Yi Chong-jun

Yi Chong-jun ou Yi Cheong-jun (nom préféré par l'auteur[1], en coréen : 이청준) est un écrivain sud-coréen né le et mort le [2].

Yi Chong-jun
Naissance
district de Jangheung
Décès (à 68 ans)
Séoul
Activité principale
écrivain, scénariste
Auteur
Langue d’écriture coréen

Auteur de plus de 100 nouvelles et de 13 romans[3], il est un des auteurs sud-coréens les plus respectés, récompensé par plusieurs grands prix littéraires du pays[3].

Biographie

Né en 1939, Yi Cheong-jun a obtenu un diplôme de littérature allemande à l'université nationale de Séoul. En 1965, il fait ses débuts littéraires avec une nouvelle intitulée Quitter l'hôpital (Toewon). Deux ans plus tard, il remporte le prix littéraire Dong-in pour son roman Les Cons et les imbéciles (Byeongsingwa meojeori).

Œuvre

Il est l'un des plus grands écrivains de la génération, dite "4.19" ; il a écrit à un rythme impressionnant sur de nombreux sujets. Les Cons et les imbéciles (Byeongsingwa mejeori, 1966) traite du malaise moral de la jeunesse coréenne d'après-guerre. Ce paradis qui est le vôtre (Dangsindeurui Cheonguk, 1976) explore la dialectique de la charité et la volonté de puissance, avec la colonie de lépreux de l'île de Sorokdo comme toile de fond. Culte secret de la flamme (Bihwamilgyo, 1985) est une sorte de méditation sur le sens des rituels humains, menée dans une société athée où aucune garantie de l'absolu ne peut être donnée. Les romans de Yi Cheong-jun englobent ainsi un large éventail de préoccupations politiques, existentielles et métaphysiques[4].

Cependant l'un des thèmes récurrents de ses romans a été le souci de la langue comme vecteur de vérité. Les Murs de la rumeur (Somunui byeok, 1972) décrit la manière dont la liberté d'expression a été réprimée dans l'atmosphère idéologique de la société coréenne à l'ère de la division nationale. Les histoires contenues dans le recueil À la recherche des mots perdus (Ireobeorin mareul chajaseo, 1981) peuvent être considérés comme une étude de la violence politique sur la langue. La tyrannie des systèmes politiques, qui va jusqu'à s'intérioriser dans les psychés individuelles, devient selon lui inextricablement liée à des questions de langue[5].

Un autre de ses thèmes de prédilection est le rôle de l'art dans la vie. Ces premiers récits, tels que Le Fauconnier (Maejabi) et La Cible (Gwanyeok), mettent en scène des artisans qui se dédient corps et âme à leur métier, souvent au détriment des formes de bonheur "conventionnelles". À la fin de sa vie, Yi Cheong-jun s'est inspiré de l'art populaire traditionnel et de l'esprit coréen incarné en lui pour développer son écriture. Par exemple, son roman Les gens du sud 1 (Seopyeonje ou Namdosaram 1, 1993) met en avant le genre musical du pansori, une performance orale traditionnelle coréenne, qui met en scène un chanteur ou une chanteuse de contes accompagné(e) par un musicien percussionniste. Ici, l'expression artistique devient à la fois un mode de réconciliation avec la vie, en dépit de ses innombrables épreuves, et un objet de transcendance. Les Gens du sud 1 (Seopyeonje) a été adapté en film sous le titre de La chanteuse de pansori et a contribué à faire revivre un intérêt populaire pour l'art du pansori[5].

Bibliographie

  • L'Île d'Io, trad. de Ch'oe Yun et Patrick Maurus, Arles, France, Éditions Actes Sud, coll. « Lettres coréennes », 1991, 96 p. (ISBN 978-2-8686-9605-2)
  • Le Prophète, trad. de Patrick Maurus, Arles, France, Éditions Actes Sud, coll. « Lettres coréennes », 1991, 96 p. (ISBN 978-2-8686-9768-4)
  • Ce paradis qui est le vôtre, trad. de Patrick Maurus, Arles, France, Éditions Actes Sud, coll. « Lettres coréennes », 1993, 256 p. (ISBN 978-2-8686-9954-1)
  • L'Harmonium, trad. de Patrick Maurus, Arles, France, Éditions Actes Sud, coll. « Lettres coréennes », 2001, 192 p. (ISBN 978-2-7427-3308-8)
  • Le Bol de riz du maître, trad. de Jacques Batilliot, ill. de Kang Woo-Hyon, Marseille, France, Éditions Autres Temps, coll. « Jeunesse », 2007, 121 p. (ISBN 978-2-84521-291-6)
  • Les Gens du sud, trad. de Kim Jung-Sook, Arnaud Montigny, Yang Jung-Hee, Ch'oe Yun et Patrick Maurus, Arles, France, Éditions Actes Sud, coll. « Domaine étranger », 2007, 160 p. (ISBN 978-2-7427-6848-6)
  • Dialogue avec un vieil arbre géant, trad. de Patrick Maurus, Arles, France, Éditions Actes Sud, coll. « Domaine étranger », 2011, 370 p. (ISBN 978-2-330-00197-1)
  • L'Azalée blanche, trad. de Jeong Eun-Jin et Patrick Maurus avec l’aide de Margaret Chung et Jacques Batilliot, Arles, France, Éditions Actes Sud, coll. « Domaine étranger », 2014, 192 p. (ISBN 978-2-330-03206-7)
Sur l'auteur
  • Patrick Maurus, Tombeau pour Yi Chong-jun, coll. « Tan'Gun », Paris, Éditions L'Harmattan, 2011, 202 p. (ISBN 978-2-296-55164-0)

Œuvres adaptées au cinéma

  • Iodo, réalisé par Kim Ki-young, 1977.
  • La Chanteuse de pansori, réalisé par Im Kwon-taek, 1993, d'après Seopyeonje-Les Gens du sud 1, sur un chanteur traditionnel de pansori qui parcourt le pays accompagné de son fils adoptif et de sa fille.
  • Secret Sunshine, réalisé par Lee Chang-dong, 2007, d'après la nouvelle Histoire d'un vers (Beolle iyagi)[6].
- Prix d'interprétation féminine au festival de Cannes 2007 pour l'actrice Jeon Do-yeon.

Récompenses

  • 1967 : Prix Dong-in pour 병신과 머저리 Les cons et les imbéciles
  • 1978 : Prix Yi Sang pour 잔인한 도시 Ville cruelle[7]
  • 1985 : Prix Littérature coréenne pour 비화밀교 Culte secret de la flamme
  • 1990 : Prix littéraire Isan pour 자유의 문 La porte de la liberté
  • 1994 : Prix Daesan pour 흰 옷 Des vêtements blancs
  • 2007 : Prix Ho-am, section Arts

Voir aussi

Notes et références

  1. « Author Database », LTI Korea (consulté le )
  2. "이청준" biographical PDF available at LTI Korea Library or online at: http://klti.or.kr/ke_04_03_011.do#
  3. (en) Cathy Rose A. Garcia, « Novelist Lee Cheong-jun Dies », The Korea Times, (consulté le )
  4. "Lee Chong-jun" LTI Korea Datasheet available at LTI Korea Library or online at: http://klti.or.kr/ke_04_03_011.do#
  5. "Ma Jonggi" LTI Korea Datasheet available at LTI Korea Library or online at: http://klti.or.kr/ke_04_03_011.do#
  6. Emmanuèle Frois, « Lee Chang-dong au cœur de la souffrance », sur http://www.lefigaro.fr, (consulté le )
  7. « Yi Chong-jun : « Dialogue avec un vieil arbre géant » », sur KBS WORLD Radio (consulté le ).

Liens externes

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