Stace

Stace (Publius Papinius Statius) est un poète de langue latine de la Rome antique, né à Naples le 27 mars 40, mort en 96.

Biographie

Aucun autre auteur antique n'a parlé de Stace ni de ses œuvres, sauf Juvénal, qui témoigne simplement en un passage du succès rencontré par la Thébaïde[1]. Le peu d'éléments dont nous disposons est tiré d'allusions présentes dans ses Silves. Son père, originaire de Velia, a perdu sa fortune et par conséquent son appartenance au rang équestre. Il s'installe alors comme grammairien à Naples tout en se consacrant à la poésie. C'est donc auprès de son père que Stace, dès la plus tendre enfance, est initié à la poésie. Il est lui-même grammairien à Naples avant de s'installer à Rome en l'année troublée 69. Il commence à déclamer ses vers en public et rencontre une veuve, Claudia, musicienne très impliquée dans la vie mondaine de Rome, qu'il épouse. Claudia a déjà une fille de son premier mariage mais son union avec Stace reste stérile. Celui-ci plus tard élève et éduque comme son propre fils un esclave affranchi, sans toutefois l'adopter.

À Rome, il mène une vie d'écrivain professionnel et de poète de cour, étant introduit au palais impérial notamment sous Domitien. Il est couronné plusieurs fois à des jeux poétiques tels que les Jeux albains, les Jeux capitolins, et aussi à Naples en 78, sous les yeux de son père. Malade à partir de 95, il se partage entre Rome et Naples. On ne possède plus aucun renseignement sur lui après 96. Il est plausible qu'il soit mort à Rome, occupant ses derniers jours à la rédaction de son Achilléide, épopée restée inachevée.

Œuvre

Son œuvre se partage entre deux épopées, la Thébaïde et l’Achilléide, dont il espère qu'elles vont lui apporter l'immortalité poétique, et les Silves, cinq livres (32 pièces) pour la plupart composés en hexamètres dactyliques.

  • La Thébaïde est une épopée en douze chants qui a pour objet la guerre que soutient Polynice et ses alliés, Tydée et Capanée, contre Étéocle, son frère, roi de Thèbes.
  • L’Achilléide, restée inachevée après le deuxième chant, décrit l'enfance d'Achille auprès du centaure Chiron, ou parmi les filles de Lycomède.
  • Les Silves (ou Impromptus) sont trente-deux poèmes de circonstance, de longueur variée, regroupés en cinq livres (un total d'environ 3 300 vers). Le cadre en est la haute société romaine à une époque où les mécènes sont devenus rares. Stace ne manque donc aucune occasion de célébrer les grands (dont bien sûr l'empereur Domitien) sur des sujets très variés (fêtes, naissances, mariages...). Ce sont des tableaux de la vie romaine composés dans un style spontané et naturel. Stace en effet ne met jamais plus de deux jours pour écrire des pièces dont certaines comptent plus de 300 vers.[réf. nécessaire]

Éditions modernes

  • Stace, La Thébaïde, Les Belles Lettres (no 90), 1990 sq., 3 vol.
  • Stace, Achilléide, Les Belles Lettres (no 95), 1971.
  • François Ripoll et Jean Soubiran, Stace, Achilléide (édition, traduction, commentaire), Louvain, Peeters, 2008, 357 p.
  • Stace, Les Silves, Les Belles Lettres (no 89-95), 1949.

Traductions en français accessibles en ligne

  • Thébaïde, traduction Nisard, 1865 en ligne.
  • Achilléide, traduction Nisard, 1865 en ligne.
  • Silves, traduction Couard, 1935 en ligne.

Postérité

Stace est un personnage de la Divine Comédie de Dante. Il apparaît au Purgatoire (chant XXII), pour guider le narrateur avec Virgile. Quand Virgile disparaît, à la fin du Purgatoire, Stace reste avec le narrateur et entre au Paradis. Dante pensait donc que Stace avait été chrétien. Il le fait dire au poète dans le dialogue entre Virgile et Stace au chant XXII du Purgatoire : Stace serait devenu chrétien en lisant la Bucolique IV de Virgile (où le Moyen Âge lisait une prophétie de la venue du Christ) ; « Per te poeta fui, per te cristiano » (« Je devins, grâce à toi, poète et chrétien. »), dit Stace à Virgile. On ignore d'où Dante a tiré cette idée du christianisme de Stace. On peut signaler qu'un commentaire allégorique de la Thébaïde, datant probablement du XIIe siècle environ, était attribué faussement à Fulgence le Mythographe (auteur d'une Expositio Virgilianæ continentiæ), lequel était lui-même identifié à l'évêque et théologien chrétien Fulgence de Ruspe.

Homonymie

Au Moyen Âge, à la suite d'une confusion, on pensait que le poète Stace était gaulois, natif de Toulouse. Lactantius Placidus, commentateur de la Thébaïde et de l'Achilléide, le prétend déjà (« Si quis autem unde fuerit (Statius) quærat, invenitur fuisse Tolosensis, quæ civitas Galliæ est ; ideoque in Gallia celeberrime docuit rhetoricam, sed postea veniens Romam ad poeticam se transtulit »). Dante reprend cette tradition (Purg., § XXI, vers 87 à 90 : « Tanto fu dolce mio vocale spirto, / Che, Tolosano, a sé me trasse Roma, / Dove mertai le tempie ornar di mirto »), de même que Boccace (Amorosa visione, ch. V : « Et Statio di Tolosa anchora caro/ Quivi pareva havesse assai ben detto/ Del Teban mal', d'Achille il vigor raro »).

En fait il s'agit d'une erreur qui vient de la Chronique de saint Jérôme (traduction latine de celle d'Eusèbe de Césarée). Cette chronique indique pour l'an 2073 (c'est-à-dire 59 apr. J.-C.) : « Statius Surculus Tolosanus in Gallia celeberrime rhetoricam docuit ». Ce Statius Surculus n'est pas le même homme que le poète Papinius Statius. Ce rhéteur toulousain s'appelait d'ailleurs plutôt Statius Ursulus, nom sous lequel il figure dans une liste de rhéteurs introduisant le De claris rhetoribus de Suétone dans certains manuscrits : Ursulus est un nom de famille bien attesté par l'épigraphie, tandis que Surculus ne se trouve nulle part. Ce devait être d'ailleurs un rhéteur très célèbre en son temps pour se retrouver dans la chronique d'Eusèbe de Césarée.

La confusion des médiévaux s'explique aussi par le fait qu'on sait que le poète Stace était natif de Naples par ses Silves, poèmes à sujets parfois personnels (cf. III, 5, poème adressé à sa femme ; V, 3, évocation de son père, professeur à Naples) ; or ce recueil était pratiquement ignoré au Moyen Âge et fut redécouvert par Poggio Bracciolini en 1417.

Notes et références

  1. Juvénal, Satires, VII, 82-84 : « Curritur ad vocem jucundam et carmen amicæ/ Thebaidos, lætam cum fecit Statius urbem/ Promisitque diem ».

Bibliographie

  • Jean Bayet, Littérature latine, Armand Colin, collection U, 1965.
  • P. Hardie, The epic successors of Virgil, a study in the dynamics of a tradition, Cambridge, PU, 1993.
  • F. Ripoll, La morale héroïque dans les épopées latines d'époque flavienne : tradition et innovation, Louvain, Peeters, 1998.
  • Sylvie Franchet d'Espèrey, Conflit, violence et non-violence dans 'La Thébaïde' de Stace, Paris, Les Belles Lettres, 1999.
  • Fernand Delarue, Stace, poète épique, originalité et cohérence, Louvain et Paris, Peeters, 2000.
  • Fernand Delarue (dir.), Epicedion. Hommage à P. Papinius Statius, 96-1996 (La Licorne, 38), Poitiers, Université de Poitiers, 1996. (ISBN 2-911044-08-8)
  • Anne Lagière, La Thébaïde de Stace et le sublime, Bruxelles, Peeters Publishers, 2017.

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