Test de féminité

Un test de féminité est un test pratiqué lors des compétitions sportives pour déterminer si les sportives professionnelles ne seraient pas intersexuées.

Les athlètes qui échouent au test de féminité ont la possibilité de voir leur cas réexaminé par une commission d'experts après deux ans et un traitement adéquat.

Histoire

En 440 av. J.-C., Kallipateira s’infiltre en cachette aux Jeux olympiques sous le déguisement d'un entraîneur pour voir gagner son fils, et les hommes inventent le premier test de genre sexuel afin de tenir les femmes à l’écart : les sportifs concourent nus.

Adopté en 1966 au championnat d'Europe d'athlétisme, pour cause de suspicion que des athlètes féminines originaires d'Union soviétique et d'Europe de l'Est soient en réalité des hommes[1], le test de féminité sera introduit pour la première fois aux Jeux de Mexico en 1968. Bien qu'elle concerne en premier lieu les Jeux olympiques, la détermination du sexe peut concerner n'importe quel événement sportif. Toutefois, elle est plus nettement utilisée dans les compétitions sportives internationales de haut niveau.

Selon Jean-Pierre de Mondenard, pour cause de prise de testostérone, en 1964, « lors des Jeux de Tokyo, 26,7 % des athlètes médaillées d'or n'étaient pas des femmes authentiques[2]. »

Nature du test

  • Antiquité : les athlètes concourent nus.
  • 1948 : en Angleterre, consultation gynécologique.
  • 1968 : prélèvement sanguin ou de salive pour un test sur le corpuscule de Barr.
  • 1972 : caryotype pour recherche des chromosomes X et Y.
  • Début des années 1980 : Le CIO choisit la réaction en chaîne par polymérase du gène SRY lié au chromosome Y[3]. Il résulte de ces tests qu'environ un athlète sur cinq cents à six cents n'est pas dans la norme[4].
  • 1992 : L’International Association of Athletics Federations considère, elle, qu'un homme ne peut plus se faire passer pour une femme, puisque les tests antidopage incluent un prélèvement d'urine sous surveillance visuelle d'un officiel[5].

De nos jours, la détermination du sexe implique typiquement des gynécologues, endocrinologues, psychologues et internistes.

Championnes ayant échoué au test de féminité

  • Stanisława Walasiewicz, athlète de course à pied polonaise, fut reconnue intersexuée après sa mort, lors de l'autopsie. Ses médailles n'ont pas été annulées.
  • Zdena Koubkova, athlète de course à pied tchécoslovaque.
  • Dora Ratjen, athlète de course à pied allemande.
  • Léon Caurla, athlète de course à pied française.
  • Pierre Brésolles, athlète de course à pied française, a concouru contre Léon Caurla à plusieurs reprises.
  • les Soviétiques ukrainiennes Tamara Press et sa sœur Irina Press, respectivement lanceuse de poids et athlète au pentathlon moderne. Mais un doute subsiste, les sœurs clament que le problème leur vient d'une maladie de leur grand-mère (voir polémique des sœurs Press).
  • Ewa Kłobukowska (Polonaise), championne du 100 m (réhabilitée plus tard).
  • Erika Schinegger, skieuse autrichienne, aux Jeux olympiques de Grenoble en 1968.
  • Huit athlètes ont échoué aux tests lors des Jeux olympiques d'Atlanta, mais furent toutes disculpées par des examens physiques plus poussés.
  • Maria Jose Martinez-Patiño, coureuse espagnole, était porteuse d'un chromosome Y. En raison d'un syndrome CAIS, son corps insensible aux androgènes s'est développé avec des caractéristiques féminines. Détectée en 1986, elle a été interdite de tournoi en 1988, aux Jeux d'été de Séoul[6]. En 2012, le test inclut une analyse du taux de testostérone, facteur considéré déterminant pour avoir des capacités sportives masculines.
  • Santhi Soundarajan, athlète de course à pied indienne, le à Doha lors du 800 m des Jeux asiatiques.

Controverses

Cette pratique est sous le feu de gens qui pensent que le fait de tester le sexe est humiliant, faisant peu de cas des sentiments humains, et quoi qu'il arrive pas entièrement fiable ou efficace. Ces tests sont particulièrement compliqués ou problématiques, dans le cas de gens qui peuvent être considérés comme intersexués. Les tests génétiques peuvent potentiellement fournir des résultats imprécis, et stigmatisent des femmes ayant des problèmes de développement sexuel. Des anomalies génétiques peuvent permettre à une personne d'avoir un génome masculin, mais être physiologiquement une femme[4]

Un commentaire publié dans le journal de l'Association médicale américaine précise :

« Les tests de vérification de genre sexuel sont compliqués, chers, et potentiellement imprécis. Pire, ces tests échouent à détecter tous les imposteurs potentiels (par exemple, des mâles 46,XX), sont discriminatoires envers des femmes avec des problèmes de développement sexuel, et peuvent avoir des conséquences dramatiques pour les athlètes qui “échouent” au test[3]. »

L'article ajoute aussi :

« La vérification du genre sexuel a longtemps été critiquée par des généticiens, endocrinologues, et d'autres dans la communauté médicale. Un des problèmes majeurs était d'exclure injustement des femmes qui avaient un défaut de naissance impliquant les gonades et les organes génitaux externes (i.e. pseudohermaphrodisme masculin) (...)

Un second problème est que seules les femmes, pas les hommes, sont stigmatisées par les tests de genre sexuel. Un suivi systématique était rarement mis en place pour les athlètes féminines “échouant” au test, qui se traduisait souvent par un “déballage” sur la place publique. Le suivi était crucial, car le problème n'était pas les imposteurs masculins, mais bien la confusion causée par la méconnaissance du pseudohermaphrodisme masculin[3]. »

Statut actuel

Les tests de féminité ont été pratiqués jusqu'aux Jeux olympiques d'Atlanta en 1996, mais ne le sont plus, ayant été officiellement abolis par le CIO en 1999 à la suite d'une résolution passée en 1996 lors de la Conférence mondiale du CIO sur les femmes et la santé[7].

L'Association internationale des fédérations d'athlétisme cessa aussi de pratiquer ces tests, en 1991. Toutefois, le Conseil olympique asiatique les pratique toujours.

Les nouvelles règles permettent aux transgenres de concourir aux Jeux olympiques après avoir subi un changement de genre chirurgical complet, été légalement reconnus comme membres du sexe choisi, et avoir suivi deux ans de thérapie hormonale.

Anecdotes

Les sections « Anecdotes », « Autres détails », « Le saviez-vous ? », « Citations », « Autour de... » , etc., peuvent être inopportunes dans les articles (mars 2018).
Pour améliorer cet article il convient, si ces faits présentent un intérêt encyclopédique et sont correctement sourcés, de les intégrer dans d’autres sections.
  • La Princesse Anne du Royaume-Uni fut la seule compétitrice à ne pas avoir à se soumettre au test de féminité lors des Jeux olympiques d'été de 1976. Elle était membre de l'équipe équestre de son pays.[réf. nécessaire]

Notes et références

  1. (en) R. Peel, Eve’s Rib - Searching for the Biological Roots of Sex Differences, Crown Publishers, New York, 1994, (ISBN 0-517-59298-3).
  2. Mustapha Kessous, « Un “test de féminité” pour la jeune Caster Semenya », sur Le Monde, (consulté le 21 août 2009).
  3. J.L. Simpson et al. « Gender Verification in the Olympics » JAMA 2000;284:1568-9. PMID 11000653.
  4. (en) Factbox - Gender testing in sport, Reuters, 19 décembre, 2006.
  5. (en) J.L. Simpson et al. « Gender verification in competitive sports » Sports medicine 1993;16:305-15. PMID 8272686.
  6. (en) Los Angeles Times, 2 août 2012.
  7. (en) K. Mascagni « World conference on women and sport » Olympic Review 1996-1997;26(12):23-31.

Voir aussi

Bibliographie

  • Anaïs Bohuon et Catherine Louveau, « Le test de féminité ou la définition médicalement légitime du corps féminin sportif », in Philippe Liotard, Sport et Homosexualités, Carnon, Quasimodo & Fils, 2008, p. 95-108.
  • Anaïs Bohuon, le test de féminité dans les compétitions sportives, une histoire classée X, éditions IXE, 2012, 170 p.

Liens externes

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