Tour d'Espagne 1985
La 40e édition du Tour d'Espagne a été disputée du 23 avril au entre Valladolid et Salamanque. Le parcours faisait 3 474 km à effectuer en 19 étapes (et un prologue). L'Espagnol Pedro Delgado s'y est imposé, à une vitesse moyenne de 36,417 km/h.
Déroulement de la course[1]
Au départ, les principaux favoris avaient pour nom Pedro Delgado, Faustino Rupérez et Pello Ruiz Cabestany du côté espagnol et du côté international le vainqueur sortant Éric Caritoux, Seán Kelly, Peter Winnen ou bien encore Gianbattista Baronchelli.
Lors des premières étapes, un jeune néo-professionnel se fait remarquer en portant le maillot « amarillo » (jaune) de leader, Miguel Indurain.
Le premier tournant de la course se déroule dans la sixième étape avec son arrivée aux lacs de Covadonga. Après de nombreuses attaques de coureurs comme Luis Herrera ou Robert Millar, c'est Pedro Delgado qui se détache pour remporter l'étape et s'emparer du maillot du leader. Cependant dès le jour suivant, dans une étape avec de nombreux cols et une arrivée en altitude au Alto Campoo, une échappée avec de nombreux coureurs de valeur se forme, Perico Delgado perdra plus de trois minutes et son maillot jaune au profit de son coéquipier Pello Ruiz Cabestany, qui devance alors Robert Millar de six secondes.
Dans les étapes pyrénéennes, Millar réussit à distancer ses principaux concurrents tandis que le Colombien Francisco "Pacho" Rodríguez s'adjuge deux étapes. Delgado continue à perdre du temps au général, tant et si bien qu'après le contre-la-montre d'Alcalá de Henares, il se situe à plus de six minutes du leader et parait définitivement distancé pour la victoire finale. À seulement 10 secondes de Millar, se trouve Francisco Rodríguez.
Dans l'avant-dernière étape, le cours de la Vuelta est totalement bouleversé. Le coureur de la Kelme José Recio s'échappe dans une ascension, il est rejoint plus tard par Delgado. Les deux cyclistes joignent leur effort et distancent le peloton. Au terme de l'étape, les échappés relèguent Robert Millar à près de sept minutes, qui perd la Vuelta au profit de Pedro Delgado. Francisco Rodríguez les accompagne sur le podium.
Lors de la dernière étape, Vladimir Malakhov remporte la première victoire soviétique dans un grand Tour national "open"[2].
Polémique[3],[4],[5],[6],[7]
La spoliation de Robert Millar (comme celle de Francisco Rodríguez) est le sujet de la polémique qui secoua la presse sportive "non-espagnole" à la fin de la Vuelta 1985 (Polémique relatée dans la presse de l'époque, notamment L'Équipe et La Gazzetta dello Sport).
Avant la pénultième étape, le maillot amarillo, Robert Millar a 10 s d'avance sur Pacho Rodriguez et 6 min 13 s sur Perico Delgado. Lors de cette 18e étape, José Recio et Pedro Delgado réalisent un numéro exceptionnel, dans des conditions météorologiques dantesques et distancent le maillot jaune de 6 min 49 s, Millar totalement livré à lui-même, puis craquant moralement.
Là où il y a matière à polémique... Robert Millar aurait pu (dû) recevoir l'aide de quelques coureurs intéressés par la défense d'une bonne place au classement général final. Francisco "Pacho" Rodríguez n'était peut-être pas en mesure de suivre les deux échappés mais il a sagement suivi Millar dans son naufrage, son directeur sportif lui interdisant de tenter quoi que ce soit. Reimund Dietzen ne reçut pas davantage l'autorisation de défendre ses chances.
La presse étrangère jugea qu'il y eut une entente illicite des différents groupes sportifs espagnols pour favoriser la victoire d'un des leurs au détriment d'un coureur de leur propre équipe.
« C'est pourri, nous étions vraiment seuls contre tout un peloton. Il fallait absolument qu'un Espagnol l'emporte ! » Propos de Roland Berland, directeur sportif de Robert Millar parus dans le quotidien L'Équipe du lundi .
« Pacho Rodriguez venait de recevoir l'ordre formel de la part de son directeur sportif de l'équipe ZOR, de se saborder carrément. » Extraits de l'article de Philippe Bouvet dans le quotidien L'Équipe du lundi .
« Je remercie tous les Espagnols. Je remercie en particulier Javier Minguez (le directeur sportif de l'équipe ZOR) qui a fait perdre à Rodríguez une place très intéressante au classement général pour favoriser la victoire d'un Espagnol. Ma victoire... » Propos de Pedro Delgado devant la presse, relatés dans le quotidien L'Équipe du lundi .
À noter que lors de la 10e étape, une coalition de différents directeurs sportifs espagnols avait (déjà) permis de limiter le débours du leader de la course, l'Espagnol Pello Ruiz Cabestany[8].
Classement général
1. | Pedro Delgado | Espagne | 95 h 58 min 00 s |
2. | Robert Millar | Royaume-Uni | à 36 s |
3. | Francisco Rodríguez | Colombie | à 46 s |
4. | Pello Ruiz Cabestany | Espagne | à 1 min 51 s |
5. | Fabio Parra | Colombie | à 3 min 40 s |
6. | Éric Caritoux | France | à 6 min 08 s |
7. | Reimund Dietzen | Allemagne | à 6 min 36 s |
8. | Álvaro Pino | Espagne | à 7 min 41 s |
9. | Seán Kelly | Irlande | à 7 min 52 s |
10. | José Luis Navarro | Espagne | à 8 min 56 s |
Source: le quotidien L'Équipe du lundi .
Étapes
Équipes participantes
Liste des coureurs
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Notes et références
- (es) « Résumé de la course sur le site officiel du Tour d'Espagne », sur www.lavuelta.com (consulté le )
- Le quotidien L'Équipe du lundi 13 mai 1985
- (en) « The stolen Vuelta », sur www.ileach.co.uk (consulté le )
- (en) « National pride », sur www.pezcyclingnews.com (consulté le )
- (en) Matt Rendell, Kings of the Mountains, Aurum Press, , 246 p. (ISBN 978-1-85410-837-1, LCCN 2002416800)
- (en) « Robert Millar reclusive star », sur www.bbc.co.uk (consulté le )
- Le quotidien L'Équipe du lundi 13 mai 1985.
- « Berland crie au scandale », article publié dans le quotidien L'Équipe des samedi 4 et dimanche 5 mai 1985.
- « Les maillots des équipes du Tour d'Espagne 1985 », sur www.memoire-du-cyclisme.eu (consulté le )
- « Accès par coureur », sur www.memoire-du-cyclisme.eu (consulté le )
Lien externe
- Le Tour d'Espagne 1985 sur le site officiel du Tour d'Espagne
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