Trichopoda pennipes

Trichopoda pennipes est une espèce de mouches brachycères de la famille des Tachinidae, du genre Trichopoda, qui parasite les punaises, notamment Nezara viridula. Elle est originaire d'Amérique du Sud, s'est répandue naturellement en Amérique du Nord, a été introduite sur le continent australien par l'industrie agroalimentaire comme moyen de lutte biologique contre les punaises.Elle est arrivée accidentellement en Europe où elle se répand peu à peu.

Description

De taille moyenne (7-13 mm), elle a une grosse tête, des ailes oranges et noires chez les mâles, brune et hyalines chez les femelles, le thorax jaune rayé de noir, l'abdomen orange, dont l'apex de l'abdomen est orange foncé chez les mâles, et noir chez les femelles, avec toutefois une grande variabilité de coloration. allant du très clair au très foncé. Les pattes sont noires, aux derniers tarses clairs, et la troisième paire de pattes porte un peigne de poils noirs, caractéristique propre à toutes les espèces du genre Trichopoda.

Répartition

Elle est présente dans la zone néotropical et néarctique. Elle a été introduite comme moyen de lutte biologique dans les îles Hawaï, en Australie, en Nouvelle-Zélande, en Argentine, en Afrique du Sud et aux îles Fidji[1].

En Europe, elle a été introduite accidentellement à la fin des années 80 en Italie, découverte près de l'aéroport international de Rome et d'une base militaire, qu'on suppose être son point d'entrée[1], puis en Espagne et au Portugal, et en France[2], dont elle a gagné le Nord[3], et s'étend: en 2011, elle s'est déjà rencontrée au Portugal, aux Pays-Bas, en Slovénie, en Israël[4].

Écologie

Elle parasite les punaises, de la famille des Coreidae, des Pentatomidae, des Largidae, des Scutelleridae[5], Pyrrhocoridae et Alydidae[1]. Elle a également été repérée sur une Mantidae, Tenodera australasiae[5]. Elle est considérée comme ayant coévolué avec Anasa tristis, mais son hôte le plus commun est aujourd'hui Nezara viridula, dans une association nouvelle étant donné que cette punaise est arrivée accidentellement vers 1700 dans le Nouveau monde[1].

Œuf de Trichopoda pennipes sur Nezara viridula
Trichopoda pennipes, accouplement

Elle est attirée par les phéromones des mâles, surtout lors des pullulations sur des cultures. Elle pond un ou plusieurs œufs sur la punaise, en général sous le thorax ou l'abdomen, mais ailleurs également. La larve pénètre à l'intérieur de l'hôte et se nourrit des fluides internes. Une seule larve peut survivre dans un hôte. Après environ deux semaines de croissance, la larve sort au troisième stade, entre les segments abdominaux. L'hôte meurt peu après, de l'effet mécanique de la sortie et non pas de la nourriture du parasite. La nymphose a lieu dans le sol, dans un cocon brun-rouge foncé, d'où l'adulte sort environ deux semaines plus tard. Il peut y avoir jusqu'à trois générations par années. La larve peut hiverner, au second stade, dans son hôte hivernant. Ainsi, malgré ce parasitisme, l'hôte continue à se nourrir, et garde la possibilité de se reproduire, même si peu à peu, ses organes sexuels sont atrophiés par le développement de la larve ayant atteint son stade 2. L'adulte émerge à la fin du printemps ou au début de l'été. A ce moment, il s'en prend à des adultes ayant hiverné, les seuls assez grands pour héberger les larves. Les générations suivantes vont parasiter aussi bien des larves aux derniers stades que des adultes de l'année 50% des larves parasitées vont mourir avant de devenir adultes, et les autres meurent avant de pondre. Le taux est moindre chez les punaises parasitées adultes, dont le cycle de vie n'est pas synchronisé avec celui du parasite[6]. Dans une étude menée en Californie, chez les Coreidae, le taux de parasitisme peut atteindre 80%[7].

Trichopoda pennipes, femelle

L'adulte se nourrit de nectar sur les fleurs (notamment Daucus carota), où il se tient souvent avec les ailes étalées.

Les hôtes parasités répertoriés appartiennent aux genres suivants[8]:

  • Coreidae: Acanthocephala sp., Anasa sp. (ravageurs des cultures de courges en Amérique du Nord), Archimerus, Chelinidea, Euthochtha, Leptoglossus (dont Leptoglossus occidentalis, une espèce d'Amérique du Nord invasive en Europe[9]), Narnia.
  • Pentatomidae: Acrosternum, Alcaeorrhynchus, Euschistus, Murgantia, Nezara viridula, Plautia, Thyanta.
  • Largidae: Largus sp.
  • Scutelleridae: Coleotichus


Une étude menée en Italie en 1998, dix après son arrivée accidentelle montrait qu'entre 20 et 25% des adultes de Nezara viridula étaient parasités, par un œuf (dans plus de 50% des cas) à jusqu'à 15 œufs, placés surtout sur le thorax. Aucune autre espèce de Pentatomidae collectés dans les mêmes régions n'étaient parasités[1].

Taxinomie

Elle appartient au sous-genre Trichopoda (Galactomyia)[8], et a été décrite initialement par Johan Christian Fabricius, en 1781, sous le protonyme de Musca pennipes.

Synonymes: Thereva pennipes (Fabricius, 1805), Thereva hirtipes (Fabricius, 1805), Phasia jugatoria (Say, 1829), Trichopoda cilipes (Wiedemann, 1830), Trichopoda flavicornis (Robineau-Desvoidy, 1830)[10].

Étymologiquement, le nom est redondant: Trichopoda, tiré du grec, signifie « à pattes poilues », et l'épithète spécifique pennipes, tirée du latin, « à pattes emplumées».

Références

  1. (en) Gianandrea Salerno, Stefano Colazza et Ferdinando Bin, « Nezara viridula parasitism by the tachinid fly Trichopoda pennipes ten years after its accidental introduction into Italy from the New World », BioControl, vol. 47, no 6, , p. 617–624 (ISSN 1573-8248, DOI 10.1023/A:1020521607677, lire en ligne, consulté le )
  2. « Trichopoda pennipes (Fabricius, 1781) | Fauna Europaea », sur fauna-eu.org (consulté le )
  3. « Trichopoda pennipes (Fabricius, 1781) », sur Inventaire National du Patrimoine Naturel (consulté le )
  4. (it) Elena Cargnus, Filippo Michele Buian et Pietro Zandigiacomo, « Presenza di Trichopoda pennipes (Diptera, Tachinidae) nell’Italia nord-orientale », Bollettino Soc. Naturalisti “Silvia Zenari”, , p. 123-130 (ISSN 1720-0245, résumé)
  5. « Species Trichopoda pennipes - BugGuide.Net », sur bugguide.net (consulté le )
  6. (en) « Midwest Biological Control News », sur www.entomology.wisc.edu (consulté le )
  7. « Trichopoda pennipes », sur biocontrol.entomology.cornell.edu (consulté le )
  8. « Genus Trichopoda, Tachinidae of America North of Mexico », sur www.nadsdiptera.org (consulté le )
  9. (it) Wb Strong, E. Guerrieri et Pf Roversi, « I parassitoidi di Leptoglossus occidentalis in Sicilia e nel suo areale di origine nordamericano », Atti del XXIII Congresso Nazionale Italiano di Entomologia, (lire en ligne, consulté le )
  10. « Catalogue of Life : Trichopoda pennipes (Fabricius, 1781) », sur www.catalogueoflife.org (consulté le )
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