Ermak Timofeïévitch

Ermak Timofeïévitch (en russe : Ермак Тимофеевич ; vers 1540-1585), cosaque du Don et l'un des premiers Russes à explorer la Sibérie occidentale[1], a permis à Ivan le Terrible de commencer la conquête de cette région et de reculer la frontière de la Russie de l'Oural à l'Irtych.

Ne doit pas être confondu avec Yarmouk.

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Les origines

Son grand-père, Afanassi Alemine, a fui dans le dénuement la ville de Souzdal pour se réfugier dans les forêts de la Volga supérieure, où il est devenu brigand. Son père, Timofeï, entreprend la même carrière et Vassili suit ses traces en prenant le nom de Ermak.

En 1570, les soldats du tsar purgent les rives de la Volga de ses voleurs, car leurs pillages nuisent à l'économie de la région. Contraint de fuir, Ermak remonte au nord, dans la région de Perm, où il se met au service des Stroganov.

Cette famille, qui a bâti sa fortune sur le commerce du sel et des fourrures, est à la tête du plus puissant empire commercial de Russie et c'est elle qui alimente justement Moscou en sel et en fourrures. Ivan IV avait autorisé les Stroganov à cultiver les terres vierges de l'est, à aménager des établissements et à lever une armée privée qui pourrait les protéger. En 1572, le même Ivan leur propose d'engager des Cosaques chargés de les défendre contre les incursions des Tatars de Sibérie. C'est dans ce contexte qu'Ermak est engagé pour participer à la garde de la frontière orientale, à la limite ouest de l'Oural.

Ermak en Sibérie

En 1575, les Stroganov sollicitent du tsar la permission d'envoyer des expéditions punitives en Sibérie occidentale afin de prévenir les attaques tatares. Ivan leur accorde l'autorisation de guerroyer contre les tribus orientales, en général, et contre le khan chaybanide Koutchoum, khan de Sibérie, en particulier. C'est à Ermak, reconnu pour son courage et son esprit de décision, que les Stroganov confient la tête de l'expédition. Celui-ci organise son voyage avec soin. Entre 1577 et 1580, il unifie les bandes cosaques qu'il a embauchées et qui finissent par le reconnaître comme chef unique et incontesté. Le , Ermak quitte Perm avec 640 Cosaques et 200 hommes que lui ont confiés les Stroganov. Ils sont armés d'arquebuses, de piques, de sabres et de poignards. Il s'agit d'une véritable armée miniature, et Ermak est secondé par cinq atamans, des bandits notoires qui ont fui la justice du tsar.

Bannière brandie dès 1581 par les Cosaques de Yermak durant la conquête de la Sibérie. Le lion, symbole de courage, affronte la licorne, traditionnellement associée aux pays de forêts profondes.

Par la Kama et ses affluents, Ermak et ses hommes s'enfoncent dans les monts Oural. C'est aux environs de la Toura qu'ils atteignent les frontières de la Sibérie occidentale. Ils repoussent facilement une première attaque tatare et passent l'hiver à Yepancha, près de l'actuelle ville de Tioumen.

À l'été 1582, Ermak et ses Cosaques descendent la Toura et la Tobol puis, à l'automne, s'emparent de Sibir, capitale du khanat de Sibérie, que Koutchoum est obligé de fuir. Sibir est située sur l'actuel emplacement de Tobolsk, au confluent de la Tobol, de l'Ob et de l'Irtych. C'est là qu'il passe l'hiver. Plusieurs tribus régionales, dont les Khantys (Ostiaks), préfèrent lui payer tribut plutôt qu'au khan.

L'hiver est dur pour la troupe cosaque et les attaques tatares se font de plus en plus persistantes. Ermak envoie l'ataman Ivan Koltso (ru) vers l'ouest pour demander de l'aide. À Perm, les Stroganov préfèrent le diriger vers Moscou où il est reçu par le tsar. D'abord sceptique, Ivan IV est étonnamment surpris des richesses rapportées de Sibérie. Il commande à Koltso de retourner à Sibir en promettant aide et assistance. Ermak parvient ainsi à repousser les troupes de Koutchoum.

À l'été 1583, il organise une nouvelle expédition le long de l'Irtych afin d'y soumettre d'autres tribus. Il progresse également le long de l'Ob. À la fin de l'année, sa domination s'étend à 400 kilomètres au nord de Sibir.

La mort d'Ermak

Au printemps 1584, une insurrection générale des tribus sibériennes éclate, menée par un de leurs chefs nommé Karatcha. Ivan Koltso et 40 Cosaques tombent dans une embuscade et sont égorgés. Karatcha est finalement vaincu par Ermak, mais il ne reste plus à celui-ci que 150 hommes pour maintenir l'ordre.

En août 1585, Koutchoum, qui veut se venger de ses défaites passées, fait répandre le bruit qu'une caravane de Boukhara a atteint l'Irtych. Ermak, dont l'une des missions est de protéger les routes commerciales de Sibérie, emmène avec lui 50 Cosaques et remonte la rivière afin de servir d'escorte aux marchands. Comme il ne trouve rien, il décide de les attendre et fait construire un camp sur une île de l'Irtych. Koutchoum et ses hommes en profitent pour l'encercler et l'attaquer. Ermak tente de fuir en traversant le fleuve, mais se noie.

Par la suite, Koutchoum réussit à reprendre Sibir, mais pour peu de temps. En 1586, ce sont les soldats du tsar qui pénètrent en Sibérie et qui entreprennent la conquête de la région. La même année, ils fondent Tioumen et, l'année suivante, reconquièrent Sibir qui devient Tobolsk. Koutchoum doit fuir. C'est la fin définitive du khanat de Sibérie.

Pour les Russes, Ermak est devenu une légende, le symbole du nouveau pouvoir occidental sur les Sibériens. Il est l'explorateur et le conquérant ayant ouvert la voie vers l'Est.

Ermak dans la culture populaire

Notes et références

  1. Cédric Gras, L'hiver aux trousses : Voyage en Russie d'Extrême-Orient, Paris, Gallimard, coll. « Folio », (1re éd. février 2016), 267 p. (ISBN 978-2-07-046794-5), « L'Aldan »

Liens externes

Bibliographie

  • Philip Longworth, Les Cosaques. Albin Michel. Paris. 1972.
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