sur The Guardian, .
  4. (en) « Jeremy Corbyn loses 'no confidence' vote among Labour MPs by 172 to 40 », sur The Independent, .
  5. (en) « Tom Watson and Jeremy Corbyn meet Unite boss », BBC News, (lire en ligne).
  6. (en) Heather Stewart, « Jeremy Corbyn stands defiant after Labour membership surge », The Guardian, (lire en ligne, consulté le ).
  7. (en) Tom Marshall, « Jeremy Corbyn issues challenge to Labour rebels to face him in leadership contest », Standard.co.uk, (consulté le ).
  8. (en) « Angela Eagle says 'I’m here to win' at launch of Labour leadership bid », sur The Guardian, .
  9. (en) « Owen Smith to challenge Corbyn for Labour leadership », sur The Guardian, .
  10. « « Brexit » : Angela Eagle retire sa candidature à la direction du Parti travailliste », Le Monde.fr, (ISSN 1950-6244, lire en ligne, consulté le ).
  11. (en) « Labour leadership contest: what are the rules? », sur The Guardian, .
  12. (en) « Labour executive rules Jeremy Corbyn must be on leadership ballot », sur The Guardian, .
  13. (en) « Corbyn re-elected as Labour leader with bigger landslide than last year », sur LabourList (consulté le ).

Voir aussi

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