Église grecque-catholique russe

L'Église grecque-catholique russe (également appelée Église gréco-catholique russe) est une des Églises catholiques orientales rassemblant les catholiques russes de rite byzantin, en Russie et dans la diaspora russe.

Église grecque-catholique russe
Nom local Русская Греко-Кафолическая Церковь / Российская Католическая Церковь Славяно-Византийского обряда
Union à Rome 1908
Primat actuel vacant
Territoire primaire Russie
Extension territoriale (diaspora russe)
Rite byzantin
Langue(s) liturgique(s) slavon
Église Sant'Antonio Abate, « Russicum » à Rome

Histoire

Lorsque le christianisme s'est implanté en Russie en 988, la nouvelle Église russe, tout en suivant la tradition byzantine reçue de Constantinople, était en pleine communion avec le Saint-Siège (de Rome). Les événements de 1054 n'ont pas provoqué de rupture immédiate formelle entre le Siège de Rome et l'Église russe, et les contacts entre Rome et la Russie continuèrent. L'Église russe était représentée au concile de Florence en 1439 par le métropolite Isidore de Kiev et plusieurs autres membres du haut clergé russe. Les évêques de Russie signèrent l'Acte d'Union à l'issue du concile et proclamèrent l'union des Églises, acte qui a été chaleureusement reçu par leurs peuples, sur leurs différents territoires pendant leur trajet de retour en Russie[1].

Le Métropolite Isidore et sa suite arrivèrent à Moscou le  ; ayant célébré ce même jour la Divine Liturgie dans l'église de l'Ascension, il promulgua l'Union devant le tsar Basile II et sa cour. Quatre jours plus tard, Basile II, motivé par des considérations xénophobes et nationalistes, craignant de perdre le contrôle de l'Église et désireux d'exclure les influences étrangères de son domaine, fit arrêter le Métropolite Isidore. Toutefois, Isidore réussit à s'enfuir et regagner l'Ouest, apparemment avec la complicité du tsar Basile lui-même[1].

Pendant les siècles qui suivirent, on note l'existence en Russie de "Starokatoliki" ("anciens catholiques") : principalement des anciens partisans d'Isidore de Kiev auxquels s'adjoignent progressivement des descendants des grecs-catholiques de Pologne & d'Ukraine dispersés en Russie, au fur et à mesure de l'expansion du territoire russe vers l'Ouest. Dépourvu de hiérarchie, ces petites communautés maintinrent dans le cadre familial l'attachement au Pape tout en pratiquant l'orthodoxie russe. Elles furent le terreau qui permirent aux idées de Vladimir Soloviev de s'épanouir.

C'est en effet le philosophe Vladimir Soloviev (1853-1900) qui lance en Russie un débat actif autour des questions de l'universalité de l'Église et de son unité, débat qui suscite l'intérêt de différents cercles d'intellectuels.

Selon le raisonnement de Soloviev, l'Église orthodoxe russe n'est séparée du Saint-Siège que de facto : il n'y a pas eu formelle excommunication directe entre les sièges de Rome et Moscou, de sorte que l'on peut professer la totalité de la doctrine catholique et être en communion avec le Saint-Siège, tout en continuant d'être orthodoxe russe.

La pensée de Soloviev a eu un impact profond sur plusieurs générations de la société russe et a inspiré ultérieurement de nombreux penseurs russes tels que le R.P. Sergueï Boulgakov, le R.P. Paul Florensky, le R.P. Georges Florovsky, Nicolas Berdiaev, L. Karsavin, le poète Viatcheslav Ivanov, et même le R.P. Alexander Men, entre autres.

En 1893, le Révérend Père Nicolas Tolstoï, prêtre orthodoxe russe, fut reçu dans la communion avec le Siège de Rome et a été incardiné dans l'Eglise catholique melkite, il fut le premier prêtre catholique byzantin russe. Retourné à Moscou, une petite communauté commença à se former autour de lui. Le , ce fut lui qui reçut Soloviev dans la communion avec le Saint-Siège en tant que catholique russe byzantin.

Ce catholicisme russe embryonnaire commença à se former dans des cercles intellectuels de Saint-Pétersbourg et Moscou, intéressant un certain nombre d'aristocrates aussi bien que des membres du clergé orthodoxe de Russie, ainsi que quelques prêtres & fidèles Vieux-croyants. Ces groupes prirent la décision d'entrer en communion avec le Siège de Rome et de constituer des communautés plus formelles, sous la protection morale du Prince Pierre Volkonsky & de la Princesse Elisabeth Volkonsky, et de Natalia Ouchakova, lesquels pouvaient user de relations influentes avec les autorités. A Saint-Pétersbourg, un appartement fut loué au 12 de la rue Polozovaia et transformé en chapelle ; les premiers prêtres de la communauté de Saint-Pétersbourg, les R.P. Ivan Deubner, Alexandre Zerchaninov, et Eustachios Susalev (ce dernier était un prêtre vieux-croyant reçu dans la communion avec Rome) commencèrent à organiser périodiquement des offices. Les divines liturgies y furent célébrées soit selon la forme synodale soit selon l'ancien rituel vieux-croyant, selon le prêtre officiant. A Moscou, la communauté du Révérend Père Tolstoy s'est organisée autour de la famille de Vladimir et Anna Abrikossov (Mère Catherine) et une chapelle a été mise en place dans leur maison.

Le catholicisme de rite byzantin demeura toutefois formellement interdit dans l'empire russe jusqu'en 1905 (Édit de tolérance religieuse de Nicolas II). Ce ne fut qu'après cette date que quelques communautés purent se former officiellement.

Le , le R.P. Zerchaninov a été nommé administrateur de la Mission pour les catholiques de Russie. Le décret de la Secrétairerie d'État du Vatican qui le nomme précisait : "C'est pourquoi Sa Sainteté commande au prêtre Zerchaninov sus-nommé de respecter les lois du rite grec-slave fidèlement et dans toute leur intégrité, sans aucun mélange de rite latin ou de tout autre rite, il doit aussi veiller à ce que ses sujets, le clergé et tous les autres catholiques, fassent de même."[1]

Le premier exarchat apostolique pour les Russes catholiques dirigé par Léonide Féodoroff, fut créé le par le Métropolite Andrey Sheptytsky en présence de sept prêtres en l'église Sainte-Catherine de Saint-Pétersbourg.

Les troubles consécutifs à la révolution bolchevique annihilèrent les communautés. En 1928, un second exarchat apostolique fut mis en place pour les Russes catholiques de Chine, basé à Harbin (les deux exarchats existent toujours mais sont actuellement inoccupés). Il fut dirigé successivement par les PP. Fabian Abrantovitch (mort en prison à Moscou) et André Cikoto (mort au goulag). Un Français, le P. Paul Chaleil y servit.

En 1927, est créé à Rome le « Russicum », collège pontifical pour la formation du clergé russe de rite byzantin situé dans les bâtiments de l'église Sant'Antonio Abate.

Le , le pape Jean-Paul II a nommé l'évêque (latin) de Novossibirsk MgrJoseph Werth en tant qu'évêque ordinaire pour les catholiques de rite byzantin en Russie.

Liturgie

L’Église catholique russe suit le rite byzantin russe et le calendrier julien. Le Filioque n'est pas ajouté dans le symbole de Nicée-Constantinople qui est récité dans sa version originale. La liturgie est célébrée en slavon ou dans les différentes langues vernaculaires des pays où se trouvent les paroisses.

Situation actuelle

Russie

En 2005, une douzaine de prêtres sont constamment ou temporairement en activité en Russie : la moitié suivant le rite byzantin ukrainien, l'autre moitié suivant le rite byzantin russe (l'ancien rite vieux-croyant pour l'un d'entre eux).

Diaspora

Composée des paroisses catholiques de tradition russe (mais non strictement russe, car la plupart des paroissiens sont d'origines diverses), l'église fait face à des difficultés de survie.

Il y a quatre paroisses aux États-Unis, une à Melbourne en Australie et deux en France à Paris et à Lyon, deux en Allemagne à Datteln et Munich, deux en Italie à Rome et près de Milan, deux en Lettonie, plusieurs aux Pays-Bas, deux en Argentine, une au Brésil et une en Belgique à Bruxelles.

Plusieurs centres ont fermé leurs portes ces 20 dernières années (à Meudon, Berlin, Montréal et à Bruxelles)

Relations avec les autres Églises

L'Église orthodoxe russe est hostile au développement du catholicisme en Russie en général, et au catholicisme de rite byzantin en particulier qui y voit une agression et une provocation. Ce « problème » empêche la reconnaissance pleine et entière, et le soutien de l'Église grecque-catholique russe par l'Église catholique de rite latin, laquelle veut maintenir et développer de bonnes relations avec le Patriarcat de Moscou. En revanche, l'Église grecque-catholique ukrainienne entretient des relations de proximité avec les ordinaires latins de la Fédération de Russie où certaines paroisses sont biritualistes, comme la paroisse Saint-Jean-Chrysostome de Novokouznetsk.

Notes et références

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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