< Jean de La Fontaine, 26 fables illustrées
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Lecture


La raison du plus fort est toujours la meilleure :
  Nous l'allons montrer tout à l'heure.

  Un agneau se désaltérait
  Dans le courant d'une onde pure.
Un loup survient à jeun, qui cherchait aventure,
  Et que la faim en ces lieux attirait.
" Qui te rend si hardi de troubler mon breuvage?
  Dit cet animal plein de rage :
Tu seras châtié de ta témérité.
- Sire, répond l'agneau, que Votre majesté
  Ne se mette pas en colère ;
  Mais plutôt qu'elle considère
  Que je me vas désaltérant
  Dans le courant,
  Plus de vingt pas au-dessous d'elle :
Et que par conséquent, en aucune façon,
  Je ne puis troubler sa boisson.
- Tu la troubles, reprit cette bête cruelle,
Et je sais que de moi tu médis l'an passé.
- Comment l'aurais-je fait si je n'étais pas né ?
  Reprit l'agneau ; je tette encor ma mère
  - Si ce n'est toi, c'est donc ton frère.
  - Je n'en ai point. - C'est donc quelqu'un des tiens :
  Car vous ne m'épargnez guère,
  Vous, vos bergers et vos chiens.
On me l'a dit : il faut que je me venge."
  Là-dessus, au fond des forêts
  Le loup l'emporte et puis le mange,
  Sans autre forme de procès.

Écoute

    Le loup et l’agneau, de Benjamin Rabier



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