Saïd Boualam, dit le Bachaga Boualam (1906 - 1982) était un officier de l'armée française et un homme politique français. De 1958 à 1962, le bachagha Boualam est élu quatre fois vice-président de l'Assemblée nationale, devenant le symbole des musulmans favorables à la France. Il fut responsable de la harka de la région de l'Ouarsenis pendant la guerre d'Algérie.

Mon pays la France, 1963

[L]’œuvre de la France est une réalité et aujourd’hui, dans le chaos et la guerre civile qui déchirent et mutilent mon pays, s’impose une vérité historique que l’Occident va apprendre à ses dépens : la nécessité de la présence française. Hors cette paix que la France a maintenue pendant un siècle, le vieux fanatisme religieux de l’Islam, [...], n’ouvre qu’une voie : le retour sanglant à la féodalité.
  • Mon pays la France (1963), Saïd Boualam, éd. Pocket, 1973, p. 17
La guerre d'Algérie, c'est d'abord un soulèvement contre les égorgeurs et les pillards et une fraternisation totale des Musulmans et des Français contre ce déchainement de haine.
  • Mon pays la France (1963), Saïd Boualam, éd. Pocket, 1973, p. 21
Quand les Français débarquèrent sur nos côtes, le mot Algérie n’existait pas. Notre histoire commence en 1845 comme celle de la France, en tant que peuple, a commencé avec les Capétiens. 1830, en cette terre d’Afrique du Nord, c’est le chaos, deux millions d’esclaves rançonnés par les pillards ou les féodaux, rongés par la syphilis, le trachome, le choléra, la malaria ; des déserts, des marais pestilentiels, plus rien de ce qui avait été la paix romaine.
  • Mon pays la France (1963), Saïd Boualam, éd. Pocket, 1973, p. 23
On a laissé insulter ces soldats qui sont pourtant vos fils, Français de France, ces soldats que j’ai vu tenir les mancherons de la charrue dans les champs de nos paysans, mettre au monde des petits Musulmans, les soigner, leur apprendre à lire, à travailler.
  • Mon pays la France (1963), Saïd Boualam, éd. Pocket, 1973, p. 26
Pour juger [l'œuvre de la France], imposée d'abord par le soldat, rendue possible par le colon, l'ingénieur, le médecin, l'ouvrier, il me parait utile de faire une comparaison. En Algérie, deux recensements 1856 : 2 307 350 Musulmans; 1954 : 8 670 000 Musulmans. En Amérique du Nord, lors de l'arrivée des Blancs, il y avait 1 500 000 Peaux-rouges; aujourd'hui ils sont moins de 300 000. Ces chiffres sont rarement cités par les décolonisateurs !
  • Mon pays la France (1963), Saïd Boualam, éd. Pocket, 1973, p. 53
Je ne retiens pas de l’œuvre française que ces terres arrachées à l’érosion, ces routes, ces ports, ces barrages, je voudrais montrer aux esprits évolués de la décolonisation, un aspect qu’ils doivent ignorer, je pense, de l’action de la France : l’enseignement.
  • Mon pays la France (1963), Saïd Boualam, éd. Pocket, 1973, p. 69
L’erreur [...] a été de croire qu’une négociation pouvait s’engager sur des bases démocratiques avec ceux-là qu’on osera appeler beaucoup plus tard des braves et qui ne tenaient leur représentativité que des couteaux et des mitraillettes tchèques braquées sur les populations.
  • Mon pays la France (1963), Saïd Boualam, éd. Pocket, 1973, p. 102
Hommes égorgés et mutilés, femmes violées avant d’être assassinées, enfants épinglés aux murs au bout de baïonnettes, tels des papillons, bétail mutilé, égorgé. C’était cela la guerre d’Algérie. Ces tueurs qui s’acharnaient sur tout ce qui représentait la France, sa civilisation et surtout sur les familles musulmanes.
  • Mon pays la France (1963), Saïd Boualam, éd. Pocket, 1973, p. 122
Venant après le traité de Versailles qui avait rendu deux départements à la France, les Accords d'Evian qui lui en ont perdu quinze, apprendront aux générations futures que l'Armée française victorieuse a livré le territoire qu'elle était chargée de défendre. [...] ces accords qui sont une félonie et une faute. Une félonie car ils livrent à l'arbitraire et aux tueurs plusieurs millions d'hommes sans défense parmi lesquelles des centaines de milliers d'anciens combattants qui ont défendu, tant en 1914-1918 qu'en 1939-1945, l'intégrité du territoire métropolitain, une félonie parce qu'ils livrent une population à la famine et à la misère. Une faute parce qu'ils officialisent aux yeux du monde l'avènement d'une poignée de tueurs et qu'ils sont pour l'Occident et la civilisation l'acte politique le plus grave depuis Yalta.
  • Mon pays la France (1963), Saïd Boualam, éd. Pocket, 1973, p. 206
Comme il était beau ce 13 mai [1958] de la fraternité et comment n'avez-vous pas senti, Français de France, ce miracle qui liait à tout jamais la France et l'Algérie en un seul espoir, celui d'en finir avec une poignée de tueurs qui n'ont jamais représenté le peuple algérien [...]. Si vous aviez vu le visage de ces jeunes Musulmans, de ces femmes qui déchiraient leur voile, de ces anciens combattants qui brandissaient leurs décorations, vous auriez compris que ce jour concrétisait la conquête que la France avait réalisée il y a cent trente ans, celle des cœurs.
  • Mon pays la France (1963), Saïd Boualam, éd. Pocket, 1973, p. 240
Même au moment ou tout était perdu, il y avait dans le cœur de certains Musulmans l'immense espoir que les chefs militaires prestigieux qui avaient été à la tête de l'Armée française et qui avaient pris la tête de l'armée secrète parviennent à la victoire. J'ai le devoir d'écrire que si de nombreux Musulmans, beaucoup plus nombreux qu'on ne le dit, se sont embarqués sur cette galère qu'ils soient du MNA ou de l'Algérie française, c'est qu'ils voyaient dans l'OAS une planche de salut, leur dernière avant de s'avouer vaincus, avant de dire définitivement, nous avons été trahis.
  • Mon pays la France (1963), Saïd Boualam, éd. Pocket, 1973, p. 246

Les Harkis au service de la France, 1963

Mes paysans, mes gardes champêtres, mes bergers de l'Ouarsenis sont devenus des guerriers parce-que leurs pères, leurs enfants, leurs femmes égorgés, ils se sont défendus eux-mêmes contre leurs assassins... la formation d'une harka n'est qu'une autodéfense d'une population que l'on veut forcer par le couteau et le fer à l'engagement politique.
  • Les harkis au service de la France, Saïd Boualam, éd. France-Empire, 1963, p. 38
Si la rebellion avait été ce mouvement de tout un peuple avide d'indépendance et fanatisé par la Guerre Sainte, c'est une masse de millions de musulmans qui en aurait terminé en quelques heures avec la présence française. Or, aux pires moments de la révolte, le FLN n'a jamais pu aligner plus de 40 000 combattants.
  • Les Harkis au service de la France (1963), Saïd Boualam, éd. France-Empire, 1963, p. 138
Tout Algérien raisonnable reconnait à la France le mérite de l'avoir arraché, sur tous les plans, au stade moyenâgeux.
  • Les Harkis au service de la France (1963), Saïd Boualam, éd. France-Empire, 1963, p. 178
On peut tourner la page d'une histoire qui a duré cent trente ans, mais on ne peut pas effacer l'Histoire. On ne peut pas effacer ce que la France a apporté à l'Algérie, cette présence qui est dans le cœur de ses pires ennemis, dans les pierres des villes et des villages, dans les champs, dans les vignes et jusque dans ce paysage qui a été modelé par la France.
  • Les Harkis au service de la France (1963), Saïd Boualam, éd. France-Empire, 1963, p. 264

Discours

Sur les drapeaux des régiments de tirailleurs algériens et sur les étendards des spahis est gravée une devise. Ce n'est même pas « Honneur et Fidélité » mais « Honneur et Patrie », notre Patrie, c'est la France, et nous n'admettons pas qu'on l'arrache de nos cœurs. Nous n'admettons pas, après le 13 mai [1958], après le référendum du 28 septembre [1958], qu'on revienne sur notre volonté de vivre et de mourrir français. Nous n'admettons pas non plus que la Métropole soit consultée pour savoir si l'on nous autorise à être français. C'est une injure qui nous est faite, à nous Musulmans, qui avons défendu sur tous les champs de bataille un patrimoine commun, un honneur commun, une patrie unique et qui sommes d'ailleurs un mélange de races, de confessions et de peuples ni plus ni moins divers que le peuple français lui-même.
  • De Psichari à de Gaulle, Marcel Gallienne, éd. La pensée universelle, 1978, p. 187

Voir aussi

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