Écran à main

L’écran à main, ou écran de visage ou écran à feu, est un accessoire domestique permettant à celui ou à celle qui se tient près d'une cheminée de se protéger le visage de l'ardeur du feu. Il est ainsi une sorte de complément portatif de l'écran de cheminée, meuble posé devant le foyer.

L'Ac[c]ouchée (détail), gravure d'après Étienne Jeaurat, 1744 : le personnage féminin de droite tient un écran à main.
Les Agréables divertissements de la cour, écran rond à main attribué à François Chauveau, c. 1640, BnF, Ed. 44 rés. t. 3, p. 152

Usage

Son usage se développe en Europe en parallèle de l'éventail dont il est une variante. Constitué de matériaux naturels comme la paille tressée, sa fabrication devient particulièrement importante en France dès le xviie siècle car il s'avère beaucoup plus maniable que l'écran de cheminée traditionnel. Sa forme est ronde, la plupart du temps, et l'écran, où plusieurs cartouches lui sont associés, tourne sur un axe pour faire défiler texte et images[1]. Des dessinateurs, des graveurs, aussi célèbres que Abraham Bosse, Jean Le Pautre ou François Chauveau[2], des éditeurs et des marchands d'estampes contribuent à son succès par la qualité des ornements qu'ils proposent[3]. Au xviiie siècle, il perd son principe de rotation sur un axe ; il est composé d'une plaque de carton cloué sur un manche ; il se pare de sujets gouachés ou de gravures. Certains éditeurs se distinguent comme Petit, à l'Image notre-Dame, rue du Petit-Pont à Paris, qui produit quantité d'écrans à main dans la seconde moitié du XVIIIe siècle. Mais aussi les éditeurs Lattré, Desnos ou Gabriel Huquier.

Iconographie

L'iconographie est vaste, avec notamment des sujets de la fable, de géographie ou d'histoire mais aussi des sujets empruntés au théâtre et en particulier à l'opéra-comique.

Cette très riche thématique illustre les liens entre écrans à main et éducation puisque ces objets pouvaient servir de supports d'enseignement. Madame de Genlis évoque ainsi dans ses mémoires l'utilité des écrans à main dans l'éducation des jeunes enfants. Les informations qu'ils diffusaient servaient à lancer une conservation. Les extraits de pièce de théâtre ou les refrains à la mode comme les ariettes offraient également un divertissement apprécié.

Des écrans existaient aussi en cuir, ou en soie ;d'autres étaient éphémères, comme l'éventail distribué à l'entrée du Teatre de la Naturalesa, lors de la représentation de la pièce La Viola d'or d'Enric Morera, le .

Notes et références

  1. Cornuaille, « Histoire du meunier à l'anneau ».
  2. Philippe Cornuaille, « L'histoire d'Antoine et de Cléopâtre sur deux écrans à feu inédits du XVIIe siècle », dans Sydney Hervé Aufrère et Anaïs Michel (éditeurs), Cléopâtre en abyme, aux frontières de la mythistoire et de la littérature (actes de la journée d'étude Cléopâtre : personnage historique, personnage littéraire, Aix-en-Provence, 7 juin 2014), Paris, L’Harmattan, coll. « Kubaba », .
  3. Philippe Cornuaille, L’Écran de feu à main au XVIIe siècle (Mémoire de Master 2 en Histoire de l'art (2 volumes)), Paris, Université Paris 4, , 227 et 170 p.

Bibliographie

  • Philippe Cornuaille, « L'écran rond de feu à main du XVIIe siècle », Bulletin du Vieux Papier, fasc. 416, , p. 443-453 et fasc. 417, , p. 516-524.
  • Philippe Cornuaille, « Histoire du meunier à l'anneau », Nouvelles de l'estampe, no 250, , p. 22-39.
  • Philippe Cornuaille et Pascale Cugy, « Le triomphe du libraire ambulant, entre estampes et écrans », Nouvelles de l'estampe, no 252, , p. 68-91.
  • Daniel Crépin, « Les vues de l'abbaye de Port-Royal des Champs gravées par Madeleine Hortemels », Bulletin du Vieux Papier, fasc. 383, , p. 2-13.
  • Daniel Crépin, « Une promenade au Palais-Royal à la fin du règne de Louis XVI », Versalia, no 11, , p. 41-53.
  • Daniel Crépin et Georgina Letourmy-Bordier, « L'écran à main à Paris au XVIIIe siècle. Son iconographie et ses artisans », Bulletin du Vieux Papier, 10 articles, fasc. 403 à 412, de à .
  • Georgina Letourmy, « The porcelain Trianon in the park of Versailles », Bulletin du Fan Circle International, hiver 2002.
  • Alberto Milano, « Prints for fans », Print Quarterly, vol. IV, no 1, .
  • Alberto Milano, « De Brueghel et Callot aux écrans à main : les ventole italiennes », L'image ne meurt jamais ?, rencontres du musée de l'Image, Epinal, 2013.
  • Corinne Pré, « L'opéra-comique, littérature populaire », Bulletin du Vieux Papier, fasc. 413, .
  • Nathalie Rizzoni, « Écrans à main pour célébrer la naissance du Dauphin (1781) » in Marie-Antoinette, femme réelle, femme mythique, éd. Bibliothèque municipale de Versailles et Magellan, 2006.
  • Nathalie Rizzoni, De la scène à l'écran au XVIIIe siècle, Les Petits comédiens de Charles-François Pannard, actes du colloque, Iconographie théâtrale et genre dramatique, Université de la Sorbonne nouvelle, 2008.
  • Nathalie Rizzoni, « Quand les arts décoratifs s’invitent au Parnasse : le rhizome de Fanfan et Colas, de l’abbé Aubert à Voltaire », dans Luc Fraisse (éditeur), Séries et variations. Études littéraires offertes à Sylvain Menant, Paris, Presses de l'université Paris-Sorbonne, (ISBN 978-2-8405-0727-7), p. 617-632.
  • Nathalie Rizzoni, « Grands succès sur petits écrans au XVIIIe siècle : Les Deux chasseurs et la laitière d’Anseaume et Duni (d’après La Fontaine) », dans Gérard Ferreyrolles et Laurent Versini (direction), Le livre du monde, le monde des livres: mélanges en l'honneur de François Moureau, Presses de l'Université Paris-Sorbonne, , 1167 p. (ISBN 978-2-84050-877-9, SUDOC 165641304), p. 353-396.
  • Nathalie Rizzoni, « Les écrans à main et l'éventail de Blaise et Babet (1783) », Actes du colloque CESAR/Clark Art Institute, Williamstown, Mass., sur www.collectiana.org, Fondation Collectiana, .
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