Sultanat de Kilwa

Le sultanat de Kilwa (ou Quiloa) est un ancien sultanat, centré sur l'île côtière de Kilwa (aujourd'hui en Tanzanie) en Afrique de l'Est qui, à son extension maximale, couvrait toute la côte de Zanguebar (ou côte Swahilie). Il fut le plus important sultanat de la culture swahili. Son histoire est connue grâce à la deuxième version de la chronique de Kilwa de 1520, reprise par João de Barros dans Décadas da Ásia de 1552. On connaît par ce dernier une liste de souverains.

Pour les articles homonymes, voir Kilwa.

Kilwa et l'aire swahilie
1572

Peuplement historique

Les premiers peuples de Kilwa, étaient selon la tradition, les Mtakata, puis suivirent des Mranga de Jasi, enfin le roi Mrimba des Machinga.

Fondation du sultanat et prospérité commerciale

La grande mosquée de Kilwa Kisiwani.

Au IXe siècle l'île de Kilwa Kisiwani est vendue au marchand Ali bin Al-Hasan (en), persan d'origine princière de Chiraz, qui en fait un port de commerce idéalement placé, au nord du Mozambique.

Les premières pièces de monnaie locales sont datées des alentours des années 1200, et ont été émises par le sultan Ali al-Hasan.

Au XIIIe siècle, le sultanat de Kilwa contrôle le commerce de l'or venant des mines du Zimbabwe, détenu auparavant par Mogadiscio.

Son sultan est décrit en 1331 par Ibn Battûta comme le plus gracieux et aimable des souverains. Ce souverain effectuait cependant régulièrement des raids et des pillages sur le continent. La ville échangeait les marchandises de la Zambie contre des bijoux indiens et de la porcelaine chinoise. À partir de 1425 des disputes dynastiques déchirent le sultanat.

Cependant, au XVIe siècle, le sultanat est devenu le plus puissant de la côte de Zanzibar ; sa cité en est aussi la plus renommée et la plus luxuriante, décrite comme étant une des villes les plus élégamment bâties du monde. Les habitants de la côte sont décrits par le voyageur arabe Ibn Battûta comme étant bien nourris[1] de mets riches et exotiques, habillés somptueusement. Des caravanes commerciales s’enfoncent de plus en plus profondément dans les terres, jusqu’aux grands lacs, pour récupérer les précieuses marchandises qui sont réexpédiées vers le Moyen-Orient.

L’invasion portugaise (1500-1512)

En 1500 le portugais Pedro Alvares Cabral décrit les maisons comme étant faites de corail (chaux).

Gaspar Correia décrit la ville à l’arrivée du vaisseau portugais de Vasco de Gama. La médina, ceinte d’une muraille et protégée par des tours, est peuplée de peut-être 12 000 personnes. Les ruelles étroites sont bordées de très hautes maisons surmontées de terrasses, et disposant de jardins intérieurs. La campagne alentour est couverte de jardins luxuriants, avec de nombreuses espèces d’arbres et de plantes. Le port est rempli de navires.

Très rapidement les, Portugais accaparent le commerce de l’or, du textile, des épices, de l’ivoire et des esclaves : la ville est détruite une première fois en 1505, et soumise comme les autres sultanats de la côte. Quiloa, nom portugais de Kilwa, paie un tribut au roi du Portugal.

Retour à l'indépendance et nouvelle prospérité (1512-1784)

À partir de 1512, des mercenaires arabes reprennent Kilwa et la cité retrouve en partie sa prospérité.

En 1606, lors de la visite du Franciscain Gaspar de Santo Berndino, la ville est de nouveau entourée de jardins luxuriants, sur l’île poussent millet, riz, canne à sucre, et dit-il, « les insulaires ne savent pas quoi en faire. »

En 1751, Louis de Jaucourt décrit ainsi la région dans l'Encyclopédie de Diderot et d'Alembert :

« île & ville d’Afrique au Zanguebar, sur la côte de Mélinde, à 100 lieues du Mozambique. Les Portugais en firent la découverte en 1498, & rendirent son royaume leur tributaire. Le terroir de cette île porte quantité de palmiers & d’autres arbres. Les habitants sont en partie païens, en partie mahométans, & blancs de couleur. [...] Quelques géographes prétendent que la ville Quiloa est le Rapta de Ptolomée, qui dit que c’était jadis la capitale de Barbarie, d’où le promontoire Raptum a pris son nom[2]. »

En 1776, le sultan de Kilwa Hassan ibn Ibrahim ibn Yusuf, petit-fils d’un Chirazien, vend à Morice, un représentant français, un millier d’esclaves pour 20 piastres par an, plus 2 piastres pour chaque esclave. Il dispose du monopole de la traite.

Domination par les sultanats d’Oman et Zanzibar (1784-1886) et déchéance

Bateaux de pêcheurs à Kilwa.

En 1784, l’île passe sous la domination des sultans d’Oman et de Zanzibar. Les Français construisent alors un fort dans le nord de l’île. Puis, la cité est abandonnée, dans les années 1840.

À partir du XIXe siècle, la ville est redevenue un petit village. James Prior, chirurgien de la frégate Nisus, qui travaille sur l’hydrographie de l’ouest de l’océan Indien, déclare que « Comme les autres cités de la côte, dite florissante et populeuse, elle a sombré de la civilisation, santé et puissance vers l'insignifiance, la pauvreté et la barbarie. »

Les îles de Kilwa Kisiwani et Songo Mnara possèdent de cette époque des ruines, inscrites au patrimoine mondial de l’Unesco[3].

Colonisation allemande (1886-1918)

En 1886, Kilwa est annexée et intégrée à la colonie d’Afrique orientale allemande, ce qui cessera en 1918, au lendemain de la Première Guerre mondiale. Elle passe ensuite sous contrôle britannique, jusqu'à l'indépendance de la Tanzanie, dans les années 1960.

Voir aussi

Notes et références

  1. Ibn Battûta visite la côte en 1331, jusqu'à Kilwa, ce qu'il relate dans son Rihla Les Voyages »).
  2. L’Encyclopédie, 1re édition, 1751 (Tome 13, p. 713). lire en ligne.
  3. Site de l’Unesco.

Sources

  • Peter Garlake: Afrika und seine Königreiche, Berlin, Darmstadt, Wien 1975, S. 88

Bibliographie

  • Neville Chittick (1923-1984), Kilwa, An Islamic trading City on the East African Coast, Nairobi, 1966)
  • François-Xavier Fauvelle-Aymar, Le rhinocéros d'or : Histoires du Moyen Age africain, Alma Editeur, , 317 p. (ISBN 2362790452), p. 185-193

Liens externes

Articles connexes

  • Portail de l’histoire
  • Portail de la Tanzanie
  • Portail d’Oman
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.