Stanbrook

En mars 1939, à la fin de la guerre d'Espagne, un très grand nombre de républicains rejoignent Alicante dans l'espoir de s'exiler par la mer. Or, le blocus maritime, l'aviation nazie et le renfort des militaires italiens de la division Littorio interdisent à tous bateau humanitaire d'accoster : le port d'Alicante devient un piège pour des milliers de républicains. Ils sont arrêtés sur les quais et conduits par les soldats italiens de la Division Littorio, unité militaire venue en renfort des troupes franquistes, au camp de concentration de Los Almendros, puis d'Albatera, où ils sont internés.

Le 28 mars 1939, quatre jours avant la fin de la guerre, le navire de commerce Stanbrook est à quai, attendant des cargaisons d'oranges et de safran. Son capitaine, le Gallois Archibald Dickson, aperçoit les milliers de réfugiés sur le quai. Il décide immédiatement de les faire embarquer, à l'encontre de tous les ordres[1].

Le Stanbrook quitte le port le 28 mars au soir, avec 2 638 personnes à son bord, sous les tirs du croiseur Canarias et de la flotte franquiste qui avait pour objectif de capturer les réfugiés. Le capitaine force le blocus. Dans un parcours héroïque, en deçà de sa ligne de flottaison en raison du trop grand nombre de passagers, le Stanbrook fait route vers le sud.

Après 22h de trajet, le Stanbrook atteint le port de Mers el-Kébir, près d'Oran[2]. Une liste des passagers sera dressée par la préfecture de police. Cette dernière est consultable aux Archives nationales d'Outre-Mer à Aix-en-Provence[3].

Les milliers d'exilés ne seront totalement débarqués que le 27 avril[4], après avoir passé pour certains près d'un mois sur le navire, dans la promiscuité et l'insalubrité.

• La majeure part des réfugiés du Stanbrook a été par la suite conduite par les autorités françaises à Camp Morand, à Boghari, au Sahara, où leur exil continuera dans des conditions effroyables, les camps d'accueils étant en réalité des camps de travail forcé[5].

• Six mois après le sauvetage héroïque d'Alicante, le Stanbrook est torpillé le 19 novembre 1939 en mer du Nord par le sous-marin allemand U-57, avec à son bord le capitaine Archibald Dickson[6]. Dans les camps d'Algérie, les exilés feront une minute de silence en l'apprenant.^{[réf. souhaitée]}
• La ville d'Alicante a dédié une rue en souvenir du navire.

De nombreuses références au Stanbrook existent dans la culture populaire, comme notamment :

• Un groupe d'Heavy Métal d'Alicante porte le nom du navire, en hommage à ce dernier et à l'équipage[7]
• Un court métrage, Stanbrook, sorti en 2020 et réalisé par Óscar Bernàcer[8]
• Un film documentaire, Aurore, sorti en 2007 de Christian Caroz[9]
• La bande dessinée La Nueve, par Paco Roca, consacre un passage sur le navire[10]

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