Amaroli
L’amaroli est le nom donné à la pratique qui consiste à boire une partie de son urine pour entretenir sa santé ou se soigner. En Occident, elle est appelée urinothérapie, ou auto-urine thérapie. Il n'y a pas de preuves scientifiques d'un effet thérapeutique de cette pratique, et les risques d'intoxication sont importants.
Histoire
L'usage religieux de l'urinothérapie est documenté dans un texte sanskrit daté de 5000 ans, le Damar Tantra dans lequel la pratique s'appelle « Shivambu Kalpa »[1]. Le papyrus Ebers, l'un des plus anciens traités médicaux qui nous soit parvenu et qui aurait été rédigé au XVIe siècle avant notre ère, propose 55 recettes à base d'urine[2].
Depuis des siècles à Dongyang en Chine, les « œufs de garçon vierge » sont cuisinés dans de l'urine d'écoliers âgés de préférence de moins de 10 ans. Selon la médecine traditionnelle chinoise, ce mets aurait comme effet bénéfique de rétablir le yin, de diminuer la chaleur corporelle lors des journées chaudes d'été, et d'améliorer la circulation sanguine[3],[4]. En 2008, les « les œufs de garçon vierge » ont été inscrits au patrimoine culturel immatériel local[5],[6].
Au XXe siècle, l'ancien premier ministre indien Morarji Desai fut un ardent défenseur de cette méthode tout en étant la risée de ses pairs[7]. Gandhi a abordé le sujet mais ne l'a jamais pratiqué[7].
En Allemagne[8], l'amaroli aurait séduit cinq millions de personnes, deux millions au Japon et un million aux Pays-Bas. Des congrès mondiaux réunissant notamment des médecins ont été consacrés à l'amaroli en Europe à la fin du XXe siècle[9]. Selon la littérature de ses partisans sur le sujet, l'amaroli aurait des propriétés curatives étonnantes (augmentation des processus naturels d'élimination), mais beaucoup l'utilisent aussi à titre préventif, et comme cosmétique[9].
La prise d'urine par les pratiquants est précédée de certaines règles. Généralement, l'absorption d'urine est limitée, il est conseillé de la précéder de l'absorption d'une nourriture saine et toujours suivie de l'absorption d'une quantité importante d'eau claire.
Avantages prétendus et risques
Il s'agit d'une méthode empirique dont l'efficacité n'a jamais été prouvée.
Pour donner un intérêt à cette pratique, les promoteurs actuels prétendent que le sac amniotique est constitué de 80 % d'urine et qu'il serait bénéfique pour le fœtus[10]. D'autres mettent en avant la présence de vitamines, en particulier de vitamine C. Si l'urine contient effectivement des traces de produits potentiellement bénéfiques en très petite quantité, elle contient aussi en grande quantité des produits nocifs dont le corps se débarrasse via la miction, toxines et déchets du métabolisme (mécanisme d'élimination rénale). L'urine concentre également de nombreux poisons, produits naturellement par l'organisme, ou absorbés et devant être évacués, tels que les drogues qui ont été consommées (voir Composition de l'urine).
Pour une personne saine, l’urine est normalement stérile dans la vessie, limitant le risque de contamination bactérienne ; cependant, celle-ci est faiblement contaminée par les microorganismes commensaux présents sur le pourtour du méat urinaire lors de la miction. Cette contamination est prise en compte lors d'analyse urinaire mais est normalisée dans sa nature qualitative : espèces de micro-organismes, et quantitative : seuil de concentration de bactéries par millilitre. C'est aussi pour cette raison qu'il est malgré tout conseillé d'éliminer les premières gouttes d'urine avant de constituer un échantillon interprétable. La méthode présente donc, en principe, peu de risques d'infection ; le cas est différent si la personne souffre d'une infection urinaire, puisque les germes se retrouveraient alors dans les voies urinaires.
Si l'urine n'a que peu de valeur nutritionnelle connue, de nombreux composants de l'urine (urée, urokinase) demeurent utilisés à grande échelle dans l'industrie (produits pharmaceutiques, cosmétiques) et l'agriculture[11].
Sans réelle définition concrète ni preuve empirique de son efficacité, mais présentant en revanche de réels risques de dérives vers l'abus de faiblesse, l'urinothérapie est considérée par les autorités médicales comme une pseudo-science potentiellement dangereuse et régulièrement citée par la commission de l'Assemblée Nationale sur les dérives sectaires (MIVILUDES)[12].
Références
- (en) Harald Tietze, Urine the Holy Water, Harald Tietze Publishing, , p. 11
- (en) Flora Peschek-Böhmer, Gisela Schreiber, Urine Therapy: Nature's Elixir for Good Health, Inner Traditions / Bear & Co, , p. 46
- « Un snack délicieux : des œufs couvés à l'urine », sur Le Nouvel Observateur,
- http://www.chine-informations.com/actualite/les-oeufs-trempes-dans-urine-de-garcon-sont-apprecies-en-chine_28266.html
- http://www.beurk.com/le-beurk-des-uns-le-miam-des-autres/oeuf-garcon-vierge
- https://www.reuters.com/article/2012/03/29/us-china-urine-eggs-idUSBRE82S0EE20120329
- Urinothérapie : une panacée difficile à avaler psychologies.com
- Urinothérapie : une panacée difficile à avaler psychologies.com
- Ludmilla de Bardo, Johanne Razanamahay, Françoise Schaller-Nitelet, Kiran Vyas, Christian Tal Schaller, Amaroli : une medécine naturelle, efficace et gratuite, éprouvée depuis des millénaires, Chène-Bourg/Genève, Éditions Vivez Soleil, , 220 p. (OCLC 488903200)
- Thierry Berrod, documentaire « Les superpouvoirs de l'urine » sur Arte, 14 novembre 2014, 40 secondes.
- (en) Robert Carroll, The Skeptic's Dictionary. A Collection of Strange Beliefs, Amusing Deceptions, and Dangerous Delusions, John Wiley & Sons, , p. 391-394
- « Les dérives sectaires dans le domaine de la santé », sur derives-sectes.gouv.fr.
Bibliographie
- Docteur Christian Tal Schaller, Amaroli, Vivez Soleil, 1993
- Johanne Razanamahay, Urinothérapie (Amaroli): Un médicament naturel, Vivez Soleil, 2002
- Coen van der Kroon, L'élixir de vie : Guide complet de l'urinothérapie, Jouvence, 2005
- Morarji Desai, Miracles of Urine Therapy, Pankaj Publications, 2004
- John W. Armstrong, The Water Of Life: A Treatise On Urine Therapy, Vermillion, 2005 (écrit dans les années 1920, première édition en 1944)
- Carol Steinfeld, Malcolm Wells (illustrations), Liquid Gold: A Short History of Urine Use (And Safe Ways to Use It to Grow Plants), Carol Steinfeld, 2004
Liens externes
- Article de Cendrine Barruyer paru en janvier 1999 dans le magazine Psychologies
- L’urine n’est pas un médicament afrik.com, Cameroun
- Urinothérapie (Amaroli) ressources sceptiques
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