Union des étudiant-e-s de Suisse

L'Union des étudiant-e-s de Suisse dite UNES (Verband der Schweizer Studierendenschaften ou VSS en allemand ; Unione Svizzera degli studenti di scuole universitare, ou USU en italien ; Uniun svizra da studentas e students, ou USS en romanche) est la principale association étudiante de Suisse. Elle est membre de l'ESU (European Students Union). L'UNES représente depuis 1920 les intérêts des étudiants en Suisse.

Histoire

Création

L'UNES a été créée en tant qu'organisation faîtière nationale le à Zürich par les associations d'étudiants des universités de Bâle, Genève, Neuchâtel et Zürich, de l'EPF Zürich, de la haute école de Saint-Gall, du groupement des étudiants tessinois et de quelques étudiants de Berne.

Les premières décennies de l'UNES furent marquées avant tout par une intense politique extérieure. Déjà entre les deux guerres, mais surtout depuis 1945, les membres de l'union ont beaucoup voyagé, spécialement au sein de l'Europe. Les tentatives pour l'harmonisation des fronts de la guerre froide ont néanmoins occasionné beaucoup de critiques. Ainsi, l'UNES a pourtant participé à la création de l'IUS en 1945, mais il n'était pas question d'en être membre, étant donné que l'IUS avait une réputation de communisme et de trop grande orientation vers le tiers monde. L'UNES s'est donc fortement engagée dans l'ISC, l'organisation qui s'était formée pour contrer l'IUS, jusqu'à sa chute à la fin des années 1960, lorsque des liens financiers avec les services secrets américains sont apparus.

Les nombreux déplacements de l'UNES ont finalement conduit à la création de la coopérative SSR qui a connu un grand succès pendant longtemps.[réf. nécessaire] Celle-ci s'est néanmoins éloignée du milieu estudiantin, après que les employés furent admis comme membres de l'association avec le même droit de vote que les unions. Finalement, elle s'est dissoute: l'entreprise a été vendue et une partie de la fortune investie dans la fondation pour la solidarité dans le tourisme SST, qui, jusqu'à présent, ne semble pas disposée à soutenir des projets de l'UNES.

Années 60

L'année 1960 marque un tournant. Sous l'impulsion des étudiants romands, le siège principal est déplacé à Berne. L'ouverture des universités à une population de plus en plus nombreuse amène l'ancien cercle indigène à perdre sa majorité. À Zurich, l'UNES en collaboration avec les associations d'étudiants de l'Uni et de l'EPF ont créé le journal « das Konzept » : à la place de la simple défense d'intérêts de groupes corporatifs, les réflexions philosophiques et la politique sociale ont gagné du terrain. L'association qui administrait le journal a été plus tard transformée en une coopérative composée uniquement de professionnels. Le journal hebdomadaire WOZ, indispensable dans le champ des médias suisses, écrit à présent il est vrai relativement rarement sur des thèmes de formation.

Jusque tard dans les années 1960, l'UNES était un domaine purement masculin. Ceci s'est modifié dans le courant de la mouvance de 68 en parallèle avec l'émergence du mouvement féminin. En 1967, pour la première fois, une femme fut élue dans le comité de l'UNES. Dans les années qui suivirent, les étudiantes se sont manifestées de plus en plus activement dans les associations d'étudiants locales et à l'UNES également.

L'année 1968 a amené avec elle un coup de chance pour l'UNES étant donné que les conseillers fédéraux ont réfléchi à une loi pour l'encouragement des hautes écoles. Ceci a donné lieu à la conférence universitaire suisse, à laquelle deux membres de l'UNES ayant le droit de vote participent et qui, entre autres, a comme tâche « d'entretenir les contacts avec les associations d'étudiants ». Lors de la conférence intercantonale des bourses d'études CIBE, l'UNES reçoit également des sièges. Le plaisir fut néanmoins de courte durée : après l'envol s'ensuivit la pression à l'épargne et l'UNES s'est laissé dicter son agenda par la CUS. Toutefois, elle avait ainsi commencé à être active au sein de la politique interne.

Années 70

Le , le peuple suisse a refusé à la majorité des deux tiers une nouvelle loi sur l'EPF, parce qu'elle est née sans la collaboration des étudiants et qu'elle ne contenait pas leur participation  un succès référendaire de l'UNES , qui s'est révélé comme une victoire à la Pyrrhus : les EPF furent donc dirigées par le biais d'« un règlement transitoire », qui amena encore moins de droit à la parole que la loi prévue.[réf. nécessaire] Le dépôt de l'initiative pour le prêt d'une bourse pour tous les étudiants indépendants de leurs parents a conduit finalement à une débâcle (« modèle lausannois »). Celle-ci a été retirée contre la volonté de l'UNES en été 1973 par les personnes qui l'avaient déposée (comme l'exige la loi).

L'année 1973 a vu, contrainte par l'association d'étudiants de Fribourg, une révision supplémentaire de statuts. Celle-ci a engendré une organisation plus démocratique, mais aussi le départ des étudiants saint-gallois, qui insistaient pour conserver une structure corporative. La même année, l'association d'étudiants de Beren a vu son autonomie financière disparaître, celle à Bâle fut même dissoute. À Zürich, les attaques des conservateurs devenus minoritaires durèrent un peu plus longtemps: les associations d'étudiants de l'EPF amenèrent un règlement de membre plus diversifié, mais à l'Uni, la SUZ fut dissoute. Les services de la SUZ purent être transférés à la fondation, le mandat politique de la SUZ étant repris par la VSU, collectivité de droit privé.

Années 80

Les années 1980 de l'UNES n'ont jusqu'à présent été traitées ou commentées nulle part.

Années 90

Les années 1990 virent en premier lieu, la réapparition du programme des années 1970 avec un succès moindre : aussi bien le référendum pour le projet d'EPF comme le projet d'une nouvelle initiative de bourse ont échoué lors du rassemblement de signatures. L'UNES est battue, l'idée d'un organe de formation fédéral avec la participation des étudiants est réellement enterrée. Fribourg apporte une nouvelle impulsion par la révision des statuts en 1995, qui réforme le comité permanent en grémium délégué ad hoc par les sections. Celui-ci assume un rôle médiane entre le bureau et l'assemblée des délégués.

En 1993, l'UNES se retire de la CUS par protestation, vu que celle-ci instaure pour la médecine un numerus clausus. Par contre, les contacts internationaux sont renforcés: l'IUS, pratiquement inexistante, est ressuscitée en Libye, l'organisation faîtière européenne ESIB est invitée à Genève. La force mouvante derrière ces efforts est l'association d'étudiants genevoise, qui pourtant donne son congé à l'UNES en 2002 ; la raison de ce retrait est que l'UNES poursuit, sur le plan de la politique intérieure, une double stratégie aussi bien de coopération que d'action directe, ne voulant pas se soustraire à des possibilités de coopération.

En 1995, à Bâle, une corporation de droit public est réintroduite, qui depuis s'efforce de restaurer des structures qui fonctionnent. Aussi à Zurich, une nouvelle association d'étudiants devrait être rétablie. Celle-ci pourra toutefois s'appuyer sur un conseil d'étudiants comme législatif, qui est resté en vigueur pendant des années seulement comme organe d'élection. De même, Neuchâtel a entrepris une réadaptation structurelle, ce qui rendra possible une représentation adéquate et efficace des intérêts des étudiants. Dans ce sens, la situation à l'université de Genève reste ouverte: là-bas, il n'y a toujours pas de votes généraux communs - base essentielle pour une procédure démocratique. (A l'Università della Svizzera Italiana, créée récemment, la situation semble encore moins favorable).

En 1997, l'association d'étudiants de l'EPF de Zürich prend son congé de l'UNES ; il s'agit d'un tournant, allant à l'encontre des intentions de la Confédération qui souhaite rapprocher les différentes hautes écoles et coordonner leurs activités. De l'autre côté, la revalorisation des écoles techniques et de commerce en hautes écoles s'est opérée. L'organisation faîtière SST a décidé en 2001, que ses membres  groupés selon les nouvelles régions , allaient s'affilier à l'UNES. En premier lieu, cela a eu lieu à Zürich sur l'initiative de personnes de Winterthur par la création de la VSZFH, qui en tant qu'organisation faîtière a conduit dans la politique des anciens membres de l'UNES (musiciens, traducteurs). (À Berne, il y a une organisation faîtière de juristes, mais celle-ci est inactive).

Avec l'accord intercantonal des universités, la nouvelle loi sur la promotion des universités et le concordat entre la Confédération et les cantons, la coordination fédérale se renforce dans le domaine des universités. La conférence universitaire suisse CUS reçoit plus de compétences, et la conférence des recteurs CRUS devient plus active. Celle-ci invite l'UNES à la collaboration dans des groupes de travail pour la mise en application de la déclaration de Bologne, sans pour autant prendre ses arguments trop au sérieux. L'UNES trouve une oreille plus attentive auprès des instances politiques, même si leur but reste une communauté académique où les universités sont gérées de façon autonome.

Années 2000

En 2003, les associations d'étudiants des deux EPF et de St Gall se créent une organisation faîtière, l'Association des étudiants des hautes écoles suisses (AES).

Lors de sa 148e assemblée des délégués à Lausanne les 18 et , les associations d'étudiants des deux écoles polytechniques de Zurich et Lausanne, l'AGEPoly pour l'EPFL et VSETH pour l'EPFZ, ont rejoint l'UNES.

Controverse

L'UNES a été passablement critiquée pour son absence de stratégie globale contre la mise en place des principes de la Déclaration de Bologne par le Secrétaire d'État à l'éducation et à la recherche Charles Kleiber. La stratégie de l'UNES à cette époque était alors de collaborer avec les autorités compétentes pour apporter au mieux le point de vue des étudiants dans les discussions concernant les lignes directrices de la mise en application des principes de Bolognes en Suisse. Grâce à cette collaboration, l'UNES a pu participer à l'implémentation de la réforme de Bologne en Suisse et a donc rempli son rôle de représentante des intérêts étudiants. L'Union est depuis lors représentée dans tous les organes nationaux des hautes écoles et continue à participer au travail pour la construction et le développement du paysage suisse des hautes écoles.

La Conférence universitaire des associations d'étudiantes (CUAE), association faîtière et syndicat des étudiants de l'Université de Genève a notamment pris la décision de quitter l'UNES lors de son Assemblée générale du [1]. Cette dernière critiquait le « manque de suivi et de cohérence politique sur certains dossiers » et "l'absence d'une ligne politique claire"[2]. La CUAE continue toutefois de collaborer avec l'UNES et ses sections cantonales sur des projets bien précis tels que l'initiative de l'UNES sur les bourses d'études. Le l'Assemblée des délégués de la CUAE a décidé de redevenir membre de l'Union national des étudiant-e-s suisses[3].

L'Association générale des étudiants de Fribourg (AGEF) a quitté l'UNES en 2013 après plusieurs années de controverses, critiquant notamment les tarifs d'adhésion extrêmement élevés (plus de 40 000 CHF) pour un bénéfice minime, des frais de fonctionnement injustifiés (plusieurs salariés, locations de locaux etc.) et une structure très lourde peinant à prendre des décisions et peu démocratique.

Structure

L'UNES représente au niveau de la Confédération les associations d'étudiants des hautes écoles spécialisées (HES), des Hautes Écoles Pédagogiques (HEP), des écoles polytechniques fédérales (EPF) et des hautes écoles universitaires (HEU). Comme représentant national des associations des étudiants, l'UNES est membre d'ESU, the European Students Union (www.esib.org). L'UNES a été créée le à Zurich. Elle est politiquement neutre, non discriminante et promeut l'égalité entre les genres.[réf. nécessaire] Elle respecte et veille à l'indépendance de ses membres et le soutien de ceux-ci par des actions collectives ou des activités particulières. L'UNES compte également des membres associés. Ces organisations représentent d'importants intérêts spécifiques des étudiants, comme l'Erasmus Student Network (ESN). Actuellement l'organisation travaille avec les acteurs impliqués dans l'élaboration du paysage des hautes écoles en Suisse.

Thèmes de travail

Le travail de l'UNES est soutenu par quatre commissions thématiques qui se rencontrent une fois par mois :

  • commission internationale et de solidarité (CIS) : la CIS est en lien avec ESU et les représentants des étudiants en Europe et ne perd pas de vue les développements européens comme le processus de Bologne, la stratégie de Lisbonne, le processus de Copenhague. Ainsi l'expérience des autres associations des étudiants au niveau européen a une influence sur le travail quotidien de l'UNES ;
  • commission Égalité (CODEG) : la CODEG s'engage pour l'égalité des chances en général et l'égalité des chances entre hommes et femmes plus particulièrement, et ce, à tous les niveaux. Des projets comme le mentoring, les mesures de sensibilisation sont travaillés. Les réflexions menées ne concernent pas uniquement le champ des Hautes Écoles comme le montre la participation à la journée d'action sur l'égalité des salaires ;
  • commission de la politique des Hautes Écoles (HoPoKo) : la Hopoko travaille momentanément à la transposition du système de Bologne en Suisse, ainsi qu'à la transposition du système des bachelor et des masters, sur les Graduate Schools et doctorats, l'assurance qualité et d'accréditation. Des thèmes comme le financement de la formation, l'excellence et le ranking sont également à l'ordre du jour de la commission. C'est également ici que sont rédigées les perspectives, les visions et revendications de l'UNES pour l'avenir ;
  • commission sociale (SoKo) : la SoKo s'occupe de la dimension sociale des études. Le thème principal est actuellement l'harmonisation et l'amélioration du système des bourses d'études. 10 ans de travail de lobbying mené par la SoKo ont porté leurs fruits[style à revoir]: la SoKo collabore dans plusieurs commissions de l'Office fédéral des statistiques sur des projets d'enquête touchant ce domaine ;

Les décisions de fonds et stratégiques sont prises par l'assemblée des délégués qui se réunit deux fois par an. Entre-deux siège le comité, où sont représentées les sections.

Bureau

Le Bureau exécutif de l'UNES est constitué du comité exécutif (cinq étudiants) et du secrétariat général (deux secrétaires généraux), mandaté politiquement par l'Assemblée des délégués. Ils sont recrutés dans les sections et disposent de plusieurs années d'expérience dans la représentation des intérêts des étudiants. Le co-presidium est soutenu dans son travail par deux secrétaires généraux. Ces derniers ont terminé leurs études, ont de l'expérience professionnelles et une bonne connaissance du travail associatif ainsi que dans le domaine de la politique de la formation et des hautes écoles.

Membres

  • Lausanne : Fédération des Associations d'Étudiants de l'Université de Lausanne (FAE),
  • Neuchâtel : Fédération des étudiants neuchâtelois (FEN)
  • Genève : Conférence Universitaire des Associations d’EtudiantEs (CUAE)
  • Zurich : Der Verband der Studierenden der Universität Zürich (VSUZH) , der Verband der Studierenden an der ETH Zürich (VSETH)
  • Berne : StudentInnenschaft der Universität Bern (SUB) et Association d’étudiants de la Haute École spécialisée bernoise (VSBFH)
  • Bâle : Studentische Körperschaft der Universität Basel (SKUBA), Association des étudiants de la FHNW (students.fhnw)

Anciens membres

  • Fribourg : Association générale des étudiants de Fribourg (AGEF), quitte l'UNES en 2013[4]

Le projet « UPUNES »

L'Union de la Presse de l'UNES (UPUNES) est un projet lancé par la FAE de réunir dans une association les journaux faits par des étudiants suisses. Elle réunirait les journaux des associations d'étudiants membres de l'UNES, à savoir :

  • Fribourg : Spectrum
  • Lausanne : L'Auditoire
  • Neuchâtel : Cafignon
  • Berne : Unikum

Notes et références

  1. CUAE, « PV de l'Assemblée générale de la CUAE du 20 mars 2002 », CUAE, (consulté le )
  2. Lukas à Porta, « Quand le tournant radical tourne au ridicule: La démission ratée de l'UNES », International.Ink, (consulté le )
  3. « Adhésion des étudiants genevois à la faîtière suisse », LeCourrier, (lire en ligne, consulté le )
  4. Commission de recours de l’Université de Fribourg, « Arrêt du 27 avril 2017 » [PDF], (consulté le )

Liens externes

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