Transport fluvial

Le transport fluvial est le transport sur les voies navigables, qu'elles soient des cours d'eau navigables, éventuellement aménagés, ou des canaux artificiels.

Transport fluvial de marchandises sur le Rhin.
Transport de passagers sur le Nil.

La batellerie désigne elle l'industrie du transport de marchandises (le fret) par bateaux sur les voies navigables mais aussi l'ensemble des bateaux qui servent à cette industrie. En plus du transport de marchandises, le transport fluvial inclut les quelques services de transports de personnes, ainsi que la navigation de plaisance ou tourisme fluvial.

Histoire

Transport fluvial dans l'Antiquité

Flottage du bois de cèdre vers Dur-Sharrukin Louvre AO19890

Dans la partie orientale du bassin méditerranéen, le flottage a probablement démarré dès l’âge du bronze en Égypte antique ou en Mésopotamie parallèlement aux progrès réalisés dans la navigation qui à l’époque utilisait encore beaucoup les radeaux de bambous. L’Égypte du 3e millénaire av. J.-C. a besoin d’embarcations capables de porter des charges lourdes comme les pierres de construction. Les Égyptiens ont fait des voyages de prospection au sud des cataractes du Nil en direction de l’Afrique tropicale où ils découvriront deux essences d’arbres qui leur conviennent parfaitement par la taille et par la maniabilité dans le façonnage : l’acajou et l’okoumé. Les billes de ces arbres abattus ont été très probablement flottées avec ou sans remorquage sur une distance de 2 000 km jusqu’aux chantiers navals de l’empire.

Dans le premier livre des Rois, chapitre 5, versets 15 à 26, la correspondance entre le roi Hiram et le roi Salomon au sujet des préparatifs de la construction du nouveau Temple à Jérusalem nous confirme que le flottage du bois était pratiqué sur mer le long des côtes. Suivant les traductions, le bois est expédié par flottage sur la mer jusqu’à Jaffa[1] ou descendu à la mer, assemblé et remorqué à l’endroit que l’on indiquera au roi de Tyr[2]. La seconde version paraît plus précise car il est fort probable que les fûts de cèdre du Liban n’aient pas dérivé seuls sur la mer. On ne peut donc pas parler de radeau ou train de bois au sens strict. Suivant les sources, Salomon importe du cèdre et du genévrier, pour d’autres du cèdre, du santal et du cyprès. Dans tous les cas, ce passage de la Bible représente clairement la première transaction commerciale écrite entre un acheteur et un vendeur qui s’accordent sur les prix, la nature de la marchandise et surtout le moyen de transport par flottage (mer et cours d’eau).

Il y a trente siècles, des felouques et des canges à rames ont navigué sur le Nil de Haute-Égypte. Toutefois, la proximité des rives du Nil avec les pyramides et les carrières de pierre peut laisser supposer que le Nil n'est pas complètement étranger au moyen de transport utilisé:

« La provenance de toutes les sortes de pierre constituant la pyramide est parfaitement connue, les pierres des assises sont en calcaire siliceux et proviennent de Gizeh même (les carrières sont encore visibles), le parement de calcaire fin vient de Tourah et le granite des chambres funéraire est issu des carrières d'Assouan (certes lointaines). Je ne vois pas pourquoi les Égyptiens se seraient compliqué la tâche en fabriquant de la pierre alors qu'ils en avaient à revendre[3]. »

 Jean-Claude Golvin (CNRS)

De même, l’édification des palais et des temples dans les sites antiques de Mésopotamie sur l’Euphrate, comme à Mari et son temple d’Ishtar a non seulement nécessité de grandes quantités de pierres de construction dont la caractéristique montre qu’elles proviennent de la falaise de Doura Europos, mais aussi une quantité non négligeable de bois importés des montagnes de l’actuelle Syrie ou Turquie qui ne peuvent qu’avoir été acheminés par flottage sur l’Euphrate vu la distance à parcourir.

Un bas-relief[Note 1] du VIIIe siècle av. J.-C. qui ornait le mur Nord de la cour d’honneur du palais de Dur-Sharrukin, ancienne capitale de l’empire assyrien aujourd’hui Khorsabad dans le nord de l’Irak, représente une scène de flottage de billes de bois non-assemblées, percées d’un trou à l’extrémité pour passer la corde et tirées par des barques remorqueurs manœuvrées par quatre rameurs. D’après la correspondance du roi Sargon II qui évoque cet événement, le bois de construction provenait de la région du haut Tigre ou des monts Nur[4]. Pour construire son nouveau palais, le roi Sargon II avait besoin d’une quantité impressionnante de bois et surtout de pierres de construction. Le port aux bois principal se trouvait alors à Assur où les pièces de bois étaient entreposées en grandes quantités avant d’être expédiées à Dur-Sharrukin par bateau. Elles arrivaient à Assur ou à Ninive par flottaison. En observant le bas-relief, on reconnaît les cordes qui rattachent chaque pièce au bateau, mais pas entre elles. Il n’y a donc pas d’assemblage en radeaux ; cette technique rappelle davantage les flottes en Asie ou les flottes modernes avec le grand filin central auquel sont reliées les billes séparément.

Chez les Romains, d'autres fleuves ont participé au transport fluvial, comme le Rhône.

Transport fluvial en France

Le transport fluvial en France est, en comparaison à de nombreux pays d'Europe centrale, du nord, de l'est et du sud-est, relativement peu développé et reste moins important que le transport routier ou le transport ferroviaire. Néanmoins, les qualités écologiques et environnementales du transport fluvial soulignées lors des Lois Grenelle Environnement font que ce dernier est désormais privilégié par le ministère de l'Environnement, de l'Énergie et de la Mer[5], ministère chargé des transports.

Le transport fluvial émet quatre fois moins de CO2 par tonnage transporté que la route[6].

Pour le transport de marchandises, de véhicules et de voyageurs.

Péniche sur la Seine - Paris.

Toueurs

La technique du touage consiste en la traction d'un train de péniche par un bateau-treuil, le toueur. Sur la Seine, la "C.G.T.V.N." (compagnie générale de traction sur voies navigables) exploitait un grand nombre de ces remorqueurs. Elle fut remplacée par la C.G. Poussage V.N.

Bateaux automoteurs

Automoteur Didier (armement Mahieu) dans le port du Havre.
Petit gabarit
long. 38,50 m. larg. 5,05 m.
Enfoncement : 1,80 à 2,70 m.
Voir Gabarit Freycinet
Grand gabarit
(rivières aménagées ou canaux), toutes dimensions jusqu’à : long. 172 m, larg. 11,45 m, 3 500 t.

Barges poussées

Barges poussées par l'Aigle, pousseur à 3 moteurs de 350 CV chacun.

Les convois fluviaux sont constitués :

  • Par un bateau pousseur : Ce bateau a pour fonction de pousser et manœuvrer un convoi de barges. Celui-ci, amarré à l'arrière du convoi par des câbles en acier, serrés par des treuils de forte puissance se comporte comme une unité complète dont la longueur avoisine les 180 mètres de long sur les voies navigables à grand gabarit. Les pousseurs disposent d'une puissance pouvant dépasser les 3000 ch, répartis sur plusieurs moteurs, eux-mêmes entraînant des hélices ayant souvent quatre gouvernails, deux arrière et deux avant, dits de "flanking", permettant des manœuvres très particulières.
  • Par des barges dont les dimensions peuvent varier. Cependant, la tendance lourde actuelle est de concevoir des unités aux dimensions standardisées afin d'optimiser les capacités de transport lourd qu'offre la voie d'eau. Il n'est pas rare d'associer plusieurs barges, en large comme en long afin de constituer un convoi "séparable".

La largeur totale d'un convoi est essentiellement établie en fonction du gabarit des écluses à passer. Par exemple : Jusqu’à 23 m de largeur sur le Rhin et le nord de la Belgique.

Les convois fluviaux sont essentiellement utilisés pour transporter des matériaux en vrac tels que des granulats, des céréales, des hydrocarbures… Leur tonnage peut aller jusqu’à 25 000 tonnes par convoi ce qui en fait un moyen de transport très adapté pour les matériaux de forte densité et ne nécessitant pas trop de ruptures de charge.

Bateaux traversiers

Bateau à roue à aube sur le Mississippi

Pour les traversées de cours d'eau de lacs, d'estuaires, de fjords de lagunes ou d'abers

Les métiers du transport fluvial

Ils concernent le réseau (voies navigables de France), les contrôles (douane, police de l'eau), les ports fluviaux et plates-formes multimodales, ou plus précisément le transport de fret ou de personnes, qui se font par des mariniers "artisans" (Artisan-batelier) ou "salariés".

Ce sont alors par exemple les Commandant, Premier Capitaine, Second Capitaine, Timonier, Matelot-timonier, Chef mécanicien et son Second, matelot-garde moteur, Matelot-niveau1/2. Des organismes spécifiques de formation existent pour ces métiers.

Capitaine d'un bateau de plaisance sur le Zambèze.

Réglementation

En France, la navigation fluviale de plaisance ou professionnelle est encadrée par le règlement général de police de la navigation intérieure (RGPNI)[7]. On trouve dans le document, les règles de navigation, ainsi que les types des feux que doivent porter les bateaux, et la signification du balisage et des panneaux.

Notes

  1. Ce bas-relief assyrien avec des barques et 4 rameurs se trouve aujourd’hui au Louvre.

Références

  1. Segond (NBS) et al., La Nouvelle Bible : Édition sans notes, BIBLI'O, , 1248 p. (ISBN 2-85300-198-9 et 9782853001984, lire en ligne), chap. 5.15-26 (« Premier livre des Rois »), p. 31.
  2. École biblique de Jérusalem, La Bible de Jérusalem (Traduction de la Bible sous la direction de l’École biblique de Jérusalem), Paris, Éditions du Cerf, , 2e éd. (1re éd. 1973), 1844 p. (ISBN 2-204-01491-5), chap. 5.15-26 (« Les préparatifs de la construction du Temple »), p. 381.
  3. http://jfbradu.free.fr/egypte/LES%20TOMBEAUX/LES%20PYRAMIDES/CHEOPS/CHEOPS.php3 l'hypothèse des fausses pierres
  4. Musée d’Archéologie nationale, Marion Bougeard (dir.) et al., Ministère de la Culture (photogr. Dankastudio), « Découvrir le site de Khorsabad : Le chantier de construction.Matières premières et main d’œuvre », sur Khorsabad, il y a 2 700 ans, la ville de Sargon, Paris (consulté le ) : « Les troncs étaient envoyés par flottaison vers Ninive ou Assur. À Assur, d’immenses quantités de bois étaient stockées en prévision de leur acheminement par bateau vers Khorsabad. Le relief du transport du bois du palais de Sargon évoque peut-être ces grands convois. ».
  5. « Le transport fluvial durable », sur developpement-durable.gouv.fr, (consulté le )
  6. « L'État coule le transport fluvial », sur Reporterre (consulté le )
  7. [PDF]« Consulter le RGPNI version consolidée de septembre 2014 », sur sportsdenature.gouv.fr (consulté le )

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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