Homéostasie

En biologie et en systémique, l’homéostasie est un phénomène par lequel un facteur clé (par exemple, température) est maintenu autour d'une valeur bénéfique pour le système considéré, grâce à un processus de régulation. Des exemples typiques d'homéostasie sont : la température d'une pièce grâce à un thermostat, la température du corps d'un animal homéotherme, le taux de sucre sanguin, le degré d'acidité d'un milieu, la pression interne d'un milieu... Plus globalement, on désigne aussi par homéostasie la capacité globale d'un système à maintenir tout un ensemble de tels facteurs clés, notamment chez un organisme vivant.

Opérant comme un système de régulation, l’homéostasie requiert un capteur (naturel ou artificiel) qui mesure le facteur réel, un actionneur capable d'agir sur sa valeur, et entre les deux un processus d'ajustement permettant de faire varier l'activité de l'actionneur en fonction de la valeur mesurée. En automatisme, il s'agit d'un centre de contrôle quelconque (thermostat, variateur de vitesse...) ; dans un organisme, une multitude de phénomènes existent qui jouent le même rôle de principe. Par exemple, pour la régulation du taux de sucre sanguin, toute une cascade de processus biochimiques impliquant plusieurs hormones participe à cet ajustement. Le concept d'homéostasie en biologie est critiqué par certains auteurs car de nombreuses quantités biologiques ne varient pas autour d'une moyenne cible mais varient au contraire de manière complexe[1],[2].

Initialement défini par Claude Bernard[3] le terme homéostasie provient du grec ὅμοιος, hómoios, « similaire », et στάσις (ἡ), stásis, « stabilité, action de se tenir debout ». La notion s'est ensuite révélée utile à l’étude de toutes sortes d'organismes et systèmes en biologie, sociologie, politique, automatismes, et plus généralement dans les sciences des systèmes. L’idée d’homéostasie fut aussi abondamment utilisée par W. Ross Ashby, l'un des pères de la cybernétique, qui en a donné une illustration purement physique par la construction d'un « homéostat » composé d'éléments mobiles qui retrouvent leur position de stabilité après avoir été perturbés. Dans les neurosciences, l'homéostasie joue un rôle clé dans une théorie spéculative de la conscience et du sentiment d'unité du Soi[4].

Régulation

  • Le système nerveux autonome ainsi que le système endocrinien, jouent un rôle incontournable dans le maintien de l'homéostasie. Ce sont les seuls systèmes capables de détecter et de corriger les anomalies de composition du milieu intérieur ou les parties internes du corps.

Exemples

Pour les animaux homéothermes (appelés aujourd'hui préférentiellement endothermes), un des paramètres principaux de l'homéostasie est la régulation de la composition du sang et de ses paramètres dynamiques (mécanique des fluides), pour éviter les déficits ou les excès, notamment :

Cette régulation se fait entre autres par

  1. le rythme cardiaque et le rythme ventilatoire, qui régulent la diffusion du dioxygène, des ions, des nutriments... à travers le corps ;
  2. l'ouverture ou la fermeture des vaisseaux sanguins (vasodilatation, vasoconstriction), qui fait varier la pression artérielle et influe sur les pertes de chaleur ;
  3. la miction, l'élimination par les urines des excès (en eau, en ions) ;
  4. la sudation, élimination par la sueur des excès et abaissement de la température par évaporation ;
  5. la contraction musculaire, qui produit de la chaleur (seule 15 à 25 % de l'énergie produite sert au mouvement, les 75 à 85 % restants sont dégagés sous forme de chaleur) ;
  • la faim et la soif, qui poussent à boire et à manger et donc permettent des apports pour combler les déficits. L'intégration de tels paramètres dont on sait qu'ils sont très sensibles à des facteurs psychologiques, incline à élargir la notion d'homéostasie pour y inclure par exemple le maintien d'un poids corporel stable. La pathologie de cette stabilité invite à envisager la notion de "degrés" dans l'homéostasie. Cette notion concernera dès lors aussi bien l'humeur (via la stabilité homéostatique des neuromédiateurs) que tous les autres paramètres évoqués (stabilité de la régulation de la tension artérielle, du pouls, du rythme respiratoire, etc.).

Homéostasie et les organisations et/ou entreprises

Pour Ivinza Lepapa [5], le concept d'homéostasie peut être expliquée dans une organisation et/ou dans une entreprise par la notion de changement d'organisation. Pour lui, « suivant l'hypothèse d'Edgar Morin qui considère que la vie d'un système implique un double mouvement (un mouvement de corruption et de désorganisation et un mouvement de fabrication et de réorganisation) »[6], l'homéostasie est « la conjonction des processus par lesquels un système (vivant) résiste au courant général de corruption et de dégénérescence. Elle désigne donc l'ensemble des rétroactions correctrices et régulatrices par lequel la dégradation déclenche la production et la réorganisation. »[7] Et, comme les organisations et/ou les entreprises actuelles évoluent dans des environnements qui offrent des opportunités d'une part, et des menaces d'autre part, l'homéostasie serait alors constituée à partir des caractéristiques évolutives propres à la structure d'une organisation et/ou à leurs acteurs, qui sont liées à leur tour aux opportunités et menaces présentes influençant les décisions, les actions ou le management des organisations et/ou entreprises tout en cherchent à en tirer parti pour s'assurer un avantage sur leurs concurrents. Ces facteurs sont connus sous le nom de "facteurs de contingence" et, au modèle proche d'Henry Mintzberg, l'on peut citer, comme Jak Jabes, quelques facteurs qui poussent les organisations à changer ou à réagir face au changement, à savoir :

  • l'accroissement des connaissances ;
  • les progrès techniques ;
  • l'évolution des systèmes des valeurs ;
  • et l'internationalisation des économies.

La combinaison de ces différents facteurs crée ainsi un environnement de plus en plus concurrentiel et changeant autour de l'entreprise, l'obligeant à des efforts d'innovation de plus en plus intenses.[8].

Notes et références

  1. (en) Bruce J West, Where Medicine Went Wrong (DOI 10.1142/6175, lire en ligne)
  2. (en) Giuseppe Longo et Maël Montévil, Perspectives on Organisms - Springer (DOI 10.1007/978-3-642-35938-5, lire en ligne)
  3. Claude Bernard, Introduction à l'étude de la médecine expérimentale, 1865.
  4. Antonio Damasio, Le sentiment même de soi, Odile Jacob,
  5. Alphonse Ivinza Lepapa, " Analyse de l'introduction de l'EDI dans les entreprises congolaises: une contribution à l'impact organisationnel des TI ", Tome 1, EUE, 2010, page 140 à 141.
  6. Michel Bonami, Bernard de Hennin, Jean-Michel Boque et Jean-Jacques Legrand, " Management des systèmes complexes : pensée systémique et intervention dans les organisations ", De Boeck Université, Bruxelles, 1993, page 15, cité par Alphonse Ivinza Lepapa, op.cit, 2010.
  7. Michel Bonami et al, op.cit, 1993, page 76, cité par Alphonse Ivinza Lepapa, op.cit, 2010, page 140.
  8. Jak Jabes, "Changement et développement organisationnel", in Nicole AUBERT et al., "Management : aspects humains et organisationnels", PUF fondamental, 1996, Paris, page 594, cité par Alphonse Ivinza Lepapa, op.cit, 2010, page 141.

Voir aussi

Articles connexes

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