Peptide antimicrobien

Les peptides antimicrobiens (PAM) sont des protéines d'origine naturelle, généralement constituées de 12 à 50 acides aminés, ayant des propriétés antibiotiques. Ils font partie du système immunitaire inné de nombreux êtres vivants, on les retrouve chez les mammifères, les insectes, les plantes, les protozoaires, les bactéries etc. Ces peptides sont synthétisés naturellement pour agir comme défenses contre les maladies provoquées par divers microorganismes et sont actifs contre les bactéries, tant à gram positif qu'à gram négatif, les champignons et les virus.

Mécanismes d'action

Les peptides antimicrobiens forment un groupe vaste et hétérogène de peptides ayant différents mécanismes d'actions, ils ont en commun de permettre la destruction de divers pathogènes (virus, bactéries, champignons).

Les défensines s'assemblent en polymères dans la membrane des bactéries pour former un pore et lyser ainsi la cellule. Les histatines inhibent des enzymes indispensables au métabolisme de la cellule.

Extraction et caractérisation des peptides antimicrobiens 

Extraction des peptides antimicrobiens 

Extraction par hydrolyse enzymatique de protéines 

À partir des années 1990, plusieurs peptides possédant des activités antimicrobiennes vis-à-vis de bactéries à gram-positif et à gram-négatif, ont été mis en évidence et isolés au sein d’hydrolysats de protéines. La nature de ces protéines est très diverse, telle que les caséines, le lysozyme, l’ovotransferrine, la lactoferrine, la β-lactoglobuline.

Les protéines du lait représentent une source potentielle et attractive de peptides antimicrobiens. Plusieurs protéines du lactosérum (lactoferrine, α-Lactalbumine et β-Lactoglobuline) ainsi que les caséines (caséine αS1, caséine αS2, caséine ҡ) ont permis l’obtention de peptides antimicrobiens lors de leur hydrolyse par des enzymes digestives.

Si la majorité des peptides antimicrobiens préparés par hydrolyse enzymatique de protéine a été isolée à partir de protéines du lait, plusieurs auteurs (Froidevaux et al., 2001, Mak et al., 2004, Daoud et al., 2005 et Nedjar-Arroume et al., 2006) ont rapporté l’obtention de peptides antimicrobiens par hydrolyse enzymatique de l’hémoglobine, protéine connue pour être une source de peptides à activité biologique. Ces peptides sont nommés « hémocidines », « peptides antimicrobiens dérivés de protéines contenant une molécule d’hème ».

Extraction des PAM par hydrolyse pepsique de l'hémoglobine bovine

Ø Hémoglobine bovine :

L’hémoglobine bovine est une protéine de 64 500 Da et de 574 acides aminés**//, constituée d’une partie protéinique, la globine, et d’un hème(*). Quelle que soit l’espèce, l’hème représente la partie constante de l’hémoglobine et les différences se situent au niveau de la globine.*

Structure de l’hémoglobine :

Chez tous les vertébrés, la globine est un tétramère formé par l’association de quatre chaines polypeptidiques identiques deux à deux : deux chaines alpha (ou globines α) et deux chaines bêta (ou globines β). Chacune de ces chaines adopte une conformation spatiale qui lui donne une forme globulaire et ménage une « poche » superficielle dans laquelle se loge l’hème (une molécule de l’hémoglobine peut ainsi fixer quatre molécules d’oxygène).*

Chaine α

La chaine α de 15 053 Da est formée de 141 acides aminés :

V1LSAADKGNV10KAAWGKVGGH20AAEYGAEALE30RMFLSFPTTK40TYFPHFDLSH50GSAQVKGHGA60KVAAALTKAV70EHLDDLPGAL80SELSDLHAHK90LRVDPVNFKL100LSHSLLVTLA110SHLPSDFTPA120VHASLDKFLA130NVSTVLTSKY140R

Chaine β

La chaine β de 15 954 Da possède 146 acides aminés :

M1LTAEEKAAV10TAFWGKVKVD20EVGGEALGRL30LVVYPWTQRF4FESFGDLSTA50DAVMNNPKVK60AHGKKVLDSP70SNGMKGLDDL80KGTFAALSEL90HCDKLHVDPE100NFKLLGNVLV110VVLARNFGKF120FTPVLQADFQ130KVVAGVANAL140AHRYH

Structure de l’hème :

L’hème est constitué d’une protoporphyrine ayant en son centre un atome de fer (Fe2+). La protoporphyrine est formée de quatre cycles pyrroliques unis par l’intermédiaire de ponts méthénylés (-CH=) et substitués par des groupes méthyle, propionate et vinyle.* Comme le montre la figure ci-dessous :

Ø Pepsine

 

 La pepsine est une endoprotéase digestive, une enzyme du règne animal découverte par le docteur Beaumont en 1833. **

C’est une enzyme qui subdivise les protéines en petits peptides (protéase). Elle est sécrétée dans l’estomac et c’est l’une des principales enzymes de digestion chez l’homme et plusieurs types d’animaux. **/

Structure de la pepsine :

La pepsine avec une masse moléculaire de 34 600 Da est constituée de 326 acides aminés répartis en deux domaines principaux : Nt (AA1-AA176) et le domaine Ct (AA177-AA326), formant une chaine peptidique. La pepsine possède également trois ponts disulfure répartis selon Cys45-Cys50, Cys206-Cys210, Cys249-Cys282.

Ø  Mécanisme d’action de l’hydrolyse pepsique :

La pepsine appartient à la famille des protéases, enzymes spécialisées dans la coupure de la liaison peptidique. Son mécanisme d’action est basé sur la reconnaissance d’un motif structural du substrat à hydrolyser au niveau du site actif de l’enzyme. Schechter et Berger (1967, 1968) ont établi une nomenclature concernant la spécificité des protéases. L’enzyme va cliver la liaison peptidique située entre les résidus (acides aminés) P1 et P1’ localisés au niveau des sites d’interaction de l’enzyme nommés S1 et S1’.

La pepsine est une protéase fonctionnant avec l’acide aspartique (Asp) dans son site actif. Celui-ci comprend deux résidus d’acide aspartique proches géométriquement Asp32 et Asp215, ainsi que d’autres acides aminés : Ile30, Ser39, Ile120, Ala124, Ile213, Thr218, Ala301, Thr305, forment une crevasse où vient se loger le substrat. Lors de la coupure de la liaison peptidique, les deux acides aspartiques jouent simultanément le rôle de donneur et de receveur de protons.*

La pepsine coupe préférentiellement en C terminal des acides aminés aromatiques (Phé et Tyr) et hydrophobes (Leu, Ala, Glu, et Gln), en position P1. Certains acides aminés peuvent avoir un effet négatif sur le clivage de la liaison peptidique par la pepsine selon leur position au sein de son site actif : l’arginine en position P1 et P3, la lysine et l’histidine en position P3. La proline a un effet positif lorsqu’elle se situe en position P3 ou P4, et un effet négatif quand elle est en position P2 ou P3’. La pepsine ne coupe pas en présence de la proline et la glycine en position P1.*

Notes et références

    Voir aussi

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