Variante d'échange de la partie espagnole
La variante d'échange de la partie espagnole est une ouverture au jeu d'échecs. Elle se produit après les coups 1. e4 e5 2.Cf3 Cc6 3. Fb5 a6 4. Fxc6, après quoi les noirs reprennent généralement avec le pion d7.
a | b | c | d | e | f | g | h | ||
8 | 8 | ||||||||
7 | 7 | ||||||||
6 | 6 | ||||||||
5 | 5 | ||||||||
4 | 4 | ||||||||
3 | 3 | ||||||||
2 | 2 | ||||||||
1 | 1 | ||||||||
a | b | c | d | e | f | g | h |
Son code ECO est C68-C69.
Historique
Cette variante a été très utilisée par le Champion du monde Emanuel Lasker (voir partie ci-dessous). Par la suite, elle a été popularisée par le Champion du monde Bobby Fischer qui préférait, lui, jouer 5. O-O (voir partie ci-dessous), alors qu'Emanuel Lasker jouait 5. d4.
Analyse
Entre deux adversaires de force égale, les Noirs n'ont que très peu de chances de gagner la partie si les Blancs optent pour la variante d'échange de la partie espagnole (la probabilité pour la nulle vient alors en premier, et celle de la victoire des blancs en deuxième). Les Blancs peuvent aussi annuler plus facilement contre un adversaire nettement plus fort qu'eux lorsqu'ils évitent les grandes lignes de la partie espagnole au profit de la variante d'échange.
La variante d'échange tranche parmi toutes les autres variantes de la partie espagnole car c'est une ouverture où les Blancs visent d'emblée la finale. En effet, après que les Blancs auront joué d2-d4, et l'échange de pions qui s'ensuivra, ils auront une meilleure structure de pions. Effectivement, leur majorité de quatre pions contre trois à l'aile Roi sera susceptible d'engendrer un pion passé, alors que la majorité de pions à l'aile Dame des Noirs est inexploitable dans la mesure où les pions c sont doublés (ils ne peuvent pas engendrer un pion passé). Les Blancs s'offrent donc une finale où ils vont obtenir une légère supériorité spatiale.
Quelques éléments stratégiques à noter: les noirs ont les pions c doublés, ce qui serait favorable aux Blancs si finale, mais peuvent exploiter la colonne d semi-ouverte (ce à quoi les Blancs peuvent remédier par d4, créant alors une colonne ouverte). La majorité noire de pions à l'aile-dame ne peut pas être pleinement exploitée à cause des pions doublés. Les Blancs ont deux pions contre un au centre, et ont déjà une pièce développée contre aucune aux Noirs (ces derniers veilleront donc à ne pas se faire écraser: non, la Variante d'Echange n'est pas ennuyeuse!).
Cependant, la lutte est équilibrée, car, comme l'a dit Xavier Tartakover, « les dieux, avant la fin de la partie, ont placé le milieu de jeu ». Or les Blancs ont volontairement abandonné la paire de fous, ce qui est à l'avantage des Noirs dans le milieu de jeu. Les Noirs obtiennent fréquemment la partie nulle lorsqu'ils se défendent avec précision, et font leur possible pour éviter les échanges de pièces (afin de rester dans le milieu de jeu et d'éloigner le spectre de la finale). Au contraire, les Blancs cherchent à échanger le maximum de pièces, et notamment l'un des fous noirs. Dans la plupart des variantes, les dames sont échangées tôt dans le jeu, mais il reste suffisamment de pièces sur l'échiquier pour qu'on se trouve dans un milieu de jeu et non dans une finale.
Les Blancs échangent leur Fou contre un Cavalier en échange d’une meilleure structure de pions. Ils vont essayer d’échanger leur pion d avec e5. Ils auront un surnombre côté Roi ce qui leur permettra dans toutes les fins de partie d’obtenir un pion passé.
Les Noirs ne craignent pas le coup 5.Cxe5, car le pion peut être récupéré après 5...Dd4, 6. Cf3 Dxe4+, 7. De2 Dxe2+, 8. Rxe2, l'insécurité du roi blanc suffit à donner un léger avantage aux noirs. Bien que souvent considérée comme douteuse, cette ligne a été jouée au niveau international par Étienne Bacrot.
Suites principales
L'arborescence des coups les plus populaires est:
- 5. Cc3 f6 6. d4 exd4
- 5. d4 exd4 6. Dxd4 Dxd4 7. Cxd4 Laurent Fressinet est un des spécialistes de cette ligne.
- 5. o-o
Deux exemples de parties
Cette partie est extrêmement célèbre car elle démontre la finesse psychologique d'Emanuel Lasker. En effet, ce dernier a choisi une variante annulante face à un adversaire qu'il devait battre absolument pour remporter le titre. Sachant que José Raúl Capablanca visait la partie nulle, qui lui assurait le titre, Emanuel Lasker l'a battu à son propre jeu (une finale de tours doit être jouée avec énergie pour gagner la partie, et Emanuel Lasker se doutait que l'aiguillon pour jouer avec énergie ferait défaut à José Raúl Capablanca).
1. e4 e5 2. Cf3 Cc6 3. Fb5 a6 4. Fxc6 dxc6 5. d4 exd4 6. Dxd4 Dxd4 7. Cxd4 Fd6 8. Cc3 Ce7 9. O-O O-O 10. f4 Te8 11. Cb3 f6 12. f5 b6 13. Ff4 Fb7 14. Fxd6 cxd6 15. Cd4 Tad8 16. Ce6 Td7 17. Tad1 Cc8 18. Tf2 b5 19. Tfd2 Tde7 20. b4 Rf7 21. a3 Fa8 22. Rf2 Ta7 23. g4 h6 24. Td3 a5 25. h4 axb4 26. axb4 Tae7 27. Rf3 Tg8 28. Rf4 g6 29. Tg3 g5+ 30. Rf3 Cb6 31. hxg5 hxg5 32. Th3 Td7 33. Rg3 Re8 34. Tdh1 Fb7 35. e5 dxe5 36. Ce4 Cd5 37. C6c5 Fc8 38. Cxd7 Fxd7 39. Th7 Tf8 40. Ta1 Rd8 41. Ta8+ Fc8 42. Cc5 1-0.
- Bobby Fischer-Boris Spassky, Sveti Stefan (Monténégro), neuvième partie, 1992.
1. e4 e5 2. Cf3 Cc6 3. Fb5 a6 4. Fxc6 dxc6 5. O-O f6 6. d4 exd4 7. Cxd4 c5 8. Cb3 Dxd1 9. Txd1 Fg4 10. f3 Fe6 11. Cc3 Fd6 12. Fe3 b6 13. a4 O-O-O 14. a5 Rb7 15. e5 Fe7 16. Txd8 Fxd8 17. Ce4 Rc6 18. axb6 cxb6 19. Cbxc5 Fc8 20. Cxa6 fxe5 21. Cb4+ 1-0.
Bibliographie
- (en) Eric Schiller, World Champion Openings, Cardoza Publishing, 1997
- (en) Larry Kaufman, The Chess Advantage in Black and White, McKay Chess Library, 2004
- (en) Stefan Kindermann, The Spanish exchange variation, Editions Olms, 2005
- (en) Nick de Firmian, Modern Chess Openings', 14e édition (MCO 14), McKay Chess Library, 1999
- (en) John Nunn, Graham Burgess, John Emms, Joe Gallagher, Nunn's Chess Openings (NCO), Everyman Chess, 1999
- (en) Krzysztof Panczyk, Jacek Ilczuk, Ruy Lopez Exchange, Everyman Chess, 2005
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