Spironolactone
La spironolactone est un composé organo-sulfuré de la classe des stéroïdes, antagoniste de la principale hormone minéralocorticoïde, l'aldostérone, par compétition de liaison sur le récepteur des minéralocorticoïdes. Elle est à ce titre un anti-hypertenseur et un faible diurétique. Dans une moindre mesure la spironolocatone est un antagoniste des androgènes sur leur récepteur. Elle est commercialisée sous les noms de Aldactone, Novo-Spiroton, Aldactazine, Spiractin, Spirotone, Verospiron ou Berlactone.
Spironolactone | |
Formule chimique de la spironolactone | |
Identification | |
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Nom UICPA | 7α-acétylthio-3-oxo-17α-prégn-4-éne-21,17-carbolactone ou (1' S,2R,2' R,9' R,10' R,11' S,15' S)-9'-(acétylsulfanyl)-2',15'-diméthylspiro[oxolane-2,14'-tétracyclo[8.7.0.02,7.011,15]heptadécan]-6'-éne-5,5'-dione |
No CAS | |
No ECHA | 100.000.122 |
No EC | 200-133-6 |
Code ATC | C03 |
SMILES | |
InChI | |
Propriétés chimiques | |
Formule brute | C24H32O4S [Isomères] |
Masse molaire[1] | 416,573 ± 0,028 g/mol C 69,2 %, H 7,74 %, O 15,36 %, S 7,7 %, |
Propriétés physiques | |
T° fusion | 134,5 °C |
Précautions | |
Classification du CIRC | |
Groupe 3 : Inclassable quant à sa cancérogénicité pour l'Homme[2] | |
Unités du SI et CNTP, sauf indication contraire. | |
Cette molécule s'introduit en 1959, comme produit dérivé du spirolactone, connu comme le SC.9420 lors des études cliniques[3].
Pharmacocinétique
La spironolactone est transformée dans le foie en métabolites actifs : canrénone, 7 alpha-thiomethylspirolactone et 6 beta-hydroxy-7 alpha-thiomethylspirolactone, les deux derniers étant les principaux métabolites au niveau quantitatif[4]. Le pic de concentration plasmatique est précoce, dès la première heure[5]. Le délai d'action est cependant retardé (entre 48 h et 72 h)[6].
Mécanisme d'action
La spironolactone est une 17-lactone qui se lie par compétition de l'aldostérone et une plus grande affinité sur le récepteur des minéralocorticoïdes (MR). Elle inhibe ainsi ses fonctions biologiques d'activation des gènes codants les canaux épithéliaux à sodium (ENaC) et la kinase activatrice SGK1 principalement au niveau du canal collecteur distal du rein, principal lieu de réabsorption de sodium et d'eau. Il en résulte une perte en sels et en eau au niveau du tubule distal.
L'usage de spironolactone peut causer l'hyperkaliémie chez le patient par son rôle d'antagoniste compétitif de l'aldostérone[7], par la diminution de l'excrétion urinaire de potassium et d'ions hydrogène. Cet effet peut aussi causer de l'acidose métabolique[8].
Utilisation
De par ses effets anti-minéralocorticoïdes et diurétiques, la spironolactone est principalement utilisée dans le traitement de l'hypertension due à des taux élevés d'aldostérone.
Par ses effets anti-androgéniques, la spironolactone est également utilisée dans le traitement de l'hirsutisme pour les poils excessifs dans les régions de pilosité masculine mais peut aussi être utile pour la calvitie féminine puisque le manque de cheveux sur le dessus de la tête est influencé par un excès de testostérone.
Elle peut également faire partie du cocktail d'hormones administrées durant la transition médicale chez les personnes transgenres assignées garçon à la naissance, en préparation ou en complément des interventions chirurgicales[9].
Une importante étude, dites RALES, faite en 1999, a montré que la spironolactone diminue significativement la mortalité secondaire à une insuffisance cardiaque, et ce, à des doses comprises entre 25 et 50 mg par jour[10].
Divers
La spironolactone fait partie de la liste des médicaments essentiels de l'Organisation mondiale de la santé (liste mise à jour en avril 2013)[11].
Notes et références
- Masse molaire calculée d’après « Atomic weights of the elements 2007 », sur www.chem.qmul.ac.uk.
- IARC Working Group on the Evaluation of Carcinogenic Risks to Humans, « Évaluations Globales de la Cancérogénicité pour l'Homme, Groupe 3 : Inclassables quant à leur cancérogénicité pour l'Homme », sur http://monographs.iarc.fr, CIRC, (consulté le 22 août 2009)
- (en) R. O. Farrelly, R. N. Howie, et J. D. K. North, « Use of Spironolactone and Hydrochlorothiazide in Treatment of Oedema », Br Med J., vol. 2, no 5195, , p. 339-343 (PMCID 2097506, lire en ligne)
- Gardiner P, Schrode K, Quinlan D et al. Spironolactone metabolism: steady-state serum levels of the sulfur-containing metabolites, J Clin Pharmacol, 1989;29:342-347
- Overdiek HW, Hermens WA, Merkus FW, New insights into the pharmacokinetics of spironolactone, Clin Pharmacol Ther, 1985;38:469-474
- Albaghdadi M, Gheorghiade M, Pitt B, Mineralocorticoid receptor antagonism: therapeutic potential in acute heart failure syndromes, Eur Heart J, 2011;32:2626-2633
- KRZESINSKI, J.M., « L'HYPERKALIÉMIE, CE NOUVEAU TUEUR ? », Rev Med Liege, vol. 60, no 4, , p. 222-226 (ISSN 0370-629X, lire en ligne)
- Rorive, G. et KRZESINSKI, J.M., « Propriétés et indications des diurétiques d'épargne potassique », Rev Med Liege, vol. XLI, no 9, , p. 330-336 (ISSN 0370-629X, lire en ligne)
- Haute Autorité de Santé (HAS), « Situation actuelle et perspectives d’évolution de la prise en charge du transsexualisme », novembre 2009.
- Pitt B, Zannad F, Remme WJ et Als. The effect of spironolactone on morbidity and mortality in patients with severe heart failure: Randomized Aldactone Evaluation Study Investigators, N. Engl. J. Med., 1999;341:709–717.
- WHO Model List of Essential Medicines, 18th list, avril 2013
Voir aussi
Articles connexes
- Éplérénone, analogue synthétique de la spirolactone.
- Finérénone
Lien externe
Compendium suisse des médicaments : spécialités contenant Spironolactone
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