Éamon de Valera

Éamon de Valera[1] (prononcé en anglais : /ˈeɪmən dɛ vəˈlɛəɹə/ ; en irlandais : /ˈeːmˠəˠ dʲɛ ˈvˠalʲəɾʲə/ ; né George de Valera le à New York – mort le à Dublin) est un homme d'État irlandais, considéré comme le père de la nation libre d'Irlande. Il a participé à l'Insurrection de Pâques 1916 à Dublin. Il fut le troisième président de l'Irlande du au .

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Éamon de Valera
Fonctions
Président de l'Irlande

(13 ans, 11 mois et 30 jours)
Élection
Réélection
Premier ministre Seán Lemass
Jack Lynch
Liam Cosgrave
Prédécesseur Seán T. O'Kelly
Successeur Erskine Childers
Président de la République irlandaise

(5 mois)
Successeur Arthur Griffith
Président du Conseil exécutif irlandais

(5 ans, 9 mois et 20 jours)
Prédécesseur William T. Cosgrave
Successeur Lui-même (Taoiseach)
Chef du gouvernement irlandais
(Taoiseach)

(10 ans, 1 mois et 20 jours)
Prédécesseur Lui-même (président du Conseil exécutif)
Successeur John A. Costello

(2 ans, 11 mois et 20 jours)
Prédécesseur John A. Costello
Successeur John A. Costello

(2 ans, 3 mois et 3 jours)
Prédécesseur John A. Costello
Successeur Seán Lemass
Biographie
Nom de naissance George de Valera
Date de naissance
Lieu de naissance New York (États-Unis)
Date de décès
Lieu de décès Dublin (Irlande)
Nationalité américaine
irlandaise
Parti politique Fianna Fáil
Père Juan Vivion de Valera
Mère Catherine Coll
Conjoint Sinéad Ní Fhlannagáin (1878-1975)
Enfants Vivion, Máirín, Éamon, Brian, Rúaidhrí, Emer, Terence
Profession enseignant de mathématiques
Religion catholicisme
Résidence Áras an Uachtaráin (Dublin)


Présidents d'Irlande
Chefs du gouvernement irlandais

Reconnu pour sa lutte décisive pour l'indépendance de l'Irlande vis-à-vis du Royaume-Uni au début du XXe siècle et comme le chef de l'opposition républicaine à la suite de la guerre civile irlandaise, admiré et détesté d'une manière équivalente, de Valera est considéré comme l'Irlandais le plus influent du XXe siècle.

Chef des nationalistes irlandais

Fils d'un artiste espagnol né en 1853 au pays Basque[2],[3], Juan Vivión de Valera, et d'une mère irlandaise, Catherine Coll, originaire de Bruree dans le comté de Limerick, tous deux immigrés aux États-Unis, le jeune George, alors âgé de 2 ans, est envoyé en Irlande chez ses grands-parents maternels, des paysans pauvres, après la mort de son père.

Devenu professeur de mathématiques, il joue au rugby et cultive l'amour de la langue irlandaise (le gaélique). Il fut l'un des chefs de l'insurrection de Pâques 1916 ; sa nationalité américaine lui permet d'échapper à l'exécution et se retrouve déporté dans les prisons de Dartmoor, Maidstone et Lewes en G.B.

Libéré en 1917, il est de nouveau emprisonné en .

Fin 1918, il est élu comme l'un des 73 députés du Sinn Féin dont beaucoup étaient prisonniers. Ces députés, représentant plus de 70 % des députés irlandais, décident de se proclamer en janvier 1919 membres du Parlement irlandais, le Dáil Éireann, lequel élit comme président du parlement Cathal Brugha. Avec l'aide de son compagnon d'armes Michael Collins, De Valera s'évade en de sa prison de Lincoln, et est élu en avril nouveau président du Dáil.

Il tente de faire reconnaître sa légitimité et celle du Dáil en voyageant hors du pays et en particulier aux États-Unis de juin à avec des résultats mitigés. Il rencontre 50 000 personnes au Fenway Park à Boston[4]. C'est aussi durant ce voyage qu'il rencontre et recrute Kathleen O'Connell qui sera sa secrétaire personnelle jusqu'en 1954.

Début 1919, et plus encore à compter de l'été, les violences politiques se développent. C'est le début de la guerre d'indépendance irlandaise.

Le Dáil Éireann est déclaré illégal par le gouvernement britannique en .

En , De Valera accepte un cessez-le-feu avec les Britanniques et désigne un groupe de négociateurs. En , il fait modifier la Constitution pour se faire nommer président de la République irlandaise.

Opposant au traité de partition

La guerre se termine par la signature et la ratification du traité anglo-irlandais par le Parlement et par référendum. Il consacre la partition de l'Irlande, l'abandon de la république au profit d'une monarchie (dont le chef d'État, dépourvu de pouvoir, est le souverain britannique) et une prestation de serment de fidélité des députés du Dáil à la couronne britannique.

De Valera rompt alors avec ses anciens compagnons de lutte Michael Collins et Arthur Griffith qui ont négocié ce traité et formé l'État libre d'Irlande. Il déclare à cette occasion qu'il est « prêt à marcher dans leur sang ».

La guerre civile irlandaise commence par des escarmouches à Dublin. Le gouvernement de l'État libre est alors sommé par Churchill de réagir sous peine d'une invasion britannique. La guerre est gagnée par les pro-traité, équipés par les Britanniques, et de Valera est renvoyé en prison en 1923. Il y reste jusqu'en 1924.

En 1926, il défend devant la direction de Sinn Féin la renonciation à la lutte armée et la participation des républicains aux élections[5], alors que son parti penche majoritairement pour l'abstention. Mis en minorité, il fait scission avec ses partisans et fonde le Fianna Fáil. En 1927, le Fianna Fáil perd de justesse les élections.

Chef du gouvernement puis président de l'Irlande

En , après la victoire de son parti aux élections législatives, de Valera est élu président du Conseil exécutif puis chef du gouvernement (Taoiseach) en 1937. Il est à la tête de six gouvernements, jusqu'en .

Lors de son premier mandat (1932-1937), il remet en cause la majorité des clauses du traité de 1921 : disparition du serment prêté à la Couronne, refus du remboursement des terres redistribuées à la suite de la réforme agraire menée par les Britanniques dans les années 1890-1900 et, en 1936, suppression du statut de chef d'État pour le souverain britannique, remplacé par un président. La division de l'Irlande ne peut cependant pas être remise en cause et les dernières bases navales britanniques sur les côtes irlandaises ne seront restituées que dans les années 1940. Ces remises en cause provoqueront une crise de plusieurs années, ainsi que des conflits douaniers, avant que le Royaume-Uni n'accepte finalement ces évolutions.

En 1937, il soumet le projet de constitution républicaine. En 1938, il est élu à la présidence de l'Assemblée générale de la Société des Nations[6]. Il parvient à tenir l'Irlande à l'écart de la Seconde Guerre mondiale.

En avril 1945, à la mort d'Adolf Hitler, il présente ses condoléances à Eduard Hempel (en)[7], ambassadeur d'Allemagne à Dublin, comme le fait également Douglas Hyde, alors président de l'Irlande[8],[9].

Il dirige à nouveau le gouvernement de à . En , il conduit son parti à la victoire, ce qui lui permet de revenir au pouvoir. En 1959, il est élu président d'Irlande contre le général Seán Mac Eoin, candidat du Fine Gael. En 1966, il gagne de nouveau contre le candidat du Fine Gael, cette fois-ci Tom O'Higgins (en). Il est alors presque aveugle[5]. Il se retire finalement du pouvoir en , avant de mourir deux ans plus tard à Dublin.

De Valera, qui était un catholique fervent, a été récompensé pour ses services rendus à l'Église en étant nommé membre de l'ordre du Christ par Jean XXIII.

Notes et références

  1. Né George de Valera et ayant d'abord changé son nom en Edward de Valera.
  2. Ronan Fanning, A Will To Power : Eamon De Valera, Harvard University Press, , 328 p. (ISBN 978-0-674-97055-7, lire en ligne), p. 3
    « De Valera was born on 14 October 1882 in the Nursery and Child's Hospital, Lexington Avenue, Manhattan, New York; the only child of Juan Vivion de Valera and Catherine ('Kate') Coll [..] Vivion de Valera had been born in 1853 in Spain's Basque Country »
  3. Certaines biographies affirment que son père était un immigré cubain d'origine hispanique.
  4. (en-US) « Eamon De Valera pleads Irish cause at Fenway Park - The Boston Globe », sur BostonGlobe.com (consulté le )
  5. Jean Kappel, « L'Irlande d'Éamon de Valera », La Nouvelle Revue d'histoire, n°83 de mars-avril 2016, p. 58.
  6. Éamon de Valera, l'éternel révolutionnaire, Fabien Aufrechter, Le Journal international, 2 octobre 2013.
  7. Cf. David Wingeate Pike, « L'irlande face à l'éventualité d'une invasion hitlérienne. Rapport de la Seekriegsleitung », Guerres mondiales et conflits contemporains, 2008/1 (n° 229), p. 113-120, 10ème paragraphe.
  8. Hyde (and de Valera) offered condolences on Hitler's death, 31 décembre 2005, sur www.independent.ie.
  9. Dermot Keogh, Eamon de Valera and Hitler : an analysis of international reaction to the visit to the German minister, May 1945. Irish Studies in International Affairs, 3:1 (1989), 69-92. (ISSN 0332-1460).

Voir aussi

Bibliographie

  • Antoine Capet, Churchill : Le dictionnaire. Paris : Perrin, 2018 (862 p.), Rubrique "De Valera, Éamon", p. 375-376.
  • Tim P. Coogan: De Valera. Long Fellow, Long Shadow. Arrow Books, Londres 1995, (ISBN 0-09-995860-0)
  • Thomas R. Dwyer: Eamon De Valera. Macmillan, Dublin 1998, (ISBN 0-7171-0964-X)
  • Thomas R. Dwyer: De Valera. The man and the myths. Podbeg Books, Swords 1992, (ISBN 1-85371-121-7)
  • Roland Marx, Eamon De Valera, Beauchesne, 1990

Liens externes

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