Uña Ramos

Uña Ramos, né Mariano Uña Ramos le en Argentine, à Humahuaca[1] et mort le à Nogent-sur-Marne, est un flûtiste virtuose argentin, facteur de ses propres instruments (principalement la quena et l’antara aussi nommée siku) également compositeur et considéré comme l’un des interprètes sur instruments à vent d’origine autochtone les plus notoires de l’histoire de la musique de l’Altiplano[2].

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Uña Ramos
Uña Ramos à la quena
Informations générales
Nom de naissance Mariano Uña Ramos
Naissance
Humahuaca (province de Jujuy, Argentine)
Décès
Nogent-sur-Marne ( France)
Activité principale Compositeur, luthier, flûtiste
Genre musical Musique andine
Instruments flûtes (quena, antara)
Années actives 1970-2014

Biographie

Une rue de Humahuaca

Dans des temps très anciens, la famille d’Uña Ramos se consacre au soin de vigognes dans les montagnes[3]. Son père, Uña Guarache (nom aymará ou quechua), est un maçon qui quitte son pays lors de la guerre dans le Gran Chaco pour se réfugier en Argentine, tout en gardant sa nationalité bolivienne. Sa mère, née à Humahuaca, est issue d’une famille originaire d’Arequipa, au Pérou[4].

Ayant reçu sa première quena à l’âge de quatre ans, cadeau de son père — qui l’avait lui-même fabriquée —, il se révèle dès lors surdoué pour la musique[2]. Uña Ramos tient par-dessus tout à dire que les origines de sa musique sont dans le folklore et le traditionnel, mais que son but, en composant, est de s’en éloigner pour accéder à une variété plus classique, ne serait-ce qu’en quittant définitivement la gamme pentatonique pour la gamme chromatique, et en s’adaptant aux instruments les plus divers, aussi bien le violon ou le violoncelle que la caisse claire et la guitare à douze cordes[5].

Uña Ramos offre tout au long de sa carrière d’innombrables concerts sur les cinq continents et sa discographie comprend plus de cinquante albums. Rien qu’au Japon, où il est honoré comme un auteur exceptionnel[2], il vend plus de quinze millions de disques.

Alors qu'il est en pleine activité, offrant des cours magistraux pour les musiciens professionnels à travers l’Europe, où il vit depuis plus de quarante ans[2], une maladie subite se déclare dont il meurt quelques mois plus tard, le , dans sa quatre-vingt-unième année, à Nogent-sur-Marne[6].

Ses obsèques sont célébrées le . Le , les cendres du musicien sont rapportées à Humahuaca, puis dispersées au vent dans la montagne « pour trouver [son] écho », selon son désir comme l’a rappelé sa veuve, Elizabeth Rochlin. Pour cet hommage sont venus, de France, son fils Jonathan et, de Buenos Aires, sa fille Beatriz, ainsi que son amie proche Sandra Ceballos, sa sœur Rosa et toute la famille Ramos de Humahuaca[7].

Carrière

À l’âge de sept ans, il a donné son premier concert. À onze ans, il a commencé à enseigner la musique andine au conservatoire de Santiago del Estero, où il est resté six années avant de rejoindre Buenos Aires. Plus tard, Buenos Aires a été le tremplin pour venir en Europe[4].

Au début des années 1970, il a fait une tournée internationale avec Paul Simon (du duo Simon et Garfunkel) et le groupe Los Incas (devenu ensuite le groupe Urubamba), interprètes du fameux chant El cóndor pasa[8], qui fut un succès planétaire[9].

Venu s’établir à Paris en 1972, il a connu une célébrité mondiale dans les années 1970, 1980 et 1990, en France, en Belgique, en Allemagne, en Suisse, en Italie, au Japon… Il a reçu en France le grand prix du disque de l’Académie Charles Cros en 1979 pour « Le Pont de bois » (« Puente de madera »). En 1980, il a participé à la « Symphonie celtique », présentée par Alan Stivell au Festival interceltique de Lorient, associant les cultures andine, berbère, indienne, tibétaine… Uña Ramos s’est aussi produit dans les pays d'Europe de l’Est. À partir de 1981, il travaille en collaboration avec le guitariste français Bruno Ulysse Pauvarel[4].

Les derniers récitals du flûtiste ont eu lieu en Allemagne à la fin de la première décennie des années 2000, principalement à Berlin en . Il était ami d’Astor Piazzolla, de Mercedes Sosa et d’Atahualpa Yupanqui[2].

Plus attaché aux épisodes de sa carrière au Japon qu’aux tournées avec Simon et Garfunkel, il était important pour lui de se démarquer du folklore, ses œuvres unissant subtilement la musique traditionnelle des Andes et la musique européenne. Il n’hésitait pas à faire appel aux instruments classiques comme aux guitares électriques et aux synthétiseurs (voir plus bas la discographie). Uña Ramos a enregistré deux albums en public depuis la Philharmonie de Berlin, et utilisait la flûte dans toute l’étendue de la gamme chromatique, et non comme un instrument pentatonique.

Instrumentarium

Une tarka

Uña Ramos utilisait toutes sortes de flûtes, qu’il confectionnait lui-même[10]. Son instrument de prédilection était toutefois la quena (ou kena), une flûte droite à encoche qui se tient verticalement, légèrement à l’oblique, comme on peut le voir sur la photo du cartouche à droite au début de l'article.

Apparentés à la quena, la quenilla (kenilla) est plus petite contrairement au quenacho (kenacho), qui peut mesurer jusqu'à 80 cm et qui donne un son plus grave.

Tout à fait autre est la famille de l’antara (antara grande ou antara pequeña) aussi nommée sicu (siku[11]), puisqu’il s’agit de flûtes de Pan, c'est-à-dire composées de plusieurs tuyaux juxtaposés (de sept à dix-sept, voire trente-trois au Pérou), éventuellement sur plusieurs rangs.

Uña Ramos jouant sur l’antara

Traditionnellement, le flûtiste ne fait pas glisser ses lèvres le long de l'instrument, mais souffle dans chaque tube séparément tout en claquant légèrement la langue ; par cette technique, le jeu acquiert un caractère staccato. Uña Ramos pouvait outrepasser ce type de jeu.

La flautilla, qui a trois trous, et le pinquillo (pinkiillo), qui en a six, quant à eux, sont des flûtes à bec, ainsi que la tarka au son grave ou celle plus petite au son plus percutant (aussi appelée anata).

L’erkencho (dérivé de l’erke) est encore différent puisque c’est un instrument à anche.

Uña Ramos jouant sur le mohoceño

Parmi les instruments que fabriquait et utilisait Uña Ramos, on peut encore citer le mohoceño (moseño), spectaculaire flûte traversière à conduit, au son grave.

Enfin, on ne saurait oublier que, particulièrement apprécié lors de ses spectacles en Extrême-Orient, Uña Ramos a aussi joué sur le traditionnel shakuhachi, instrument japonais d’origine chinoise.

Un shakuhachi

Citations

« Je suis né à Humahuaca, en Jujuy, presque à la frontière avec la Bolivie. La vallée, la magnifique gorge… nul ne peut oublier cet endroit, c’est la région où vivent les vigognes. À Humahuaca le printemps est rempli du parfum des oranges, c’est fleuri, coloré, le ciel est toujours bleu et même quand il pleut tout est dégagé très rapidement. C’est la montagne ! Le vent, l’odeur de la terre… Connaissez-vous Purmamarca ? Les sept couleurs de la montagne ? Rien de tout cela ne s’oublie.[4] »

La montagne aux sept couleurs de Purmamarca

« Je suis parti d’Argentine comme tout le monde. J’ai quitté Buenos Aires en 1971 et suis arrivé à Paris invité par mon label, avec deux albums sous le bras pour faire la présentation. On pourrait dire que je suis entré alors dans le commerce international. Comment je suis venu jusqu'ici ? Je vis dans le monde, je suis un citoyen du monde. J’habite dans le pays qui m’a reçu, la France, mais je ne me sens pas français, je vis simplement là, et seulement occasionnellement. Ma famille ? Il ne me reste personne[12] : ma mère nous a quittés, mon père aussi… et mes enfants sont dans le monde. Je suis né en 1933, j’ai 70 ans[13]. Mais je n’ai pas peur de mourir un jour.[4] »

Photographies

Discographie

Principaux albums originaux

DVD

Participations

Notes et références

  1. Humahuaca est une localité située à 3 000 m d’altitude dans la célèbre Quebrada à laquelle elle donne son nom, dans la province de Jujuy, près de la frontière avec la Bolivie.
  2. Journal La Capital du 25/5/2014.
  3. Aux questions des journalistes, Uña répondait en plaisantant que son nom serait originaire de Mongolie et que sa famille était venue de Sibérie. Cette référence aux origines asiatiques de tous les Amérindiens était une boutade, mais il s’amusait de la voir sérieusement retranscrite dans les journaux.
  4. Journal La Nacion du 1/2/2003.
  5. Ce qu’on lui reproche vertement dans les années 1960 en Argentine, dans des articles de journaux en particulier, alors que, à partir des années 1990, on se met à le féliciter chaudement dans les mêmes journaux pour cette initiative qui a transformé la musique andine.
  6. Insee, « Fichier des personnes décédées », sur data.gouv.fr, (consulté le ).
  7. Journal El Federal de mars 2015.
  8. El cóndor pasa (If I Could) Paul Simon / Jorge Milchberg - Daniel Alomía Robles.
  9. Voir Uña Ramos (1933-2014), musicien des Andes et du monde par Dominique Thiébaut Lemaire et Maryvonne Lemaire.
  10. Pour les détails techniques de ce paragraphe : Les Instruments de musique dans le monde, tome 2, François-René Tranchefort, Le Seuil, collection Points-Musique, 1980.
  11. Les sikuris sont des ensembles de joueurs de siku.
  12. La question du journaliste portait sur les attaches d'Uña Ramos avec l'Argentine.
  13. La citation date de 2003.
  14. Jorge Milchberg est par ailleurs coauteur de la chanson El cóndor pasa.

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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