Ælfric d'Abingdon

Ælfric d'Abingdon est un prélat anglo-saxon mort le .

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Ælfric
Biographie
Décès
Évêque de l’Église catholique
Archevêque de Cantorbéry
Évêque de Ramsbury
991/993

.html (en) Notice sur www.catholic-hierarchy.org

Cet abbé est nommé évêque de Ramsbury au début des années 990, puis devient archevêque de Cantorbéry en 995. Une tradition tardive lui attribue le remplacement des clercs séculiers du chapitre de Cantorbéry par des moines. Il officie vraisemblablement au mariage du roi Æthelred le Malavisé avec Emma de Normandie en 1002. Considéré comme saint, il est fêté le 16 novembre.

Biographie

Moine et abbé

Fils d'un comte du Kent[1], Ælfric devient moine à l'abbaye d'Abingdon, dans le Berkshire. D'après l'Historia Ecclesie Abbendonensis, il en est devenu l'abbé, mais il ne figure cependant pas dans les listes abbatiales. Une charte semble néanmoins laisser entendre qu'il a bel et bien été abbé d'Abingdon : elle enregistre la donation d'un terrain injustement pris à Abingdon non pas à son abbé, mais à Ælfric personnellement ; ce terrain est censé revenir à l'abbaye après sa mort[2]. Quoi qu'il en soit, il est nommé à la tête de l'abbaye de St Albans vers 975[3].

Évêque et archevêque

Ælfric devient évêque de Ramsbury entre 991 et 993[4]. Il est possible qu'il ait continué à être abbé de St Albans[2], à moins que son frère Léofstan ne lui ait succédé[5]. Quoi qu'il en soit, il est promu archevêque de Cantorbéry en 995, la cérémonie de translation prenant place le [4]. C'est à l'occasion d'un witenagemot organisé à Amesbury que le roi Æthelred le Malavisé et ses conseillers entérinent son transfert[6],[7]. D'après Matthieu Paris, le frère d'Ælfric aurait été choisi pour l'archevêché avant lui mais aurait décliné l'offre, mais il s'agit d'une confusion de la part de ce chroniqueur et les historiens estiment que cet épisode n'a jamais eu lieu[2]. Ælfric reste évêque de Ramsbury jusqu'à sa mort[8].

Le clergé du chapitre de Cantorbéry n'approuve pas la nomination d'Ælfric et envoie deux de ses membres à Rome. Leur but est d'arriver avant Ælfric pour que le pape Grégoire V nomme l'un d'eux archevêque à la place d'Ælfric. Néanmoins, le pape refuse de nommer un candidat qui ne soit pas approuvé par le pouvoir royal[9]. Ainsi, lorsqu'il arrive à son tour à Rome, en 997, Ælfric est investi sans problème par Grégoire V qui lui remet le pallium symbolisant sa charge archiépiscopale[10]. Durant son voyage, il est témoin de miracles sur la tombe d'Édouard le Martyr à l'abbaye de Shaftesbury, ce qui contribue à la réputation de saint de ce roi défunt[11].

Ælfric officie probablement lors du mariage du roi Æthelred avec Emma de Normandie en 1002[12]. Il joue également un rôle de juge au moins en une occasion, lorsque le roi lui ordonne de trancher une querelle entre deux thegns[13]. Il est l'instigateur de la composition de la première hagiographie de Dunstan, l'un de ses prédécesseurs à Cantorbéry[14].

D'après une tradition tardive, postérieure à la conquête normande de l'Angleterre, il aurait remplacé les clercs séculiers de la cathédrale de Cantorbéry par des moines[15], sur ordre du pape. Cette tradition provient des moines historiens de Cantorbéry et sa véracité est incertaine[16]. Une autre tradition tardive lui attribue le sacre de deux évêques gallois, à Llandaff et à St David's. Si elle est véridique, elle témoignerait d'un accroissement substantiel de la juridiction de Cantorbéry vers l'ouest[17].

Il subsiste une lettre adressée à l'évêque de Sherborne Wulfsige qui détaille les devoirs qui incombent aux évêques pour éviter que le clergé ne soit dépouillé par des laïcs. Elle lui recommande également d'intimer un sens accru de la justice aux laïcs, entre autres préceptes moraux. Cette lettre pourrait avoir été écrite par Ælfric, ou bien par son prédécesseur Sigeric[18].

Mort et postérité

Ælfric meurt le [19]. Il est inhumé à l'abbaye d'Abingdon, mais ses restes sont transférés à la cathédrale de Cantorbéry à une date ultérieure. Considéré comme saint, il est fêté le 16 novembre, jour anniversaire de sa mort[20].

Dans son testament, dont une copie subsiste (S 1488), Ælfric lègue des navires aux habitants du Wiltshire et du Kent. Il réserve son meilleur navire, pouvant accueillir un équipage de soixante hommes, au roi Æthelred[2],[21].

Références

  1. Barlow 1979, p. 125.
  2. Mason 2004.
  3. Knowles, London et Brooke 2001, p. 65.
  4. Fryde et al. 1996, p. 220.
  5. Stafford 1989, p. 169.
  6. Williams 2003, p. 20.
  7. Barlow 1979, p. 107.
  8. Williams 2003, p. 36.
  9. Barlow 1979, p. 103.
  10. Ortenberg 1999, p. 49.
  11. O'Brien 2005, p. 52-53.
  12. O'Brien 2005, p. 31.
  13. Barlow 1979, p. 147.
  14. Barlow 1979, p. 62.
  15. Stenton 1971, p. 453.
  16. Knowles 1976, p. 50.
  17. Barlow 1979, p. 232.
  18. Barlow 1979, p. 64.
  19. Fryde et al. 1996, p. 214.
  20. Walsh 2007, p. 12.
  21. Williams 2003, p. 81-82.

Bibliographie

  • (en) Frank Barlow, The English Church 1000–1066 : A History of the Later Anglo-Saxon Church, Longman, , 2e éd., 324 p. (ISBN 0-582-49049-9).
  • (en) E. B. Fryde, D. E. Greenway, S. Porter et I. Roy, Handbook of British Chronology, Cambridge University Press, , 3e éd. (ISBN 0-521-56350-X).
  • (en) David Knowles, The Monastic Order in England : A History of its Development from the Times of St. Dunstan to the Fourth Lateran Council, 940–1216, Cambridge University Press, (ISBN 0-521-05479-6).
  • (en) David Knowles, Vera C. M. London et Christopher Brooke, The Heads of Religious Houses, England and Wales, 940–1216, Cambridge, Cambridge University Press, , 2e éd., 360 p. (ISBN 0-521-80452-3).
  • (en) Emma Mason, « Ælfric (d. 1005) », dans Oxford Dictionary of National Biography, Oxford University Press, (lire en ligne) .
  • (en) Harriet O'Brien, Queen Emma and the Vikings : a history of power, love and greed in eleventh-century England, New York, Bloomsbury, , 264 p. (ISBN 1-58234-596-1).
  • (en) Veronica Ortenberg, « The Anglo-Saxon Church and the Papacy », dans C. H. Lawrence, The English Church and the Papacy in the Middle Ages, Sutton, (ISBN 0-7509-1947-7).
  • (en) Pauline Stafford, Unification and Conquest : A Political and Social History of England in the Tenth and Eleventh Centuries, Edward Arnold, , 232 p. (ISBN 0-7131-6532-4).
  • (en) Frank Stenton, Anglo-Saxon England, Oxford, Clarendon Press, , 765 p. (ISBN 0-19-821716-1).
  • (en) Michael J. Walsh, A New Dictionary of Saints : East and West, Burns & Oats, , 646 p. (ISBN 978-0-86012-438-2 et 0-86012-438-X).
  • (en) Ann Williams, Aethelred the Unready : The Ill-Counselled King, Londres, Hambledon & London, , 263 p. (ISBN 1-85285-382-4, lire en ligne).

Liens externes

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