Trophonios

Dans la mythologie grecque, Trophonios (en grec ancien Τροφώνιος / Trophōnios) est un architecte légendaire et le héros de Lébadée en Béotie, où il possède un oracle.

Mythe

Trophonios est généralement présenté comme le fils d'Erginos, roi d'Orchomène[1]. D'autres traditions en font le fils d'Apollon[2]. On lui attribue, avec son frère Agamède, la construction de plusieurs monuments : le quatrième temple d'Apollon pythien à Delphes[3], la maison d'Amphitryon à Thèbes[4], le trésor d'Hyriée à Hyrie[2] (ou dans une variante minoritaire, celui d'Augias à Élis) et le temple de Poséidon à Mantinée[5].

L'ingéniosité des deux frères est à l'origine de leur perte[6] : ils ménagent un passage secret dans le trésor commandé par le roi Hyriée. Il leur suffit de pivoter une pierre précise pour pénétrer dans la chambre forte et soutirer une partie des richesses qui y sont entreposées. Hyriée ne peut que constater la baisse de ses finances sans comprendre comment procède son voleur. Il fait appel à Dédale, qui installe un piège dans la pièce. La nuit suivante, Agamède s'y fait prendre. Son frère le tue et lui coupe la tête, pour éviter qu'on ne reconnaisse le corps. Dès qu'il sort, la terre s'entrouvre sous ses pieds et engloutit le fratricide.

Selon une autre version, plus ancienne[3] mais moins répandue[7], les deux frères demandent à Apollon, après avoir bâti son temple à Delphes, de leur donner le bien le plus avantageux pour eux, sans donner de précision. Apollon leur répond qu'ils seront exaucés sous sept jours et, le jour dit, on les retrouve morts — en effet, la mort est le meilleur présent qu'un dieu puisse envoyer aux hommes[8].

Oracle

Trophonios possède un oracle dès l'époque homérique. Au VIe siècle av. J.-C., il fait partie de ceux qu'interroge Crésus quand il se demande s'il doit envahir l'Empire perse[9].

En -479, le général perse Mardonios, qui est resté en Thessalie avec 300 000 hommes après la défaite du roi Xerxès à Salamine, le fait consulter, ainsi que d'autres oracles[10].

En -371, les Thébains le consultent avant la bataille de Leuctres[11]. Le philosophe Celse lui rend encore visite au IIe siècle[12].

Notes

  1. Hymnes homériques [détail des éditions] [lire en ligne] à Apollon, 296-297 ; scholie au vers 508 des Nuées d'Aristophane ; Pausanias, Description de la Grèce [détail des éditions] [lire en ligne], IX, 37, 4 ; Étienne de Byzance, Ethniques [détail des éditions], s.v. Δελφοί.
  2. Pausanias, IX, 37, 5.
  3. Pindare, Odes [détail des éditions] (lire en ligne), Pythiques, fr. 2 Snell.
  4. Pausanias, IX, 11, 1.
  5. Pausanias, VIII, 10, 2.
  6. Pausanias, IX, 37, 5-7.
  7. Bonnechere 1999, p. 262.
  8. Cicéron, Tusculanes, I, 114.
  9. Hérodote, Histoires [détail des éditions] [lire en ligne], I, 46.
  10. Hérodote, L'Enquête, p. VIII, 134.
  11. Pausanias, Description de la Grèce [détail des éditions] [lire en ligne], Livre IV, 32, 5-6.
  12. Origène, Contre Celse, VII, 35.

Bibliographie

  • Émile Chambry, Émeline Marquis, Alain Billault et Dominique Goust (trad. Émile Chambry), Lucien de Samosate : Œuvres complètes, Éditions Robert Laffont, coll. « Bouquins », , 1248 p. (ISBN 9782221109021), « Ménippe », p. 549. 
  • Pierre Bonnechere, « La personnalité mythologique de Trophonios », Revue de l'histoire des religions, t. 216, no 3, , p. 259-297.
  • (en) Raymond J. Clark, « Trophonios: The Manner of His Revelation », Transactions and Proceedings of the American Philological Association, vol. 99, , p. 63-75.
  • Pierre Grimal, Dictionnaire de la mythologie grecque et romaine, Paris, Presses universitaires de France, coll. « Grands dictionnaires », (1re éd. 1951) (ISBN 2-13-050359-4), s.v.« Trophonios ».
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