Syndrome de Bardet-Biedl

Le syndrome de Bardet-Biedl est un syndrome d'obésité infantile qui a été décrit de façon quasi simultanée par deux médecins : en 1920 par Georges Bardet (1885-1966) dans sa thèse de doctorat à Paris [1] et en 1922 par le pathologiste hongrois Arthur Biedl (1869-1933)[2],[3].

Définition

Syndrome de Bardet-Biedl

Spécialité Génétique médicale
CIM-10 Q87.8
CIM-9 759.89
OMIM 209900
DiseasesDB 7286
MeSH D020788

Mise en garde médicale

Le syndrome de Bardet-Biedl est un syndrome qui associe :

  • Une rétinite pigmentaire (toujours)
  • Une obésité (souvent)
  • Une polydactylie post axiale (souvent)
  • Un hypogonadisme hypogonadotrope chez les garçons (parfois)
  • Des malformations génitales complexes chez les filles (parfois)
  • Des anomalies rénales (souvent) responsables de la mortalité de ce syndrome.

La plupart des enfants ont des difficultés d’apprentissage mais peu ont un retard mental.

À ce jour (Juin 2006), on a retrouvé 12 mutations géniques, situées chacune sur des locus différents, en rapport avec ce syndrome.

Étiologie

  • Plusieurs mutations impliquant différents gènes sont responsables de ce syndrome :
Localisation des gènes impliqués dans le syndrome de Bardet-Biedl
Nom du locus Locus Gène Protéine codée par le gène
BBS1 11q13 BBS1 Protéine du syndrome de Bardet-Biedl de type 1
BBS2 16q21 BBS2 Protéine du syndrome de Bardet-Biedl de type 2
BBS3 3p13-p12 Inconnu Inconnue
BBS4 15q22.3-q23 BBS4 Protéine du syndrome de Bardet-Biedl de type 4
BBS5 2q31 Inconnu Inconnue
BBS6 20p12 MKKS McKusick-Kaufman
BBS7 4q27 BBS7 Protéine du syndrome de Bardet-Biedl de type 7

D'autres gènes sont impliquées, dont le CEP290[4].

Incidence & prévalence

La consanguinité semble être un facteur de risque important

  • La prévalence dans les populations à faible taux de consanguinité est de 1 sur 130 000 naissances.
  • La prévalence dans les populations à taux plus élevés de consanguinité est de 1 sur 13 000 naissances (Population bédouine du Koweït)
  • Dans les populations à brassage de population faible, la prévalence est de 1 sur 17 000 naissances dans la population de Terre-Neuve

Description

  • Rétinite pigmentaire
    • La destruction des cellules photoréceptrices de la rétine ne commence que vers 8 ans environ. Les premiers symptômes sont souvent des difficultés à voir de nuit ou au contraire, une gêne à la lumière du jour. La cécité survient en moyenne 7 ans après les premiers signes avec de grandes variations d'une personne à l'autre. Pour être plus exact, on devrait parler de Dystrophie des cônes et des bâtonnets et non pas de Rétinite Pigmentaire.
  • Polydactylie
    • Présente chez deux tiers des enfants affectés. D’autres anomalies des doigts et des orteils sont présentes.
  • Obésité
    • Présente chez 80 % des enfants affectés. Le poids est normal et l’obésité commence vers un an de vie et restera un problème toute la vie. Elle prédomine au niveau du tronc et des membres supérieurs.
  • Difficulté cognitive
    • La prise en compte des difficultés visuelles de ces enfants permet de réduire les troubles d’apprentissage de ces enfants.
  • Anomalies génitales
    • Chez les garçons, l’hypogonadisme d’origine centrale (hypogonadisme hypogonadotrope) ; la fertilité est diminuée.
    • Chez la femme : appareil génital hypoplasique, utérus bicorne, atrésie vaginale, sinus uro-génital, hydrometrocolpos, absence d’orifice vaginal ou urétral, fistule vésico vaginale ; la fertilité n’est que légèrement atteinte.
  • Anomalie rénale
    • Hypoplasie rénale, hydronéphrose, pyélonéphrite et glomérulonéphrite sont retrouvés chez ces patients. Un tiers des patients décéderont d’insuffisance rénale. Souvent aussi reflux vésico-urétraux et polyurie/polydipsie.

Diagnostic

Le diagnostic n’est pas toujours fait rapidement car il s’agit souvent d’un enfant obèse ayant des difficultés d’apprentissage mais sans polydactylie. L’apparition de trouble visuel en rapport avec la choriorétinite permet le diagnostic, encore que ce syndrome soit le deuxième plus mal diagnostiqué, parmi les Rétinites Pigmentaires syndromiques (associant d'autres symptômes).

Clinique

Le diagnostic de ce syndrome est clinique et repose sur l’association de deux caractéristiques majeures et trois caractéristiques mineures :

Génétique

Seul le séquençage de la mutation M390R responsable du syndrome de Bardet-Biedl de type 1 était disponible en 2005. Cette mutation représente le quart des mutations responsables de la pathologie, même ordre de grandeur que pour le BBS10. Les autres sont moins fréquentes, au total 70 à 80 % des mutations sont répertoriées.

Diagnostic différentiel

  • Syndrome de Laurence Moon Bardet Bield
    • Ce syndrome ressemble au syndrome de Bardet Biedl mais il n’existe pas de polydactylie et les personnes vont développer une paralysie spastique. Au cours du temps, les syndromes de Laurence Moon et de Bardet-Biedl ont été soit séparés, soit regroupés. Une étude est en cours pour les différencier.
  • Syndrome de McKusick Kaufman
    • Ce syndrome associant hydrohematocolpos, polydactylie et cardiopathie congénitale est en rapport avec une mutation du gène MKKS impliqué dans certains type de syndrome de Bardet-Biedl
  • Syndrome d'Alström
    • Associe rétinite pigmentaire, obésité, perte d’audition progressive, cardiomyopathie, insulino-résistance et retard de développement.
  • Syndrome de Biemond
    • Associe un colobome irien, une obésité, une polydactylie post-axiale et un retard mental.

Traitement

Mode transmission

Le syndrome de Bardet-Biedl se transmet selon un mode autosomique récessif ce qui signifie que le patient présente deux allèles morbides. Les personnes portant un unique allèle ne sont pas malades et ne présentent donc pas les signes cliniques du syndrome. On remarque également que cette pathologie possède une hétérogénéité inter-locus : plusieurs gènes atteint par différentes mutations vont aboutir au même tableau clinique.

Conseil génétique

Il semble que certains types de syndrome de Bardet-Biedl nécessitent la présence de trois mutations pour que les manifestations phénotypique apparaissent, c’est l’héritage triallélique. Cette situation rend le complexe génétique particulièrement difficile dans ce syndrome. Il n'y a pas à ce jour de corrélation phénotype-génotype, donc un même phénotype (symptômes) peut venir de différents gènes, et un même gène muté peut donner des symptômes de sévérité variable.

Famille d’un patient

Détection des porteurs hétérozygotes

Seule la détection de la mutation M390R est possible chez les familles à haut risque

Dépistage prénatal

Repose essentiellement sur les anomalies rénales, des mains et des pieds :

  • Les reins apparaissent augmentés de taille, hyper-échogéniques et sans différenciation cortico-médullaire. Il existe des micro kystes . Ultrasound Obstet Gynecol 2004; 24: 51–54.

Articles connexes

Liens externes

  • (en) GeneTests: Medical Genetics Information Resource (database online) ; University of Washington, Seattle. 1993-2005

Bibliographie

Notes et références

Sources

  1. Georges Bardet, Sur un syndrome d'obésité infantile avec polydactylie et rétinite pigmentaire (contribution à l'étude des formes cliniques de l'obésité hypophysaire), Paris, Thèse,
  2. (de) Arthur Biedl, « Ein Geschwisterpaar mit adiposo-genitaler Dystrophie », Deutsche medicinische Wochenschrift, Berlin, no 48, , p. 1630
  3. (en) Greta Beighton, The Man Behind the Syndrome, Springer Science & Business Media, (ISBN 9781447114154, lire en ligne)
  4. Coppieters F, Lefever S, Leroy BP, De Baere E, CEP290, a gene with many faces: mutation overview and presentation of CEP290base, Hum Mutat, 2010;31:1097–1108
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