Wighard

Wighard ou Wigheard est un prélat chrétien mort entre 664 et 667.

Wighard

L'entrée pour l'année 667 de la Chronique de Peterborough enregistre l'envoi à Rome de Wigheard et sa mort.
Biographie
Naissance ?
Kent
Ordre religieux Ordre de Saint-Benoît
Décès entre 664 et 667
Rome
Évêque de l’Église catholique
Consécration épiscopale sans doute jamais
Archevêque de Cantorbéry
× 667 – × 667

Ce prêtre originaire du Kent est élu archevêque de Cantorbéry après la mort de Deusdedit, en 664. Il se rend à Rome pour obtenir du pape Vitalien la confirmation de son élection, mais il y succombe à une épidémie de peste. Son décès offre au pape l'opportunité de choisir lui-même le nouvel archevêque de Cantorbéry, titre qu'il confie au moine Théodore de Tarse.

Biographie

Issu du royaume du Kent, Wighard est un prêtre appartenant au clergé séculier de l'archevêque de Cantorbéry Deusdedit, qui meurt le [1]. D'après le chroniqueur northumbrien Bède le Vénérable, il est choisi pour lui succéder et se rend à Rome, auprès du pape Vitalien, pour y être ordonné et recevoir le pallium, symbole de la charge archiépiscopale[2]. Bède offre deux récits différents de ces événements. Dans son Historia abbatum, il affirme que Wighard a été choisi par le roi du Kent Ecgberht Ier, mais quinze ans plus tard, dans son Histoire ecclésiastique du peuple anglais, il indique que ce choix a été effectué par Ecgberht et Oswiu, le roi de Northumbrie, « avec le consentement de la Sainte Église du peuple anglais[3],[4] ».

L'implication d'Oswiu dans le choix de Wighard n'est pas considérée comme vraie par tous les historiens modernes et pourrait reposer sur une erreur de lecture de Bède[1]. Nicholas Brooks souligne cependant qu'Oswiu a tout intérêt à participer au choix du nouvel archevêque, ne serait-ce que pour éviter que le poste revienne à l'évêque frondeur Wilfrid[3]. Pour D. P. Kirby, son implication s'inscrirait dans une volonté de rétablir une Église anglaise susceptible d'assurer l'élévation au rang d'archevêché de l'évêché d'York[5]. Le fait que Wighard se rende à Rome pour recevoir son pallium, contrairement à ses prédécesseurs qui se le sont fait envoyer par le pape, suggère qu'il cherche à recueillir l'approbation pontificale pour confirmer son élection[6].

Bède n'offre pas de chronologie claire pour ces événements. Dans son Histoire ecclésiastique, il indique que le siège de Cantorbéry est resté vacant un certain temps avant l'élection de Wighard, mais ailleurs, il laisse entendre que cette élection a eu lieu peu après le concile de Whitby, généralement daté de 664[7]. Quoi qu'il en soit, Wighard trouve la mort à Rome avant d'être consacré, vers 664[8] ou 667[9], année sous laquelle cet événement est enregistré dans le manuscrit E de la Chronique anglo-saxonne[10]. Il est peut-être victime de la peste bubonique[2] ou d'une autre épidémie[11].

Une lettre adressée à Oswiu par le pape Vitalien après la mort de Wighard est reproduite par Bède dans son Histoire ecclésiastique[12]. Le pape s'excuse de ne pas avoir encore trouvé de successeur à Wighard. Sa mort à Rome lui permet en effet de procéder lui-même au choix du nouvel archevêque de Cantorbéry[5]. Il offre d'abord ce poste à Adrien, qui décline la proposition et avance le nom de Théodore de Tarse, qui accepte[13].

Références

  1. Bateson et Costambeys 2004.
  2. Hindley 2006, p. 47.
  3. Brooks 1984, p. 69-70.
  4. Bède le Vénérable 1995, livre III, chapitre 29, p. 227.
  5. Kirby 2000, p. 89-90.
  6. Brooks 1984, p. 134.
  7. Abels 1983, p. 14-15, 24.
  8. Fryde et al. 1996, p. 213.
  9. Keynes 2014, p. 543.
  10. Swanton 1996, p. 35.
  11. Kirby 2000, p. 89.
  12. Bède le Vénérable 1995, livre III, chapitre 29, p. 227-230.
  13. Kirby 2000, p. 90.

Bibliographie

  • (en) Richard Abels, « The Council of Whitby », Journal of British Studies, Cambridge University Press (CUP), vol. 23, no 1, , p. 1-25 (DOI 10.1086/385808).
  • (en) Mary Bateson et Marios Costambeys (rév.), « Wigheard », dans Oxford Dictionary of National Biography, Oxford University Press, (lire en ligne) .
  • (en) Nicholas Brooks, The Early History of the Church of Canterbury : Christ Church from 597 to 1066, Leicester, Leicester University Press, , 402 p. (ISBN 978-0-7185-1182-1).
  • (en) E. B. Fryde, D. E. Greenway, S. Porter et I. Roy, Handbook of British Chronology, Cambridge, Cambridge University Press, , 3e éd. (1re éd. 1941), 605 p. (ISBN 978-0-521-56350-5, lire en ligne).
  • (en) Peter Hunter Blair, An Introduction to Anglo-Saxon England, Cambridge University Press, 2003 (troisième édition), 383 p. (ISBN 978-0-521-53777-3, lire en ligne).
  • (en) Geoffrey Hindley, A Brief History of the Anglo-Saxons : The Beginnings of the English Nation, New York, Carroll & Graf Publishers, , 404 p. (ISBN 978-0-7867-1738-5).
  • (en) Simon Keynes, « Appendix II: Archbishops and Bishops, 597–1066 », dans Michael Lapidge, John Blair, Simon Keynes et Donald Scragg (éd.), The Wiley Blackwell Encyclopedia of Anglo-Saxon England, Wiley Blackwell, , 2e éd. (ISBN 978-0-470-65632-7).
  • (en) D. P. Kirby, The Earliest English Kings, Londres, Routledge, , 284 p. (ISBN 0-415-24211-8, lire en ligne).
  • (en) Frank M. Stenton, Anglo-Saxon England, Oxford University Press, , 765 p. (ISBN 978-0-19-821716-9, lire en ligne).
  • (en) Michael Swanton (trad.), The Anglo-Saxon Chronicle, New York, Routledge, , 363 p. (ISBN 0-415-92129-5, lire en ligne).

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