Villa Demoiselle

La Villa Demoiselle est un monument architectural construit à Reims en 1890 sous les ordres de Henry Vasnier. Anciennement Villa Cochet, l'hôtel particulier situé face au Domaine Pommery boulevard Henri-Vasnier s'est mué en Villa Demoiselle en .

Nouvel acquéreur, Vranken dédia le site à sa première marque, le Champagne Demoiselle, qui avait jusque-là son siège à Épernay. La Villa dont il est question se présente comme un chef d'œuvre de la Belle époque. L'intérieur de la maison a été intégralement refait dans le style Art Nouveau d'origine. L'un des poncifs de ce courant est la libellule, dont l'insecte éponyme demoiselle est un proche parent. Natif de Champagne, René Lalique revenait régulièrement à ses origines. Ses globes d'opaline parsèment le site. Il appréciait la libellule comme une muse[1].

Histoire

L'édifice fut commandité en 1890 par Henry Vasnier — légataire de la Maison Pommery, qui le prédestinait à devenir un lieu d'habitation et de réception à la hauteur de ses goûts. Mécène, « collectionneur éclairé », il révérait Corot, Millet, Gallé et Majorelle. Digne de s'entourer de personnes de talent, Louis Sorel se vit confier l'exécution de la villa. L'architecte était proche du courant de « L'Art dans Tout » qui recherchait l'unité parfaite. Le chantier débuta en 1904. Louis Sorel innova en décidant de bâtir la villa sur une structure principale en béton. Ce fut une première. Puis il innova encore en réalisant une charpente pour partie en métal. Au-delà de l’audace technique, ce fut là une décision vitale car béton et métal permirent à l’ensemble de tenir sur ses bases durant les bombardements, de résister aux oscillations et aux effets de souffle[2]. Vint également à y œuvrer l'ébéniste d'Emile Gallé et de Louis Majorelle, Tony Selmersheim. Vasnier meurt un an avant la fin des travaux, en 1907. Nouveau directeur du Domaine Pommery, Louis Cochet baptisa la Villa de son patronyme en 1908. Il y résida jusqu'en 1936. La Villa Cochet est habitée jusqu'en 1970 par les cadres de la maison Pommery, après quoi elle connut une période d'abandon et de pillage.

La maison est menacée de démolition dans les années 1980 par de nombreux projets immobiliers et c'est Michel André, architecte des bâtiments de France, qui évita le désastre. Elle ne fut placée sous la protection de la ville de Reims qu'en 1999. Paul-François Vranken, alors Président du groupe Vranken-Pommery Monopole, et Nathalie Vranken, l'achetèrent en 2004. N'hésitant pas à faire appel à des artisans de renommée internationale, comme les Métalliers Champenois, le couple entreprit de lui redonner sa splendeur. La rénovation dura près de cinq ans. Elle fut liée à un travail de documentation rigoureux.

Style

La Maison intéresse de par son savant mélange d'Art Nouveau et d'Art Déco, ancrée dans une période où le glissement d'une tendance à l'autre ne s'était pas opéré en une brisure nette. L'extérieur du bâtiment répondait davantage au mouvement Art Déco. Il s'agissait de ne pas faire taire cette dualité et de ressusciter chaque parcelle dans le détail. Autre travail d'orfèvre, les nouveaux maîtres du lieu ont écumé les salles de ventes et les antiquaires afin de lui restituer des meubles d'époque [3]. Le bar en acajou Louis Majorelle côtoya par le passé, entre autres exemple, la fameuse gravure « Gismonda » de Mucha représentant Sarah Bernhardt. Il provient du célèbre restaurant parisien Gandon-Fournier, lieu chargé d'histoire devenu le Bouillon Calmels et Causse en 1910 [4]. Au titre des trouvailles formidables une cheminée de Paul-Alexandre Dumas — élève de Louis Majorelle, spectaculaire, autrefois présentée à l’Exposition universelle de 1900. De nombreuses commandes à la Cristallerie Saint-Louis prirent effet. Grès d'Alexandre Bigot, chaises de Serrurier-Bovy (principal représentant belge de l'Art Nouveau), plafonnier d'Émile Gallé. Cuir de Cordoue. Tout fut millimitré[5]. Les peintures à elles seules ont demandé deux ans de patience. Elles ont été exécutées au pochoir et enrichies de 22 000 feuilles d'or, conformément aux dessins de l'architecte Louis Sorel[6]. L'objectif était de rendre accessible au public les décors Art Nouveau. Les Vranken ambitionnaient également d'en faire un lieu de vie mais pas seulement. Nous avons des trésors. Il faut les montrer. Si le côté festif du champagne est connu partout dans le monde, les vieux millésimes, eux, sont exceptionnels[7]. C'est dans une optique respectueuse de conservation du patrimoine que Paul-François Vranken s'est appliqué à restaurer les caves. Elles abritent à présent une vinothèque de prestige.


Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

Notes et références

  1. « La Villa Demoiselle / Le conte de fée de la "belle endormie" / Champ Eco n°74 - Le magazine de l'économie en mouvement de Reims et d'Epernay - déc. 2008 - janv. 2009 », sur le site Reims cci(document PDF)
  2. « L'Or en désordre - Villa Demoiselle - Reims - La Restauration de la Villa Demoiselle », sur le site des Grands Ateliers de France(document PDF)
  3. « Pommery Vranken : art et artisanat à l'honneur », sur le site du Journal l'Union(document PDF)
  4. « Paris 10e - Brasserie Julien », sur le site du Ministère de la Culture et de la Communication(document PDF)
  5. « Lundi 18 juillet 2011 - Une élégante Demoiselle ... », sur le site d'un blog personnel(document PDF)
  6. « Cette semaine / Les maisons extraordinaires A Reims, la Villa Demoiselle ou « l'Art dans tout » », sur le site du Journal l'Union(document PDF)
  7. « Le fabuleux destin de la Villa Demoiselle », sur le site Carrina Recherche et Innovation en Champagne-Ardenne(document PDF)
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