Église Saint-Martin d'Octeville

L'église Saint-Martin est une église catholique de style roman du XIIe siècle, qui se dresse sur la commune déléguée de Cherbourg-Octeville au sein de la commune nouvelle de Cherbourg-en-Cotentin, dans le département de la Manche, en région Normandie.

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L'église fait l'objet d'une inscription partielle au titre des monuments historiques par arrêté du . Seuls le clocher, le chœur et l'abside sont protégés[1].

Localisation

L'église est située dans le centre d'Octeville, commune intégrée à Cherbourg-Octeville en 2000 puis à Cherbourg-en-Cotentin en 2016, dans le département français de la Manche.

Historique

Dans un acte ducal de Guillaume, daté entre 1056 et 1066[2], la possession des églises d'Octeville, Tourlaville, Équeurdreville est confirmée à l'évêque de Coutances. Nous trouvons ensuite l'église mentionnée dans un acte de 1160[2], dans lequel l'impératrice Mathilde l'Emperesse en fait donation à l'abbaye Notre-Dame du Vœu. Cette dernière l'avait acquise de Roger de Magneville, seigneur d'Ollonde, quelques années plus tôt, avec tout ce que ce seigneur possédait à Octeville[note 1].

En 1205[2], Les chanoines de l'abbaye du Vœu obtinrent le droit de desservir eux-mêmes l'église, dénotant l'importance de la paroisse à cette époque.

Description

La date de construction de l'église est controversée. Attribuée d'abord à l'abbaye Notre-Dame du Vœu, Maylis Baylé, au vu du décor et des bases des colonnes la date entre 1120 et 1140, soit avant la donation à l'abbaye. Pour Julien Deshayes, le commanditaire serait un membre de la famille de Magneville, peut-être Étienne de Magneville.

L'église du XIIe siècle de style roman appartient à l'école de Lessay et peut être rapprochée de celle de Tollevast, Magneville, Martinvast, etc. Elle a probablement fait suite à une église pré-romane.

Le chevet, épaulée de contreforts plats et dont la corniche comporte une série de modillons sculptées, se compose de deux travées droites voûtées sur d'épaisses croisées d'ogives et d'une abside semi-circulaire percée d'une étroite ouverture. La première de ces travées, celle qui s'ouvre sur la nef supporte le clocher. Elle arbore un arc triomphal surbaissé, décoré d'une frette crénelée, et au-dessus d'un grand Christ en croix du début du XVIIIe siècle, en bois polychromé, provenant probablement de la perque, qu'encadrent deux statues naïves, saint Martin et saint Laurent.

La nef rectangulaire est couverte d'une charpente. Elle est flanquée au nord et au sud par deux petites chapelles formant transept. La chapelle sud est dédié à la Vierge, celle du nord à saint Sébastien. Une pierre tombale est fixée sur le mur de la chapelle sud. Chacune des deux chapelles comprend un autel du début du XIXe siècle, que le curé Pierre Legras a restauré entre 1840 et 1864.

Le clocher, du XIIe siècle, présente la particularité assez rare d'avoir une section de forme octogonale insérée entre deux sections de forme carrée, le tout surélevé et coiffé au XVIe siècle[4] par un toit en bâtière. À l'origine il devait être coiffé en pyramide, comme à l'église de Tamerville. Chacune des faces de la partie hexagonale sont percées d'une étroite fenêtre rectangulaire encadrée par deux colonnes à chapiteau et base, sous un arc décoré. La partie haute du clocher est soutenu à chacun de ses angles par une trompe concave à la décoration romane avec notamment des petites têtes grotesques logées au creux des trompes.

Le chœur du XIIe siècle, qui était entièrement peint[note 2], a été remanié aux XVIIIe et XIXe siècles[4]. Les chapiteaux sculptées présentent différents décors, aussi bien sur les corbeilles (visages saillant, couple d'oiseaux) que sur les tailloirs (feuillages déployés ou recourbés), bien que quelques uns aient été bûchés à la Révolution. Les clefs de voûtes décorées d'anneaux moulurés sont percées en leurs centres. Ce sont les anciens trous de fixation des luminaires.

En 1818, Charles de Gerville notait, « le chœur qui était un morceau curieux d'architecture romane très écrasée, a été depuis peu d'années tellement dénaturé sous prétexte de restauration qu'il serait difficile de s'y reconnaître ». Le chœur avait été restauré par François-Armand Fréret.

Mobilier

Un bas-relief d'origine romane daté du XIe siècle représentant la Cène, inséré dans le nouveau maître autel consacrée en 1996[5], et qui se trouvait au-dessus de la porte de la sacristie jusqu’à cette date, est classé à titre d'objet aux Monuments historiques depuis le [6].

Deux statues du début du XIXe siècle, en bois, attribuées au sculpteur Armand Fréret sont également classées : une Vierge à l'Enfant intégrée à l'autel latéral sud[7] et un saint Sébastien à l'autel latéral nord[8].

Notes et références

Notes

  1. Selon André Davy, Mathilde, bienfaitrice de l'abbaye du Vœu, acheta vers 1140 les terres que possédait Roger de Magneville sur Octeville, et c'est elle qui contribua à la construction de l'église, qui date de cette époque[3].
  2. Il subsiste des traces de peinture rouge et bleue sur les nervures des voûtes. Les tailloirs étaient également peint.

Références

  1. « Église », notice no PA00110528, base Mérimée, ministère français de la Culture.
  2. Bavay 2012, p. 29.
  3. André Davy, Les barons du Cotentin, Condé-sur-Noireau, Éditions Eurocibles, coll. « Inédits et introuvables du patrimoine Normand », , 319 p. (ISBN 978-2-91454-196-1), p. 113.
  4. Norbert Girard et Maurice Lecœur, Trésors du Cotentin : Architecture civile & art religieux, Mayenne, Éditions Isoète, , 296 p. (ISBN 978-2-9139-2038-5), p. 46.
  5. Bavay 2012, p. 33.
  6. « Bas-relief : la Cène », notice no PM50000785, base Palissy, ministère français de la Culture.
  7. « Statue : Vierge à l'Enfant », notice no PM50000786, base Palissy, ministère français de la Culture.
  8. « Statue : Saint Sébastien », notice no PM50000790, base Palissy, ministère français de la Culture.

Voir aussi

Bibliographie

  • Jeannine Bavay, « L'église Saint-Martin d'Octeville », Vikland, la revue du Cotentin, no 3, octobre-novembre-décembre 2012, p. 29-35 (ISSN 0224-7992).

Articles connexes

Liens externes

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