Assainissement non collectif
L'assainissement non collectif ou assainissement autonome est le traitement des eaux usées domestiques sans les égouts, réseau collectif.
Le concept d'assainissement autonome désigne généralement l'ensemble des étapes de traitement permettant d'éliminer les eaux usées d'une habitation individuelle, unifamiliale, en principe sur la parcelle portant l'habitation, sans transport des eaux usées. Une extension (plus rare) concerne le traitement des eaux usées de quelques habitations voisines sur un terrain privé. On parle alors d'assainissement autonome mais groupé. En revanche un groupement qui comporte un petit réseau de collecte et un dispositif de traitement (épandage, massif filtrant, etc ) sur terrain communal est considéré comme un assainissement semi-collectif[1].
Système classique
Collecte
La collecte consiste à diriger les effluents produit de l'habitation (cuisine, salle de bain, toilette...) vers le système de prétraitement. Le diamètre des conduites doit être dimensionné de façon à permettre une évacuation rapide des eaux usées.
Traitement par fosse toutes eaux
La « fosse toutes eaux » est parfois utilisée comme prétraitement. Son rôle est de retenir les matières solides et les déchets flottants dont les huiles et les carburants. Ce système seul ne traite cependant que 30 % de la pollution initiale[2].
Les fosses toutes eaux sont ainsi appelées car elles recueillent toutes les eaux de la maison, et non seulement les eaux en provenance des toilettes (ou eaux grises). Anciennement, les fosses septiques recueillaient uniquement les eaux grises, mais ce type de système est interdit depuis 2009. Dans certaines solutions, comme dans les Micro-stations d'épuration ou les filtres compacts, la fosse toutes eaux est remplacée par un premier compartiment à l'intérieur de la solution d'assainissement (appelé le décanteur) qui prend alors pour fonction le prétraitement des eaux usées.
- Fonction physique
- La fonction principale de la fosse toutes eaux est la séparation gravitaire des solides qui se déposent au fond du compartiment, les flottants (graisses, eau, huiles[3], papiers, etc.) restant aussi dans la partie haute de ce premier compartiment.
- Fonction biologique
- Dans une certaine mesure, on a une liquéfaction par digestion de bactéries anaérobies. Dégagement de gaz nécessitant une ventilation secondaire en sortie de fosse. L'absence d'air forcé limite fortement cette opération dans les fosses toutes eaux.
L'arrivée des effluents se fait dans le premier compartiment par un déflecteur pour garantir la tranquillisation des effluents et ne pas perturber la fonction physique et le travail des bactéries anaérobies.
Le passage du premier compartiment au second se fait par une cloison dite siphoïde bloquant les flottants et garantissant aussi la tranquillisation.
Préfiltre
Le préfiltre est très souvent situé en aval de la fosse. Il permet de retenir les grosses particules qui pourraient échapper à la fosse et évite ainsi tout risque de colmatage du système de traitement.
La pouzzolane est généralement utilisée comme filtre à particule.
Il existe aussi des filières où le préfiltre est incorporé à la fosse toutes eaux.
Bac dégraisseur
Situé en général en amont de la fosse, le bac dégraisseur retient les huiles, graisses et flottants ainsi qu'une partie des matières lourdes.
Ce système est utilisé en cas d'importants rejets de graisse ou dans les cas où la fosse toutes eaux est éloignée de l'habitation. Il permet dans ce dernier cas d'éviter la solidification par le froid des graisses dans la tuyauterie (colmatage des conduites).
Ce cas particulier de solidification des graisses est à prendre en compte, surtout, dans le cadre d'une installation où la pente de la tuyauterie jusqu'à la fosse toutes eaux est faible.
Sa mise en place est évitée dans la mesure du possible afin de limiter la charge d'entretien du matériel. Elle est par contre obligatoire dans le cadre d'une activité liée à la restauration.
Dispersion
Une fois pré-traitées, les eaux sont dispersées à même le terrain, grâce à des drains d'infiltration. Les bactéries aérobies présentes dans le sol traitent la pollution des eaux pré-traitées par la fosse. Les eaux en sortie de fosse n'étant que partiellement traitées, il est interdit de les rejeter dans un cours d'eau, un fossé ou un puits perdu (appelé aussi puisard).
Micro-station d'épuration
Une micro-station d'épuration est un dispositif permettant d'effectuer le traitement complet des eaux usées. Ce dispositif se présente sous la forme d'un seul module compartimenté à l'intérieur.
Une micro-station d'épuration fonctionne sur le même principe que les stations d'épurations municipales, grâce à l'aération. Le traitement est donc uniquement bactérien, sans filtration physique.
Les micro-stations existent depuis très longtemps, mais connaissent un regain d'intérêt depuis quelques années en raison de leur compacité, de leur flexibilité et de leur facilité d'installation.
Filtre compact
Un filtre compact est un dispositif permettant d'effectuer le traitement complet des eaux usées. Ce dispositif se présente sous la forme d'un seul module compartimenté à l'intérieur et rempli d'un média filtrant. Le traitement est donc biologique (bactérien) et mécanique (filtration physique).
Les filtres compacts présentent l'avantage de ne pas consommer d'énergie et connaissent un engouement depuis quelques années en raison de leur compacité, de leur flexibilité, de leur consommation nulle en énergie et de leur facilité d'installation. Certains médias utilisés sont compostables (comme le Xylit).
Système alternatif
D'autres systèmes dits d'assainissement écologique fonctionnent sur le principe de la dissociation des flux d'eaux ménagères et des excrétas, avec parfois, pour ces derniers, la séparation de l'urine et des matières fécales pour des traitements adaptés de valorisation.
Réglementation
En France
Subventions pour l'assainissement non collectif
L'assainissement non collectif coûte très cher, et constitue un enjeu de santé publique. Une installation complète peut en effet coûter jusqu'à plus de 10 000 euros[4].
En effet, le rejet dans la nature d'eaux usées non épurées peut poser des problèmes graves de santé aux humains, notamment véhiculer des maladies graves comme le choléra.
Pour inciter les citoyens à mettre leurs installations d'assainissement non collectif aux normes, les gouvernements et les collectivités locales proposent un certain nombre de subventions.
En France, il peut s'agir de prêts de la CAF, de l'éco-prêt à taux zéro, ou de subventions de l'Agence de l'eau ou de l'ANAH voire de la caisse des retraites.
L'assainissement non collectif depuis 2012
Entrés en vigueur le 1er juillet 2012, deux arrêtés ont modifié la réglementation concernant les installations d'assainissement non collectif[5].
La nouvelle législation devait permettre d'une part l'installation de système d'assainissement neufs et de qualité, et d'autre part le remplacement des installations devenues trop vieilles et dangereuses pour l'environnement et la santé.
En modifiant les dispositions entourant l'assainissement non collectif, les pouvoirs publics ont également voulu uniformiser les politiques communales traitant de ce sujet et notamment mettre un terme aux disparités concernant les contrôles effectués chez les particuliers.
Les communes étant responsables des politiques d'assainissement, le gouvernement a souhaité harmoniser les pratiques afin d'éviter de trop grandes différences entre les territoires.
Le premier arrêté concernant l'assainissement non collectif date du 7 mars 2012[6], le second du 27 avril 2012[7]. La question du contrôle des installations est particulièrement importante puisque les SPANC[8] (Service Public d'Assainissement non collectif) voient les modalités de contrôle ainsi que les critères d'évaluation des risques devenir plus précis.
Dorénavant, les agents chargés de contrôler les installations doivent suivre de nouvelles instructions et changer les modes de contrôle.
Pour les usagers, ces modifications entraînent également quelques changements.
Si un contrôle révèle un problème de conformité, ces derniers ont une année à leur disposition pour remédier au problème s'ils souhaitent vendre leurs biens, et un délai de quatre ans pour réaliser des réparations ou changer de système d'assainissement si l'installation actuelle se révèle dangereuse pour la santé ou pour l'environnement.
En Belgique
En Suisse
Au Canada
Notes et références
- Glossaire du SDAGE Nord-Picardie, Agence de l'eau
- Description et fonctionnement d'une fosse toutes eaux (FTE) et d'un filtre à sable non drainé, sur enseeiht.fr, consulté le 19 janvier 2017.
- A la longue les huiles peuvent se transformer en savon solide qu'il faut éliminer pour préserver le bon fonctionnement su système.
- « Coût de l'assainissement individuel », FactoryFuture, (lire en ligne)
- « Assainissement non collectif les règles changent au 1er juillet 2012 », sur Ministère des Affaires sociales et de la santé (consulté le 7 août 2015)
- Arrêté du 7 mars 2012 modifiant l'arrêté du 7 septembre 2009 fixant les prescriptions techniques applicables aux installations d'assainissement non collectif recevant une charge brute de pollution organique inférieure ou égale à 1,2 kg/j de DBO5
- Arrêté du 27 avril 2012 relatif aux modalités de l'exécution de la mission de contrôle des installations d'assainissement non collectif
- « Le Service Public d’Assainissement Non Collectif (SPANC) », sur assainissement-non-collectif.developpement-durable.gouv.fr (consulté le 7 août 2015)
Voir aussi
Articles connexes
- Assainissement
- Circuit de distribution d'eau
- Fosse septique
- Lagunage
- Micro-station d'épuration
- Filtre compact
- Observatoire de l'eau
- Pompage en ligne
- Traitement des eaux usées
- Liste des technologies d'assainissement
Bibliographie
- Protocole d’évaluation technique pour les installations d’assainissement non collectif dont la charge est inférieure ou égale à 20 équivalents habitants en vue de leur agrément par les ministères chargés de l’environnement et de la santé – AFSSET, janvier 2009.
- Comité Scientifique et Technique des Industries Climatiques, Mise en œuvre de l'assainissement individuel, guide pratique, septembre 2000.
- Les enjeux de l’assainissement non collectif – EPARCO/ Tns sofres, février 2008
- Enquête nationale sur les problématiques et enjeux de l'ANC - Réseau idéal, janvier 2009.
- Évaluation de la mise en place et du fonctionnement des services publics d’assainissement non collectif - Ministère de l’écologie et du développement durable/ Service Public 2000, février et juin 2005.
Liens externes
- Portail Interministériel sur l'assainissement non collectif (Ministères de l'écologie et de la Santé)
- Site Assainissement Durable
- Assainissement non collectif écologique
- Portail de l'assainissement
- Portail de l’eau