Tamassos

Tamassos (grec: Ταμασσόςς) ou Tamasos (grec: Τἀμασος) est une cité grecque antique située sur l'île de Chypre, devenu un site archéologique, situé dans la partie centrale de l’île.

Tamassos
Ταμασσός

Apollon Chatsworth du Britsh Museum de Londres
Localisation
Pays Chypre
District de Nicosie
Coordonnées 35° 02′ 06″ nord, 33° 15′ 00″ est
Géolocalisation sur la carte : Chypre
Tamassos

Localisation

Le site est situé dans la grande plaine centrale de l'île, au sud-est de Soles, sur la route du site de Soles à Tremithus (ou Tremetousia). Il est un peu à l’écart de la route menant de Nicosie au Mont Olympe. Aujourd'hui, il est réparti sur les territoires des villages de Psimolofou, Episkopeio, Pera Orinis, Ergates, Politiko, Kampia, Analyontas et Kapedes. Il borde notamment le village de Politiko, à environ 21 kilomètres au sud-ouest de la capitale, Nicosie.

Variantes orthographiques

Un article de Sophrone Pétridès dans la Catholic Encyclopedia de 1912 indique que les pièces de monnaie de la cité antique énoncent le toponyme avec le double s (Tamassos, Tamassus) [1]. D’autres articles font prévaloir l'orthographe avec un seul s (Tamasos, Tamasus), citant Pline, Strabon, Ovide, Eustathe, Constantin Porphyrogénète et Nonnos de Panopolis, et les signatures des évêques qui ont participé respectivement au deuxième Concile œcuménique et au quatrième[2],[3].

Le gouvernement de Chypre a publié en 1964 un cachet qui fait référence à la ville antique en tant que Ταμασός en grec et tamasus en anglais[2]. Le Département chypriote des Antiquités utilise les deux formes[4], tandis que les instituts archéologiques américains, anglais ou français utilisent la formulation avec double s[5],[6],[7].

Histoire

Une inscription assyrienne d'environ 673 av. J.-C. (indexée sous l’appellation de prisme d’Assarhaddon), mentionne Tamesi comme une cité-État ayant son propre roi qui rend hommage à l'Empire néo-assyrien [8],[9].

Des nécropoles de la période assyrienne ont été mises au jour au XIXe siècle, avec des chambres funéraires dédiées à des rois et des nobles[10]. Un moment indépendante, et découpée en une dizaine de royaume, l'île est pris ensuite entre l'influence de plus en plus forte des cités grecques, et les puissants voisins perses[11]. La cité de Tamassos tombe aux mains des envahisseurs successifs de l'île, notamment d'Alexandre le Grand, puis est englobée dans les possessions romaines. Durant la période hellénique, la cité honore Apollon par un sanctuaire[12]. Une tête de bronze d'Apollon, dite Chatsworth a été découverte sur place, en 1836, près de la rivière Pediaeos, dans la partie septentrionale du site. Tête et bras se sont détachés lorsque l’ensemble statutaire dont ils sont issus a été extrait et l’œuvre a été vendue, en morceaux, au poids du métal. La tête a été acquise ultérieurement, en 1838 ou 1839, par un aristocrate anglais, le duc de Devonshire, qui l’a installée dans son domaine de Chatsworth, dont elle a gardé le nom. En 1885[13] ou en 1888-1889, Max Ohnefalsch-Richter a retrouvé l’emplacement du sanctuaire d’où provient la statue et y a trouvé d’autres fragments de statues en bronze[14]. Après cette découverte la localisation précise du sanctuaire a été perdue. Durant l'automne 2020, une campagne de fouille archéologique effectuée par une équipe allemande des universités de Francfort et de Kiel, l'a retrouvé grâce à un sondage effectué avec un radar à pénétration de sol en collaboration avec l'université de Chypre, dans une vallée à proximité du village de Pera Oreinis (en)[13].

Au lieu-dit Chomazourka, des traces de constructions d'une basilique paléochrétienne ont été découvertes, ainsi que des tombes de la même période[15],[16].

Évocation littéraire

Compte tenu des mines de cuivre dans cette région, le site peut correspondre au Témése mentionné par Homère dans l’Odyssée (Odyssée, I, 184), bien que cette hypothèse soit contestée par certains chercheurs[17],[18].

Μέντης Ἀγχιάλοιο δαΐφρονος εὔχομαι εἶναι
νῦν δ' ὧδε ξὺν νηῒ κατήλυθον ἠδ' ἑτάροισι,
πλέων ἐπὶ οἴνοπα πόντον ἐπ' ἀλλοθρόους ἀνθρώπους,
ἐς Τεμέσην μετὰ χαλκόν, ἄγω δ' αἴθωνα σίδηρον.

« J'ai mon navire et mon équipage
Sur le noir océan, je vais à Témése
Chez des gens qui parlent une autre langue
Troquer mon fer étincelant contre du bronze »

Le cuivre était à l’époque la principale source de commerce de l'île[1].

Références

  1. (en) Sophrone Pétridès, « "Tamassus », Catholic Encyclopedia, New York, (lire en ligne)
  2. (el) « Η Ταμασός ανά τους αιώνας », Diakonima, (lire en ligne)
  3. (en) Charlton T. Lewis et Charles Short, A Latin Dictionary. Founded on Andrews' edition of Freund's Latin dictionary. revised, enlarged, and in great part rewritten, Oxford, Clarendon Press., (lire en ligne), « Tămăsŏs »
  4. (en) « Tamasos », sur Department of Antiquities
  5. (en) Demos Christou, « Rare Cypriot Sculptures », Archaelogy, vol. 50, no 3, (lire en ligne)
  6. (en) « Cypriot Copper: Mysteries of the Bronze Age. Weapons Tools and Ritual Remains », sur Ashmolean Museum of Art and Archaeology
  7. Karageorghis Vassos, « Chronique des fouilles et découvertes archéologiques à Chypre en 1967 », Bulletin de correspondance hellénique, vol. 92, t. 1, , p. 261-358 (lire en ligne)
  8. (en) Gocha R. Tsetskhladze et Maria Iacovou, Greek Colonisation : An Account of Greek Colonies and Other Settlements Overseas, vol. 2, Brill, , 566 p. (ISBN 978-90-04-15576-3, lire en ligne), « Cyprus: from migration to Hellenization », p. 261
  9. (en) « Esarhaddon's Annals », sur bethel.edu
  10. Olivier Masson, « Kypriaka. I. Recherches sur les antiquités de Tamassos », Bulletin de correspondance hellénique, vol. 88, t. 1, , p. 199-238 (DOI 10.3406/bch.1964.2274, lire en ligne)
  11. Jean Pouilloux, « L'époque classique à Chypre », Journal des savants,, nos 3-4, , p. 147-161 (DOI 10.3406/jds.1989.1524, lire en ligne)
  12. Antoine Hermary, « Un combat homérique sur un vase chypriote archaïque », Mélanges de l'Ecole française de Rome. Antiquité, t. 103, no 1, , p. 167-175 (DOI 10.3406/mefr.1991.1707, lire en ligne)
  13. Simon Cherner, « À Chypre, le sanctuaire perdu d'Apollon enfin retrouvé », sur https://www.lefigaro.fr/, (consulté le ).
  14. Anne Bouquillon, Sophie Descamps, Antoine Hermary et Benoît Mille, « Une nouvelle étude de l'Apollon Chatsworth », Revue archéologique, vol. 2, no 42, , p. 227-261 (DOI 10.3917/arch.062.0227, lire en ligne)
  15. Karageorghis Vassos, « Chronique des fouilles et découvertes archéologiques à Chypre en 1967 », Bulletin de correspondance hellénique, vol. 92, t. 1, , p. 261-358 (lire en ligne)
  16. Sabine Fourrier, « Les territoires des royaumes chypriotes archaïques : une esquisse de géographie historique », Cahiers du Centre d'Etudes Chypriotes, vol. 32, , p. 135-146 (DOI 10.3406/cchyp.2002.1408, lire en ligne)
  17. Malick Ndoye, Groupes sociaux et idéologie du travail dans les mondes homérique et hésiodique, Presses universitaires deFranche-Comté, (lire en ligne)
  18. Frank Van Wonterghem et Maddoli Gianfranco, « Temesa e il suo territorio. Atti del colloquio di Perugia e Trevi (30-31 maggio 1981) », L'Antiquité classique, t. 54, , p. 541-542 (lire en ligne)

Article connexe

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