Thomas Deltombe

Thomas Deltombe est un journaliste et essayiste français né le . Il collabore avec Le Monde diplomatique et les éditions La Découverte. Plusieurs de ses interventions et articles portent sur les médias et l'islam, l'Afrique, l'histoire coloniale.

Pour les articles homonymes, voir Deltombe.

Biographie

Thomas Deltombe est diplômé de Institut d'études politiques de Paris (2002) et titulaire d'un DEA d'histoire contemporaine (2003)[1].

Ouvrages

L'islam imaginaire

Dans L'islam imaginaire, il explique, à travers une étude détaillée des discours médiatiques et politiques hexagonaux, comment l'islamophobie est devenue un instrument de « régénération du racisme » en France[2]. Le journaliste Daniel Schneidermann qualifie L'islam imaginaire de « livre de référence sur la façon dont l'islam a été traité par la télévision depuis trente ans »[3].

Dans leur ouvrage Islamophobie, la contre-enquête, Isabelle Kersimon et Jean-Christophe Moreau contestent les analyses de Thomas Deltombe, et affirment qu'il n'existe pas d'« amalgame entre islam, islamisme et terrorisme entretenu par les médias »[4]. Constatant qu'ils le « critiquent vertement », le journaliste Alain Gresh remarque que Kersimon et Moreau s'appuient sans le dire sur certains exemples pourtant cités par Deltombe « pour prouver que les médias ne sont pas islamophobes »[5]. Ayant également été critiqué par Isabelle Kersimon et Jean-Christophe Moreau, le sociologue Abdellali Hajjat avance que ces deux auteurs « n'ont pas pris la peine de […] lire » l'ouvrage de Deltombe[6].

Caroline Fourest écrit à propos de L'Islam imaginaire : « Thomas Deltombe accuserait presque les médias d'avoir fantasmé l'intégrisme »[7].

Kamerun !

Kamerun ! traite essentiellement du « Cameroun français »[8]. Il offre, selon le chercheur Jean-Pierre Bat, la synthèse la plus complète sur l'histoire de la décolonisation du Cameroun[9]. Ses auteurs montrent comment la France a écrasé le mouvement indépendantiste camerounais, porté par l'Union des populations du Cameroun (UPC), pour garder la mainmise sur ce pays stratégique que Paris administrait sous la forme d'une tutelle de l'ONU.

Selon diverses sources citées par les auteurs, ce conflit oublié, qui a débuté au milieu des années 1950 et s'est poursuivi après l'indépendance formelle du pays le , aurait fait plusieurs dizaines de milliers de morts[10]. Depuis lors, le Cameroun est considéré comme un pays clé de la « Françafrique »[11]. Selon la revue orientée à gauche New Left Review, Kamerun ! offre « le portrait le plus détaillé réalisé à ce jour sur les origines et la formation de la Françafrique »[12].

Marc Michel, professeur honoraire d'histoire de l'Afrique à l'université de Provence, salue le travail d'enquête et de dépouillement réalisé par les auteurs. Il relève néanmoins que leur ouvrage se situe sur un autre terrain que celui de l'historien, et qu'il s'inscrit davantage dans la lignée du journalisme d’investigation et de dénonciation avec une préférence pour « les titres à sensation » ou l'emploi de formules choc[8]. Si l'historien confirme en partie le « bilan très noir pour l'État postcolonial et pro-occidental du Cameroun » que présente l'ouvrage, il ne partage pas « la vision manichéenne » qu’en donnent les auteurs. Et il rappelle que les dérives antidémocratiques qu'a connues le Cameroun ne sont pas propres à ce pays, et qu'on ne peut en imputer la responsabilité aux seules anciennes puissances coloniales[8]. Marc Michel regrette que les « multiples sources secondaires invoquées, [soient] souvent placées hors contexte, et pratiquement toutes dans un seul sens, laissant de côté celles qui n’arrangent pas », et enfin que « les auteurs cherchent moins à analyser l’évolution des forces économiques, sociales et politiques de ce pays « compliqué », […], qu’à instruire un procès. »[8]

Prises de position

Dans le Huffington Post en 2015, Jean-Christophe Moreau reproche à Thomas Deltombe et Alain Gresh d'avoir mené « une campagne de dénigrement contre le journaliste Mohamed Sifaoui, (accusé de trop en faire avec la menace islamiste) »[13] .

Attentat de 2011 contre Charlie Hebdo

En 2011, Thomas Deltombe fait partie des signataires d'un manifeste refusant de soutenir Charlie Hebdo au lendemain d'un attentat au cocktail molotov ayant détruit les locaux du journal satirique[14].

Publications

  • L'islam imaginaire : la construction médiatique de l'islamophobie en France (1975-2005), Paris, La Découverte, "Cahiers libres", 2005. (ISBN 2-7071-4672-2)
  • Au nom du … Les démocraties à l'épreuve de l'antiterrorisme, avec Didier Bigo et Laurent Bonelli, La Découverte, Paris, 2008 (ISBN 9782707153296)
  • Mosquées : immersion parisienne dans des lieux ordinaires, Éd. le Passager clandestin, Paris, 2008, 91 p. (ISBN 978-2-916952-13-0)
  • Kamerun ! Une guerre cachée aux origines de la Françafrique, 1948-1971, avec Manuel Domergue et Jacob Tatsitsa, La Découverte, "Cahiers libres", Paris, 2011, 742 p. (ISBN 9782707159137)
  • La guerre du Cameroun. L'invention de la Françafrique, avec Manuel Domergue et Jacob Tatsistsa, La Découverte, "Cahiers libres", Paris, 2016, 200 p. (ISBN 9782707193728)

Notes et références

  1. « Sciences Po Alumni », sur sciencespo-alumni.fr (consulté le )
  2. « Un « islamisme » télégénique - Les mots sont importants (lmsi.net) », sur lmsi.net (consulté le )
  3. Extraits de presse.
  4. « L'islamophobie partout ? », sur Conspiracy Watch | L'Observatoire du conspirationnisme, (consulté le )
  5. Islamophobie : vous avez dit contre-enquête ?, blog.mondediplo.net, 6 janvier 2015.
  6. « Statistiques de l'islamophobie : misère du journalisme mensonger », Abdellali Hajjat, blogs.mediapart.fr, 26 février 2015.
  7. Caroline Fourest, «Le Choc des préjugés : l'impasse des postures sécuritaires et victimaires», Calmann-Lévy, 2007, page 156.
  8. « un livre sur le Cameroun (1948-1971) : critique - études-coloniales », sur etudescoloniales.canalblog.com, (consulté le )
  9. Jean-Pierre Bat, "Kamerun ! Une guerre cachée aux origines de la Françafrique (1948-1971)", note de lecture, Afrique contemporaine, no 237, novembre 2011, p. 149-152.
  10. « La guerre coloniale du Cameroun a bien eu lieu », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
  11. « "Kamerun ! Une guerre cachée aux origines de la Françafrique. 1948-1971" et "Au Cameroun de Paul Biya" : une sale guerre oubliée », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
  12. (en) « Augusta Conchiglia, Ghosts of Kamerun, NLR 77, September–October 2012 », sur New Left Review (consulté le )
  13. « "L'islamophobie" selon Alain Gresh », sur Le HuffPost, (consulté le )
  14. « Pour la défense de la liberté d'expression, contre le soutien à Charlie Hebdo ! - Les mots sont importants (lmsi.net) », sur web.archive.org, (consulté le )

Liens externes

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