Tissu cardionecteur
Le tissu cardionecteur ou tissu nodal est un tissu incrusté dans le cœur, à l'origine de la contraction automatique du myocarde. Il correspond à l'innervation nerveuse intrinsèque cardiaque.
Morphologie
Quantitativement peu abondant, le tissu nodal est constitué par des cellules musculaires striées présentant plusieurs caractéristiques du tissu myocardique embryonnaire ; ces cellules sont noyées dans la masse du tissu myocardique et portent le nom de tissu nodal du fait qu'elles se répartissent en amas ou nœuds.
La répartition de ce tissu nodal à l'intérieur du myocarde est inégale : ces cellules sont regroupées pour former deux nœuds (connectés par un réseau internodal) et un filament ramifié.
Nœuds
Les nœuds sont tous deux situés, chez le mammifère, dans la paroi de l'atrium droit.
Le nœud sinusal (ou de Keith et Flack)
Le premier nœud, appelé nœud sinusal (ou de Keith et Flack), se présente comme une petite traînée blanche située sur la partie superficielle de la paroi de l'atrium droit, entre l'abouchement des deux veines caves, à proximité de la veine cave supérieure. C'est à cette proximité des gros troncs veineux qu'il doit son nom de nœud sinusal, par analogie avec le cœur de batracien où le sang veineux se déverse dans un sinus.
Il donne l'impulsion électrique à tout le cœur en battant spontanément à une fréquence élevée de 90 battements par minute, régulée à 70 battements par minute par le système parasympathique[1],[2].
Il distribue le courant électrique à travers des faisceaux atrioventriculaires qui cheminent dans la paroi des atriums droit et gauche, pour rejoindre le nœud atrioventriculaire[1],[2].
Le nœud atrioventriculaire (ou d'Aschoff-Tawara)
Le deuxième nœud, appelé nœud atrioventriculaire (ou d'Aschoff-Tawara), se trouve au niveau de la portion postéro-inférieure de la cloison interatriale, dans l'atrium droit, en avant de l'abouchement du sinus coronaire.
Il régule l'impulsion électrique et la transmet au faisceau de His.[1],[2]
Par ailleurs, le nœud atrioventriculaire a une activité autonome de 50 battements par minute[1],[2].
Réseau
Ces deux nœuds seraient reliés par trois voies de conduction[réf. nécessaire] (antérieure, médiane et postérieure) qui sont des bandes de tissu nodal mêlé à des fibres myocardiques. La voie antérieure se divise après avoir contourné la veine cave supérieure en un faisceau descendant vers le nœud atrioventriculaire et un faisceau vers l'atrium gauche (faisceau de Bachmann). L'existence et le rôle réel de conduction préférentielle de ces voies font encore l'objet de discussions.
Le nœud atrioventriculaire se prolonge par un filament de 2 cm environ, le faisceau de His, qui descend le long de la cloison inter atrial traverse la cloison atrioventriculaire droite, puis dans la portion fibreuse du septum interventriculaire et se divise en deux branches :
- la branche droite descend le long de la cloison interventriculaire sous l'endocarde ;
- la branche gauche, après avoir traversé le septum, descend le long du bord gauche de cette paroi.
Le faisceau de His a une activité autonome de 30 battements par minute[1],[2].
Arrivées à la pointe des ventricules, ces deux branches se réfléchissent et se terminent par de multiples arborisations qui constituent un réseau se distribuant à tout le myocarde ventriculaire : le réseau de Purkinje.
Systèmes de sécurité[1],[2]
Avec l’âge ou le développement de pathologies, il peut exister des défauts de conduction de l’influx de dépolarisation depuis le nœud sinusal. Le cœur ne reçoit alors plus l’ordre de se contracter pendant plusieurs secondes. C’est donc le nœud atrioventriculaire qui prend le relais du nœud sinusal. Chez les personnes âgées, il est possible de poser un pacemaker pour pallier la défaillance du tissu nodal. Le nœud atrioventriculaire, le faisceau de His, et le réseau de Purkinje sont donc des systèmes de sécurité qui peuvent prendre le relais du nœud sinusal en cas de défaillance.
Fonctionnement
L'automatisme cardiaque est la propriété que présente le cœur de se contracter rythmiquement en l'absence de toute stimulation qui pourrait lui parvenir d'autres organes. Ce sont des cellules autoexcitables.
Lorsqu'il est séparé du reste de l'organisme, le cœur d'un mammifère (dont l'humain) peut continuer son activité pendant plusieurs heures, si l'on perfuse son système coronaire avec du sang incoagulable, ou tout simplement avec un liquide nutritif approprié. Le cœur fonctionne donc indépendamment de l'activité neuroélectrique.
Les cellules du tissu nodal[3]
- Les cellules P: petites cellules pâles situées au niveau du nœud sinusal.
- Les cellules S intermédiaires: on les rencontre au niveau du nœud atrioventriculaire.
- Les cellules S intermédiaires travailleuses: elles sont situées soit dans les nœuds, soit dans les faisceaux.
- Les cellules de Purkinje: on les trouve dans des amas de cellules dont certaines sont volumineuses et arrondies, avec un noyau central et du cytoplasme en périphérie, comportant du glycogène et des myofibrilles striés périphériques. Elles sont très spécialisées, à la fois nerveuses et musculaires (neuromusculaires).
Notes et références
- Cours d'Anatomie du Pr Latrémouille, Pr Chevallier, Pr Delmas, Pr Vihn, de la faculté de médecine Paris Descartes
- Vincent Delmas, Dominique Brémond-Gignac et Olivier Clément, UE5 Organisation des appareils et des systèmes : Aspects morphologiques et fonctionnels, Elsevier Masson, , 354 p. (ISBN 978-2-294-71005-6 et 2-294-71005-3, OCLC 708404651, présentation en ligne)
- Cours d'Histologie cardiaque du Pr. Barbet, Faculté de médecine Paris Descartes
Lien externe
- Schéma : http://www.cardiologie.info/sites/userFiles/web-patho/cardiologie/cardiologie_coeur_schema5.jpg
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