Hygiène bucco-dentaire
L’hygiène bucco-dentaire est un ensemble de pratiques permettant d'éliminer la plaque dentaire qui se forme naturellement et en permanence à la surface des dents.
L'élimination de la plaque dentaire permet d'éviter les maladies parodontales. En effet, les bactéries sont responsables d'une irritation des gencives (gingivite), qui deviennent rouges, gonflées ou ulcérées (perforées), et saignent abondamment à la moindre sollicitation mécanique (brossage, air pulsé). Cette situation risque de dégénérer en parodontite entraînant l'apparition de mobilité puis la perte des dents.
Seuls les moyens mécaniques permettent d'éliminer la plaque dentaire quotidienne : tous les autres moyens sont inefficaces pour atteindre une hygiène dentaire excellente[réf. nécessaire]. Une dent propre est aussi lisse que du verre, et c'est la langue, seule capable de percevoir l'épaisseur d'un cheveu (0,04 à 0,1 mm), qui est le moyen le plus efficace pour réaliser ce contrôle après le brossage quotidien.
Bon nombre de bactéries présentes dans la plaque dentaire transforment les sucres (sucreries mais aussi chips, biscuits…) en acide lactique. L'action de cet acide sur l'émail dentaire aboutira à une déminéralisation de la dent et à l'apparition d'une cavité. C'est la carie. Chaque repas est potentiellement cariogène. Cependant, le pouvoir tampon de la salive permet de ramener l'acidité de la bouche (pH) à la neutralité. Toutefois, dans la bouche d'une personne mangeant constamment, l'acidité restera importante. Le risque d'apparition de carie s'en trouvera donc fortement accru.
Le tartre dentaire, qui est de la plaque dentaire minéralisée, ne peut plus être éliminé par simple brossage, et doit être enlevé chez le dentiste par un détartrage.
Moyens
- Brosse à dents manuelle : les poils durs sont à manipuler avec précaution et surtout suivant les conseils du dentiste. Par prudence, on préfère les poils medium ou souples. Attention cependant certaines brosses aux poils trop souples ont tendance à s'écraser sur la dent sans effectuer un brossage correct. Les brosses à poils souples mais coniques pallient ce problème : la base large assure rigidité tandis que l'extrémité des poils effectue un brossage doux mais efficace. Il faut également épingler qu'un poil trop souple étale la plaque dentaire, plutôt que de l'éliminer.
- Brosse à dents électrique : deux types sont principalement commercialisé : les brosses à dents oscillo-rotatives présentent une tête ronde et effectuent des mouvements de quart de tour alternés ; les brosses à dents sonique : de forme similaire à une brosse à dents manuelle, dont les poils vibrent à hautes fréquences(40000 fois par seconde). Elles sont légèrement plus efficaces que les brosses à dents manuelles dans l'élimination de la plaque (jusque 21 % de réduction de plaque supplémentaire)[1].
- Brosse à langue (en), comportant des poils plus courts et plus durs, elle permet d'assurer l'hygiène de la langue et de réduire la quantité de peaux mortes, riches en bactéries qui participent à la formation de la plaque dentaire. Il est aussi possible de brosser sa langue avec la brosse à dent, qui d'ailleurs incluent parfois au dos un racloir pour la langue.
- Dentifrice fluoré. Le fluor préserve l’émail des attaques acides[2]. La quantité et la concentration en fluor doivent être adaptés à l'âge. Le fluor fut un facteur important de réduction des caries lors de son introduction dans les dentifrices. Le dentifrice de l'adulte contiendra au moins 1 000 p.p.m de sel fluoré.
- Fil dentaire, brossettes interdentaires, bâtonnets interdentaires en bois (un matériau assoupli par la salive pour mieux épouser les parois interdentaires) : pour nettoyer la face latérale des dents (zone inter-proximale), que la brosse à dents ne peut pas atteindre. L'usage du fil dentaire et celui des bâtonnets interdentaires en bois sont les plus fréquents. Lorsque l'espace entre les deux dents est suffisamment large, on peut alors passer des brossettes.
- Jet dentaire, il peut remplacer le fil dentaire mais il est moins efficace. C'est une sorte de brossette qui fait sortir de l'eau, il sert seulement à enlever les petits morceaux.
Moyens complémentaires
- Les bains de bouche antiseptiques seront conseillés lorsque le brossage doit être suspendu (ex.: traumatisme, chirurgie…).
- Le bicarbonate de sodium (aussi appelé bicarbonate de soude) peut aider à améliorer l'hygiène buccale et à réduire considérablement l'halitose : en ajoutant périodiquement un peu de bicarbonate en poudre sur la brosse à dents en plus du dentifrice (2 fois par semaine), et en complétant par des gargarismes avec de l'eau additionnée de bicarbonate (5 g soit environ 1 cuillère à café pour un verre d'eau).
Fréquence
En France, la recommandation est de deux brossages par jour, matin et soir, pendant deux minutes[3].
En cas de brossage unique dans la journée, le moment optimal pour le faire est le soir. Ainsi la plaque bactérienne est éliminée avant le sommeil, durant lequel l'absence de mouvements favorise son accumulation.
Dans le cas de certaines maladies parodontales, une hygiène irréprochable est nécessaire à la stabilisation de la maladie.
Technique
- Le but est d'éliminer la plaque dentaire, ou association de protéines salivaires, de sucres alimentaires et de bactéries en tous genres. En 72 heures, la plaque dentaire se calcifie : c'est la naissance du tartre dentaire (concrétions calcaires). Les bactéries de la plaque dentaire provoquent les caries (destruction de la dent), l'inflammation et les saignements de la gencive (destruction du support osseux de la dent). En moins de six mois, une carie peut démolir complètement une dent.
- L'efficacité du brossage est principalement due à l'action mécanique de la brosse à dent. Le dentifrice joue un rôle beaucoup plus accessoire.
- La technique de brossage doit être adaptée en fonction du type de dent et de gencive[4]
- Chaque dent possède cinq faces et chaque face doit être nettoyée tous les jours. Cette technique verticale, "à sens unique" de la gencive vers la dent, est la plus efficace. On peut aussi la remplacer par des petits mouvements en rond sur chaque dent, pas sur la gencive, puis passer à la dent suivante. Il faut s'interdire le brossage horizontal : pratiqué trop fort, le nylon des poils de la brosse à dent use les racines le long des gencives (mylolyses et les dents s'abîment). Le brossage horizontal déchausse les dents : rétraction de la gencive, dénudation gingivale et retraits de la gencive.
- Le brossage doit approximativement durer 2-3 minutes. Un brossage de 30 s est certainement inefficace. Mais, le temps passé dans la salle de bain n'est pas nécessairement un indice de propreté exemplaire des dents :
- TEST de propreté des dents après le brossage : la langue pouvant percevoir l'épaisseur d'un cheveu (0,04 à 0,1 mm) et la dent "propre" étant aussi lisse qu'un miroir, on peut glisser très doucement la pointe de la langue sur toutes les dents pour vérifier qu'elles sont devenues parfaitement lisses, "comme un miroir".
- Le brossage du soir est le plus important : il précède huit heures de sommeil, sans aucune ingestion de sucres. Sur une année, les dents peuvent ainsi être propres pendant quatre mois. Le débit salivaire étant réduit pendant le sommeil (moins de dilution par une quantité réduite de salive), c'est aussi la nuit que l'on fabrique ses caries et le tartre.
- Aux enfants en bas âge ("dents de lait"), on recommandera de "peindre les dents" avec la brosse. L'enfant sera placé face à un miroir, afin qu'il puisse identifier, visuellement et géographiquement, chaque dent. Il faut minimiser les quantités de dentifrice : trop de mousse cache les dents. Les parents doivent contrôler leur technique de brossage et ne pas hésiter à aider l'enfant dans ses premiers mouvements.
- À partir de l'âge de 12 ans, l'utilisation de fil dentaire, plus rarement de brossette interdentaire ou de cure-dents en bois, est très important : il permet d'éliminer la plaque dentaire entre les dents ; cette région interdentaire étant non accessible pour une brosse à dent
Utilité sanitaire
L'hygiène bucco-dentaire améliore la santé générale en diminuant le risque de plusieurs types d'infection et en améliorant la qualité de la digestion.
Il semblerait par exemple qu'une mauvaise hygiène dentaire soit un facteur de risque pour certaines maladies à prion pathogène, dont la maladie de Creutzfeld-Jacob. Cette hypothèse a été posée pour expliquer des anomalies épidémiologiques observées au Royaume-Uni lors d'une épidémie liée à la vache folle[5], est qu'une mauvaise hygiène dentaire (caries non soignées, ou peut-être gingivites[6]) pourrait aussi être un facteur de risque de transmission de prion à l'organisme humain via la nourriture[7], ce qui expliquerait au Royaume-Uni un nombre presque deux fois plus élevé en Écosse et en Angleterre du nord et un âge médian de survenue de 26 ans (resté inchangé au cours des 15 ans qu'a duré l'épidémie)[7], ce qui peut reposer la question du risque lié à une mauvaise décontamination d'instruments de chirurgie dentaire[8],[9],[10]
Chez les animaux
Certains animaux se font entretenir les dents par d'autres animaux qui viennent s'y nourrir de restes alimentaires.
Une étude récemment publiée (2017) a montré que d'autres primates que l'homme ont une hygiène dentaire élaborée ; ainsi le macaque à longue queue (Macaca fascicularis umbrosus), au sein d'un groupe suivi dans l'île du Grand Nicobar (Est de l'océan Indien où cette espèce est endémique), se curent les dents au moyen de plumes d'oiseaux, ou de soie improvisées (fibres de noix de coco, brins d'herbe voire fil de nylon) utilisé comme fil dentaire. Deux autres espèces de macaque avaient déjà été observées en train d'effectuer ce type d'activité[11],[12].
Notes et références
- (en) Munirah Yaacob, Helen V Worthington, Scott A Deacon et Chris Deery, Powered versus manual toothbrushing for oral health, John Wiley & Sons, Ltd, (DOI 10.1002/14651858.cd002281.pub3, lire en ligne)
- « Protéger ses dents avec du fluor », Ameli,
- Ministère des Affaires sociales et de la Santé, « Synthese du plan bucco-dentaire », sur social-sante.gouv.fr, (consulté le 12 janvier 2017)
- Muller-Bolla M, Courson F, Manière-Ezvan A, Viagues P. « Le brossage dentaire : quelle méthode ? » Rev Odont Stomat. 2011;40:239-260, consulté le 1er février 2014
- National CJD Surveillance Unit 2008, Creutzfeldt-Jacob disease surveillance in the UK. Sixteenth Annual Report. Edinburgh
- Carp R. Transmission of scrapie by oral route: effect of gingival scarification. Lancet 1982;1:170-1.
- Robert Burnie a, Roland L Salmon b, Daniel R Thomas b, Nigel Monaghan, « Does Poor Dental Health Have a Role in the Emergence of Variant Creutzfeldt Jakob Disease in the United Kingdom ? »(Archive • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?)
- Smith A, Dickson M, Aitken J, Bagg J. Contaminated dental instruments. J Hosp Infect 2002;51:233-5
- Everington D, Smith A, Ward H, Letters S, Will R, Bagg J. Dental treatment and risk of variant CJD--a case control study. Br Dent J 2007;202:E19; discussion 470-1..
- UK Department of Health. « http://www.dh.gov.uk/en/Publicationsandstatis-tics/Publications/PublicationsPolicyAndGuidance/DH_081170 »(Archive • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?) Potential vCJD transmission risks via dentistry : an interim review], 2007, consulté 8 mai 2011.
- Malhotra R (2017) News intitulée Watch a monkey floss its teeth with a bird feather ; publiée par The New Scientist, le 10 November 2017 (avec vidéo)
- Science Mag (2017) Monkeys may have better dental hygiene than you , publié le 16 novembre 2017 par la revue Science
Voir aussi