Système Lewis

Le système Lewis, noté LE, no 007 dans la nomenclature de l'ISBT, est un système de groupe sanguin, dont les antigènes glycosphingolipidiques sont libres dans le plasma et autres liquides biologiques, et adsorbés sur les érythrocytes. Ce système comporte six antigènes définis par six anticorps.

Contrairement aux autres systèmes de groupe sanguin, le phénotype Lewis résulte de l'action de deux glycosyltransférases produites par deux gènes distincts.

Génétique

Un premier gène Le, FUT3 pour fucosyltransférase-3, (référence OMIM (en) 111100 ),situé en 19p13.3, produit une α-3/4-L-fucosyltransférase qui fixe un fucose (liaison α1-4) sur la N-acétylglucosamine d'une chaine Galβ1-3GlcNacβ1-3Galβ1-R de type 1 formant ainsi la substance Lewis a, Lea. L'allèle du gène Le, le, est silencieux. La substance Le est présente dans les divers liquides biologiques, salive, lait, sperme, urine, intestin, liquide amniotique…

Un second gène, Secréteur, SE, FUT2, (référence OMIM (en) 182100 ), situé en 19q13.33, étroitement lié à FUT1, (référence OMIM (en) 211100 ), produit une α1-2-L-fucosyltransférase qui transforme une chaine Galβ1-3GlcNacβ1-R de type 1 ou Galβ1-4GlcNacβ1-R de type 2 en chaine H par adjonction d'un fucose (liaison α1-2) sur le galactose. Son allèle se est inactif et ne permet pas cette transformation. Ce gène permet la sécrétion des substances de groupe H puis AB (selon le groupe ABO du sujet), la substance H en étant le précurseur, dans la salive, et autres fluides biologiques, sperme, sécrétions vaginales, gastriques, intestinales, bronchiques, lait, sueur, etc. Ces substances ont été mises en évidence par des techniques d'inhibition d'agglutination. Par ailleurs, un gène se muté FUT2 G428A (référence OMIM (en) 182100.0001 )présent en double dose en ne permettant pas la synthèse de la chaîne H de type1, entraîne une résistance au virus de Norwalk responsable de gastro-entérites, par absence du ligand[1].

Le gène Se est dominant, fréquence génique en Europe 0,52, son allèle se  fréquence 0,48  est récessif.

Lorsque les gènes Le et Se sont simultanément présents, un fucose est fixé sur une chaine Lewis a de type 1, ce qui donne la substance Lewis b. On peut ainsi dire que la substance Lewis b résulte d'une substance Lewis a complété d'une substance H sur une chaîne de type 1.

Phénotypes

Nous observons donc les phénotypes Lewis suivants, selon leurs génotypes :

Le(a-, b-) si le sujet est le/le, qu'il ait le gène Se ou non. Fréquence chez les caucasiens 10 %.

Le(a+, b-) si le sujet est Le/le ou Le/Le, et se/se. Fréquence chez les caucasiens 20 %.

Le(a-, b+) si le sujet est Le/le ou Le/Le, et Se/se ou Se/Se. Fréquence chez les caucasiens 70 %.

Il existe un phénotype Le(a+, b+), dû à un gène, muté Ile129Phe, sej (pour se Japon), Sew ou Sew385. Ce gène est présent en Asie du Sud-Est (27 % chez les Chinois de Hong Kong), dans la région Pacifique et chez les aborigènes australiens.

Leb est le récepteur d'Helicobacter pylori, bactérie responsable d'ulcère, au niveau de l'épithélium gastrique.

Anticorps anti-Lewis

Les anticorps anti Lewis (anti-Lea, anti-Leb, anti-Lex), sont en règle des anticorps naturels, actifs en technique enzymatique (papaïne) lors de le recherche d'anticorps irrégulier. Ces anticorps n'ont guère, voire pas, d'intérêt transfusionnel.

Il existe divers anticorps anti-Lewis. L'anti-Lea (LE1), l'anti-Leb (LE2), l'anti-Leab, encore appelé anti-Lex (LE3).

L'anti-Lea qui permet, par phénotypage érythrocytaire, de dépister les sujets Le(a+,b-) sans problème.

Il existe deux sortes d'anti-Leb, l'anti-LebL qui dépiste tous les sujets Leb, et l'anti LebH (LE4) qui dépiste préférentiellement les sujets Leb de groupe O ou A2 dont la substance H n'a pas été totalement transformée.

Deux autres anticorps beaucoup plus rares, l'anti ALeb (anti-LE5) reconnait l'antigène composé A1-Leb, l'anti BLeb (anti-LE6) reconnait l'antigène composé B-Leb.

L'anti-Lex (LE3) qui dépiste tous les sujets Le, qu'ils soient Lea ou Leb.

Les anti-LebL et anti-Lex n'étant plus commercialisés, certaines personnes de groupe A1 peuvent parfois être phénotypées Le(a-, b-) avec les anti-Lea et antiLebH dont nous disposons alors qu'en réalité elles sont Le(a-, b+). Ceci a peu d'importance, le système Lewis ne présentant guère d'intérêt transfusionnel.

Système Lewis et grossesse

Certaines femmes Le(a-, b+) ou Le(a+, b-), pour trente pour cent d'entre elles, perdent pendant leur grossesse l'antigène Lewis qu'elles possèdent. Elles apparaissent donc comme Le(a-, b-) et développent un anticorps naturel anti-Lewis, anti-Lea, anti-Leb et/ou anti-Lex. Un mois à six semaines au plus après l'accouchement, cet anticorps a disparu et ces femmes ont retrouvé leur phénotype Lewis normal. Cette perte d'antigène est sans conséquence pour l'érythrocyte, car la substance Lewis est une substance (glycosphingolipide) qui n'appartient pas à la membrane de l'érythrocyte, mais est une substance soluble (que l'on trouve dans le plasma, la salive, les larmes, le lait, le sperme...) adsorbée passivement sur l'érythrocyte.

La substance Lewis n'est pas détectée sur l'érythrocyte du fœtus ni du nouveau-né qui est donc Le(a-, b-) à la naissance. Il apparaît Le(a+, b-) à l'âge d'un mois environ, puis Le(a+, b+) avant de devenir Le(a-, b+) vers l'âge de deux ans si tel doit être son phénotype définitif, lorsqu'il est génétiquement Le (gène Le) et Sécréteur (gène Se, référence OMIM (en) 182100 ), du moins chez les caucasiens. Ceci explique, entre autres raisons, que les anti-Lewis développés chez la mère n'ont aucune conséquence pour le fœtus.

Notes et références

  1. (en) Lindesmith L, Moe C, Marionneau S, Ruvoen N, Baric R et al., « Human susceptibility and resistance to Norwalk virus infection », Nat Med, vol. 9, no 5, , p. 548-53. (PMID 12692541)

Voir aussi

Bibliographie

  • (en) Human blood groups, Geoff Daniels, Blackwell Science Ltd, 3e édition, 2013.
  • (en) The blood group antigen, Marion E. Reid, Christine Lomas-Francis et Martin L. Olsson, Facts Book, Elsevier Academic Press, 3e édition, 2012.
  • Les analyses immunohématologiques et leurs applications cliniques, J.Chiaroni, F. Roubinet, P. Bailly, L.Mannessier, F. Noizat-Pirenne, Edit. : John Libbey Eurotext. 2011
  • Les groupes sanguins érythrocytaires, coordonné par P. Bailly, J. Chiaroni, F. Roubinet. Edit. : John Libbey Eurotext, Paris, 2015.

Liens externes

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