Ataraxie

L'ataraxie (du grec ἀταραξία, signifiant « absence de troubles ») apparaît d'abord chez Démocrite et désigne la tranquillité de l’âme ou encore la paix de cette dernière résultant de la modération et de l’harmonie de l'existence. L’ataraxie devient ensuite le principe du bonheur (eudaimonia) dans le stoïcisme, l'épicurisme et le scepticisme. Elle provient d’un état de profonde quiétude, découlant de l'absence de tout trouble ou douleur. Cette notion apparaît à l'époque d'Épicure (Ἐπίκουρος).

Définition

L'état d'ataraxie est définissable par l'absence de trouble, mais n'est pas uniquement une affaire mentale. L'étude rationnelle d'une éthique et d'une paix intérieure telle que firent ces trois mouvements philosophiques reste limitée par l'expression de ce sentiment de quiétude. Nous[Qui ?] ne pouvons que souligner l'importance des exercices corporels dans ces doctrines afin de mieux faire apparaître la relation complexe entre le corps et l'esprit. L'ataraxie est en effet liée, d'une façon non nécessaire[Quoi ?], à l'aponie, ou absence de troubles corporels. Selon Épicure, ces deux états liés mènent à l'euthymie.

Elle ne doit pas être confondue avec l'apathie ni l'anhédonie.

Dans le scepticisme

Au sein de l’école sceptique, et notamment chez Sextus Empiricus, l’ataraxie est le résultat de l’épochè, la suspension de l'assentiment ou du jugement. Elle consiste dans le fait, grâce à l'absence de jugements dogmatiques, de ne pas vivre les désirs et les craintes que créent les dogmatiques en imaginant que certaines choses sont bonnes et d'autres mauvaises[1]. Les sceptiques pensent que la valeur de l'ataraxie réside dans son caractère d'absence ou de déni de connaissance, c’est-à-dire que le scepticisme prône l'idée que la connaissance n'est pas nécessaire à l'action, mais qu'au contraire ce sont nos convictions qui nous paralysent.

En revanche, les sceptiques n'arrêtent pas leur réflexion sur les choses et les évènements ; ils n'accordent simplement aucun crédit ni aucune véritable certitude sur l'une ou l'autre vision des choses, ce qui n'empêche nullement l'action[2].

Dès lors, une libération intérieure résulte de ce détachement face aux affections rencontrées au fil des jours, et permet à l'individu d'envisager la vie libérée des troubles, d'où résulte cette absence de trouble, l'ataraxie.

Dans l'épicurisme

Pour Épicure, la réflexion sur le bonheur est incontournable car l'existence de l'humain est tout entière dominée par la recherche des causes qui le produisent. Épicure enseigne à distinguer les désirs naturels des désirs non naturels, et les désirs nécessaires des désirs non nécessaires :

« Quand nous disons que le plaisir est notre but, nous n'entendons pas par là les plaisirs des débauchés ni ceux qui se rattachent à la jouissance matérielle, ainsi que le disent ceux qui ignorent notre doctrine, ou qui sont en désaccord avec elle, ou qui l'interprètent dans un mauvais sens. Le plaisir que nous avons en vue est caractérisé par l'absence de souffrance corporelle et de troubles de l'âme[3]. »

« Il n'est pas possible de vivre de façon bonne et juste, sans vivre avec plaisir »[3].

Il faut viser la suffisance à soi, car ainsi la douleur provenant du manque est supprimée.

Pour Épicure, une amitié restreinte mais véritable est importante à l'ataraxie donc[pas clair] c'est atteindre l'aponie. Dans le jardin d'Épicure, seuls ses vrais amis sont présents, ce qui empêche tout trouble de l'âme.

Dans le stoïcisme

Pour les adeptes du stoïcisme (chez Epictète il apparaît comme le complément de l'apatheia, l'absence de passion), l'ataraxie désigne un état acquis grâce à la méditation et un travail sur soi, notamment l'étude de leur doctrine. La quiétude stoïcienne résulte de la connaissance du mouvement de l'univers, animé selon eux par un air chaud (le pneuma) animant tout l'univers dans un mouvement infini et cyclique d'inspiration et d'expiration. L'éthique est ainsi imbriquée avec la physique. En méditant sur le cosmos, les stoïciens tentaient de trouver un rythme de vie calqué sur la totalité cosmique, libérée des passions négatives, qui deviennent des troubles et engendrent angoisse et colère. Ce détachement amène donc le stoïcien à considérer chaque évènement comme un moment nécessaire à la bonne marche de l'univers.

En médecine

Et plus spécifiquement en neuro-psychiatrie, l'ataraxie est qualifiée de « calme d'esprit ». C'est l'état d'une personne qui ne se laisse troubler par rien. C'est un état d'indifférence émotionnelle totale du sujet qui n'éprouve pas d'émotion émanant de lui-même et qui lui serait propre.

Le nom du médicament anxiolytique Atarax est d'ailleurs dévié de ce mot.

Notes et références

  1. Voir par exemple les Esquisses pyrrhoniennes, I, 12 (p. 71 dans la traduction de Pierre Pellegrin), ou encore Contre les moralistes, V (p. 24-27 dans la traduction anglophone de Richard Bett).
  2. Ainsi, on peut par exemple penser à l'inférence bayésienne ; toutefois, le pyrrhonisme n'admet aucune forme de probabilité, contrairement à certains membres "sceptiques" de la Nouvelle Académie.
  3. Lettre à Ménécée [réf. incomplète]

Voir aussi

Bibliographie

  • Diogène Laërce, Vies, doctrines et sentences des philosophes illustres [détail des éditions] (lire en ligne).
  • Florence Laborie, « Quand la philosophie engage la vie », Autres Temps. Cahiers d'éthique sociale et politique, vol. 78, no 1, , p. 46-56 (lire en ligne).
  • Simone Manon, « La sagesse épicurienne », sur www.philolog.fr, (consulté le 25 avril 2017).
  • Geneviève Rodis-Lewis, Épicure et son école, Paris, Gallimard, coll. « Folio », (1re éd. 1976), 416 p. (ISBN 9782070327836).

Articles connexes

  • Apatheia
  • Aponie
  • Équanimité
  • Shanti

Lien externe

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