Triticale

Le triticale est une plante annuelle de la famille des Poaceae (graminées). Première céréale créée par l'être humain, c'est un hybride (amphiploïde) entre le blé (dur ou tendre) et le seigle dont la culture s'est développée depuis les années 1960. Il est cultivé surtout comme céréale fourragère.

Nom scientifique : ×Triticosecale Wittm. ex A. Camus (synonyme : ×Triticale Tscherm.-Seys. ex Müntzing) , famille des Poaceae, sous-famille des Pooideae, tribu des Triticeae.

Le nom « triticale » combine les noms latins de genre du blé (Triticum) et du seigle (Secale).

Historique

Les premiers hybrides blé x seigle fertiles ont été découverts et signalés au cours du XIXe siècle. Mais la recherche et la sélection autour de cette plante n'ont commencé que dans les années 1930, après la découverte de la colchicine, un réactif provoquant la diploïdisation chromosomique.

Les premiers succès commerciaux du triticale ont été portés par des variétés sélectionnées en Pologne.

En 1968, Wolski et ses collaborateurs ont porté leur effort sur la sélection du triticale d'hiver. De ces travaux, la variété Lasko (1982) devient le triticale le plus cultivé dans le monde.

Première céréale créée par l'homme, Yvonne et André Cauderon estiment en 1993 qu'elle « risque d’acquérir une grande importance économique, en compétition avec les céréales classiques (Muntzing, 1979) »[2]. La France est le premier pays du marché commun européen à commercialiser des semences de triticale conçues par l'Institut national de la recherche agronomique, probablement à l’automne 1979[3]. Yvonne et André Cauderon relèvent qu'« en 1992, alors que le seigle a presque disparu » en France, avec 53 000 ha, « le triticale occupe plus de 170 000 ha, principalement en dehors des grandes zones céréalières, et notamment dans le Massif-Central »[2]. En 2004, la production mondiale atteint 13,8 millions de tonnes, les principaux producteurs étant l'Allemagne (3,3 millions de tonnes), la Pologne (idem) puis la France (1,8 million de tonnes)[4]. En 2016, le triticale occupe le 5e rang de la production céréalière française, derrière le blé tendre, l’orge, le maïs et presque à égalité avec le blé dur[5].

Description

Épis de triticale

Le premier croisement du blé tendre et du seigle remonte à 1876 : l'Écossais A.S Wilson réalisa les premiers hybrides qui ne purent être utilisés plus loin car ils étaient stériles[6]. La première variété fertile de triticale a été produite pour la première fois en 1888 par l'Allemand Wilhelm Rimpau. En France, la première variété (Clercal, Obtention INRA) n'a été inscrite au catalogue officiel des variétés qu'en 1983.

D'obtention relativement récente, le triticale est une céréale secondaire, mais dont les surfaces cultivées augmentent régulièrement, surtout sur le continent européen. L'Union européenne concentre ainsi près des trois quarts de la production mondiale (la Pologne en est le premier producteur mondial, suivie par l'Allemagne et la France) mais la Biélorussie, la Chine et, dans une moindre mesure, l'Australie, en sont aussi d'importants pays producteurs. En France, ses zones de culture principales sont la Bretagne et le Massif central.

Épis de triticale

Cette plante offre l'avantage de combiner les caractéristiques de productivité du blé (dans l'absolu, son potentiel de rendement atteint les cent quintaux par hectare) et la rusticité du seigle (résistance au froid intermédiaire entre celle du blé et du seigle, résistance aux maladies et aux adventices, adaptation aux sols humides et à tendance acide)[7], ce qui en fait une céréale prisée pour l'agriculture biologique. Ses défauts résident surtout dans une difficulté pour le moissonnage avec les moyens mécaniques actuels, dans une tendance à la germination sur pied en cas de précipitations en période de maturation ainsi qu'un risque d'échaudage si au contraire cette période est très chaude en raison de son cycle de végétation plus long. Finalement, le rendement réel oscille entre 40 et 60 quintaux par hectare selon les années et les lieux de production.

Le triticale a une valeur énergétique comparable à celle du blé. Sa teneur en protéines est plus faible mais sa teneur en lysine supérieure. Contrairement au seigle, sa farine, moins riche en gluten, n'est pas panifiable sans adjonction de farine de blé. Il est particulièrement riche en oligo-éléments, notamment le magnésium et le manganèse[8].

Atouts

Le triticale dispose d'une surprenante adaptation aux différents modes culturaux dans de nombreuses régions de France ou d'Europe. C'est une plante qui est considérée comme ayant un potentiel intéressant[9].

  • Sa rusticité permet de le maintenir dans des conduites « bio » ou de « bas-intrants », limitant ainsi l'impact des intrants (pesticides, fertilisation...).
  • Sa bonne productivité, sa richesse en protéine et sa bonne production de paille en font une espèce intéressante pour les exploitations polycultures-élevages.

Débouchés

Le triticale est fréquemment autoconsommé sur les exploitations et son utilisation première est pour l'alimentation animale[4] :

  • Alimentation dans les élevages porcins.
  • Alimentation dans les élevages avicoles.

Mais il bénéficie d'autres débouchés :

  • Source de fibres et de biomasse brute pour la production de biogaz.
  • Production de produits chimiques.
  • Production de carburants basés sur la chimie des sucres simples.
  • Fabrication de biomatériaux comme les composites renforcés de fibres naturelles ou les polymères thermoplastiques à base d'amidon.

On estime qu'il pourrait être un jour utilisé en brasserie, pour la production d'éthanol ou pour la panification[4].

Le triticale cumule des propriétés rhéologiques, du blé tendre et du seigle, sans toutefois les égaler.

Il est en conséquence, possible de le panifier, le brasser ou le distiller.

Concernant la panification, la farine de triticale ne peut être utilisée seule : sa faible teneur en gluten ne lui permet que de venir compléter une farine de blé.

Création

  • 1re étape : introduction de gènes de compatibilité pour les croisements interspécifiques dans le blé tendre (gènes kr1, kr2, Skr - localisation sur les chromosomes 5A et 5B). Il y a en effet une incompatibilité entre le génome D du blé tendre et le génome R du seigle.
  • 2e étape : croisement d’une variété de blé tendre compatible avec une variété de seigle (Blé : ABD/ ABD x Seigle : R/R = ABDR). ou croisement d'une variété de blé dur avec une variété de seigle (Blé dur : AB/AB x seigle : R/R = ABR/ABR)
  • 3e étape : doublement du matériel génétique à la colchicine afin d'obtenir un triticale primaire octoploïde (ABDR/ABDR).
  • 4e étape : croisement du triticale primaire octoploïde avec un triticale élite hexaploïde. (ABDR/ABDR x ABR/ABR = ABR/ABR) qui permet l'élimination du génome D du Blé.

Variétés

Près de 120 variétés sont inscrites au Catalogue officiel des espèces et variétés[10] créées par 12 entreprises de sélection (AgriObtention[11], RAGT, Florimond Desprez[12],...) et près de 320 sont inscrites au Catalogue européen [13].

Quelques variétés cultivées :

  • classiques : Agostino, Agrilac, Anagram, Bellac, Bienvenu, Brehat, Dometica, Cedrico, Collegial, Elicsir, Gerschwin, Kereon, Magistral, Maximal, Melenac, Orval, Quatrevents, Remiko, Rénovac, Rgt Omeac, Rivolt, Rotégo, Trefl, Tribeca, Triskell,...
  • hybride : Hyt prime, Rgt Keac

Production

Nombre de milliers d'hectares en Europe. Chiffres 2016
Données de COCERAL[réf. nécessaire]

Pologne1 176
Allemagne396
France343
Espagne212
Hongrie111
Roumanie34

Notes et références

  1. Tropicos.org. Missouri Botanical Garden., consulté le 17 juillet 2016
  2. Yvonne Cauderon et André Cauderon, « Le triticale : première céréale créée par l'homme », Nature, sciences et société, (lire en ligne)
  3. « 15 avril 1978 : une nouvelle céréale prometteuse, le triticale / Journal Paysan Breton », sur Paysan Breton (consulté le ).
  4. Claire Doré et Fabrice Varoquaux, Histoire et amélioration de cinquante plantes cultivées, Paris, Quae, , 802 p. (ISBN 2-7380-1215-9, lire en ligne), p. 738-739.
  5. « Le triticale, une céréale non négligeable - AgriDemain », sur AgriDemain, (consulté le ).
  6. Histoire et amélioration de cinquante plantes cultivées (Doré C. et Varoquaux F., 2006)
  7. Fiche technique : Le Triticale, site de la chambre d'agriculture de Franche-Comté, 2012
  8. table de composition des aliments http://www.sfk-online.net/cgi-bin/sfkreport.mysql?sid=2531134114634250214245253121116878104&language=english&query=K0107
  9. Jean Guillaume, Ils ont domestiqué plantes et animaux : Prélude à la civilisation, Versailles, Éditions Quæ, , 456 p. (ISBN 978-2-7592-0892-0, lire en ligne), chap. 8.
  10. Catalogue français des espèces et variétés, sur le site du GEVES
  11. site d'AgriObtention
  12. site de Florimond Desprez
  13. Plant variety database European commission

Voir aussi

Bibliographie

  • (en) François Eudes, Triticale, Cham, Springer, , 258 p. (ISBN 978-3-319-22551-7, lire en ligne).
  • Patrick Bastergue, Michel Bernard, Annaig Bouguennec, Yvonne Cauderon, Louis Jestin, Jean-Paul Le Goff et Philippe Lonnet, « Le triticale », dans Claire Doré, Fabrice Varoquaux (coordinateurs), Histoire et amélioration de cinquante plantes cultivées, Éditions Quæ, coll. « Savoir faire », , 812 p. (ISBN 9782738012159), p. 737-745.
  • (en) National Research Council, Triticale : A Promising Addition to the World's Cereal Grains, The Minerva Group, Inc., , 116 p. (ISBN 978-0-89499-179-0, lire en ligne).

Articles connexes

Liens externes

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