État de conscience
L'état de conscience représente, chez la victime d'un accident, d'une maladie ou d'un malaise, la première étape de l'évaluation neurologique. La conscience est une des fonctions vitales, qui assure la survie de la personne en lui permettant d'avoir un comportement adapté à l'environnement, et ce par les réflexes de protection des voies aériennes (déglutition, toux, tonus musculaire, notamment du sphincter cardia, de la langue et de l'épiglotte...). La perte de ces réflexes représente un danger pour la personne puisqu'elle ne protège plus spontanément ses voies aériennes et risque donc de mourir étouffée.
États normaux
Les physiologistes distinguent au moins trois états normaux de la conscience :
- l'éveil actif ;
- le sommeil lent ;
- le sommeil paradoxal (avec mouvements oculaires rapides et excitation des organes sexuels).
Autres états discutés
À ces trois états bien connus, on peut ajouter un quatrième état de conscience qui se situe spontanément à l'endormissement et qui est systématiquement cultivé par les méthodes de relaxation. Cet état a reçu plusieurs dénominations « quatrième état » (Wallace, Benson), « état sophronique » (Caycedo)[1], « état d'éveil paradoxal » (Auriol suivi par Roustang), « Turiya » (hindouisme) etc.
Par ailleurs, Freud parlait d'un état de rêve éveillé. Les études sur le rêve éveillé ont été reprises par Robert Desoille ainsi que par d'autres chercheurs comme Patricia Garfield et Frederick Van Ecden.
Certains chercheurs, comme Bernard Auriol, ont défini un état de veille paradoxale de même que l'on définit le sommeil paradoxal[2].
D'autres états de conscience plus évolués semblent être obtenus par des yogis. Le docteur Herbert Benson, après avoir reçu l'autorisation du dalaï-lama, a procédé à des études sur des moines tibétains qui pouvaient, grâce à la méditation, se mettre dans des états de conscience particuliers[3]. La sophrologie, créée par Alfonso Caycedo, est une science qui étudierait les modifications de la conscience humaine.
Il existe aussi plusieurs états modifiés de conscience (EMC) qui font l'objet à la fois de recherche scientifique, collective (communautés) et personnelle.
Comme l'ont montré de nombreux anthropologues, ethnologues, sociologues et psychologues, les états de la conscience peuvent être modifiés lors de rituels, de fêtes, de traditions, d'occasions où des individus modifient volontairement cet état de conscience afin d'entrer en communication avec des dieux, des déesses, des êtres surnaturels, et/ou de vivre dans une autre dimension spatiale et temporelle. Certains gestes corporels, certaines démarches spirituelles permettent de modifier l'état normal de conscience d'un individu. L'usage de substances psychoactives par exemple permet de modifier ces états de conscience. Cette modification peut être recherchée volontairement afin de modifier l'état de conscience de soi, et d'atténuer ou de renforcer la conscience de soi pendant la durée des effets de la substance, par exemple l'usage de cocaïne lors de soirées privées afin d'avoir plus confiance en soi, de se sentir invincible, drôle, beau ou belle... La modification d'un état normal de conscience peut être vue comme un moyen de modifier les interactions entre les individus, au sein de société ou de communauté.
L'usage régulier, occasionnel ou exceptionnel de drogues licites ou illicites modifie dans des proportions variées et différentes les états normaux de la conscience. Ces modifications peuvent avoir des conséquences graves pour l'usager ou la sécurité publique, si l'usage n'est pas encadré, contrôlé, régulé par des tiers. L'addiction produit par l'usage répété peut entraîner une modification quotidienne des états normaux de conscience, avec toutes les conséquences que cela peut entraîner sur le système nerveux, le cerveau, le corps, le bien-être, la sociabilité et la communication.
États anormaux
L'altération de la conscience est un état pathologique caractérisé par une difficulté d'éveil et de réaction, leur absence totale étant la perte de connaissance. On la rencontre essentiellement en cas de perte de connaissance brève ou de coma, au cours desquels l'altération de la conscience peut être plus ou moins profonde.
Évaluation
L'évaluation de la conscience se fait classiquement en trois étapes :
- absence/présence de la conscience :
- si la personne parle ou bouge spontanément, elle est dite consciente,
- sinon, on lui prend la main, on lui pose une question simple (du type vous m'entendez ?) et on lui donne un ordre simple (du type ouvrez les yeux !) ; si elle réagit, elle est dite consciente, sinon elle est dite inconsciente,
- qualité de la conscience :
- si une personne est consciente, on lui parle et on lui pose des questions pour déterminer si,
- elle parle de manière cohérente, est orientée (sait où elle est, connait la date, …),
- parle de manière cohérente mais est désorientée, a présenté une perte de conscience initiale,
- parle de manière incohérente ou incompréhensible,
- est somnolente et ne réagit qu'à la parole ou au toucher,
- si elle est inconsciente et qu'elle respire[alpha 1], on provoque une douleur mais sans provoquer de blessure (par exemple on lui appuie sur les ongles) pour déterminer si elle réagit à la douleur ou si elle ne réagit pas ;
- si une personne est consciente, on lui parle et on lui pose des questions pour déterminer si,
- un médecin, ou éventuellement un infirmier, teste d'autres réflexes pour approfondir le bilan neurologique.
On peut utiliser l'échelle de Glasgow pour chiffrer l'état de conscience. La détermination de l'état de conscience est un des éléments du bilan de premiers secours et du bilan de secouriste. Dans un contexte de premiers secours, on utilise parfois l'échelle AVPU.
En 2016, une analyse de la réponse du cerveau à des impulsions magnétiques permet de définir un « indice de complexité perturbationnelle » (PCI, pour Perturbational Complexity Index) qui sépare les patients non répondants et inconscients (PCI < 0,31) des patients conscients, répondants ou non (PCI > 0,31)[4],[5].
Prise en charge
L'altération de la conscience est un symptôme. Le cas le plus dramatique est celui de l'arrêt cardiaque, qui nécessite d'appeler les secours et d'entreprendre une réanimation cardiopulmonaire.
Si la personne ne réagit pas mais respire, il faut protéger ses voies aériennes, en la mettant sur le côté (en position latérale de sécurité) voire par intubation trachéale, en attendant de déterminer la cause de cet état.
Si la personne est consciente mais présente des troubles de la conscience (somnolence en dehors du rythme naturel du sommeil, paroles incohérentes ou incompréhensibles, changements d'humeur rapides et incompréhensibles, attitude agressive, …), il faut alerter les secours et leur décrire l'état de la personne, puis suivre leurs consignes.
Notes et références
Notes
- Voir les articles Bilan (premiers secours) et Libération des voies aériennes.
Références
- Pierre Etevenon et Bernard Santerre. États de conscience, Sophrologie et Yoga, Éditions Tchou, 2006
- États Modifiés de la Conscience
- le bouddhisme thibetain
- Christof Koch, « Mesurer la conscience est enfin possible », Pour la science, no 483, , p. 26-34.
- (en) Sylvia Casarotto, Angela Comanducci, Mario Rosanova, Simone Sarasso, Matteo Fecchio et al., « Stratification of unresponsive patients by an independently validated index of brain complexity », Annals of Neurology, vol. 80, no 5, , p. 718-729 (DOI 10.1002/ana.24779).
Voir aussi
- Psychotrope
- État modifié de conscience
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