Sophie de Rome

Sainte Sophie ou sainte Sophie de Rome, est une martyre chrétienne suppliciée à Rome vers 137. Fête le 25 mai en Occident , le 17 septembre en Orient et le en Alsace en Allemagne et en Pologne (sainte Sophie de Rome est fêtée le , les autres dates correspondant à d'autres saintes prénommée Sophie).

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Sophie de Rome et ses trois filles (icône russe anonyme du XVIe siècle, Galerie Tretiakov, Moscou[1]).

Issue d'une riche famille romaine, elle éleva ses trois filles dans la religion du Christ et la crainte de Dieu. Les noms grecs de ses trois filles, Pistis, Elpis et Agapi ont été traduits en français et en russe : ce sont respectivement Foi (ou Véra), Espérance (ou Nadège) et Agapé (Charité).

À Rome, sainte Sophie visitait les églises chaque dimanche et gagnait une multitude de femmes au christianisme. Selon la légende, les jeunes filles et leur mère furent capturées, vers 137, par les troupes de l’empereur, aux oreilles duquel était parvenue la renommée de leur piété et de leur vertu. Émerveillé par la beauté des enfants, l’empereur Hadrien voulut les adopter mais elles et leur mère refusèrent. Stupéfait de constater leur fermeté dans la foi malgré leur jeune âge, l’empereur fit comparaître les filles séparément, pensant que c’était par émulation mutuelle qu’elles osaient ainsi lui tenir tête. Rendu furieux par leurs réponses et leur refus de renoncer à leur religion, l’empereur décida de les mettre à mort. Sophie encouragea ses trois filles — Foi, Espérance et Charité — durant leur supplice et mourut la dernière. La métaphore est évidente : c'est la Sagesse divine qui engendre dans le cœur des chrétiens les trois vertus théologales que sont la foi, l'espérance et la charité.

Sophie de Rome et ses filles, icône bulgare anonyme du XIXe siècle

Ce témoignage aurait connu une grande popularité à Rome au IIe siècle mais le culte de Sophie n’y est attesté qu'à partir du VIe siècle.

Personnification de la sagesse divine et du Christ, « la Sagesse » (Sophia) a été l'objet d'une immense vénération à Byzance et dans le monde slave. L'empereur byzantin Justinien a donné ce nom à la plus belle église de Constantinople, qu'il a fait construire : Sainte-Sophie (VIIe siècle) en la plaçant, non pas sous le vocable de la sainte mais sous celui du Saint Sauveur, le Christ, Sagesse de Dieu.

En Occident, sainte Sophie a l’allure austère d’une matrone et est coiffée d'une triple couronne. Elle trône, entourée de ses trois filles qui portent les instruments de leur martyre (voir triptyque, vers 1460, musée de Varsovie). Au XVe siècle, Sophie, comme une Vierge de miséricorde, abrite ses filles sous les plis de son manteau (groupe en bois polychrome, église d'Eschau, près de Strasbourg). Le culte de sainte Sophie et de sa fille sainte Foi a été très vivace en Alsace.

Certaines de ses reliques furent apportées par Remigius de Strasbourg au couvent d’Eschau, en 777[2]. Le pape Serge II fit transférer le reste de ses reliques, vers 845, dans la basilique San Martino ai Monti.

Sainte Sophie de Rome est commémorée le et elle était invoquée contre les gels tardifs. Elle était appelée en Allemagne Die kalte Sophia, « Sophie la Froide ».

Sainte Sophie et l'église d'Eschau

Église Saint-Trophime d'Eschau (Alsace) où sont conservées des reliques de sainte Sophie de Rome.

L'abbatiale de Saint-Trophime d'Eschau, ancienne abbaye Sainte-Sophie, conserve depuis 1 200 ans des reliques de sainte Sophie de Rome[3]. En effet, [elle ?] en reçut deux fois l'une des plus anciennes églises restantes en Alsace.

D'une part, il s'agit de Remi de Strasbourg qui transforma ce petit village sur la voie romaine en haut lieu pour les pèlerins. Il était le 28e évêque de Strasbourg dès 776 et neveu de sainte Odile, patronne de l'Alsace. Le , l'évêque Rémi rédigea son testament :

« ... (Il les avait) lui-même rapportées de Rome jusque dans cette région, sur ses épaules, en grande pompe, et déposées dans l'église abbatiale consacrée à saint Trophime. ... »

À Rome, Rémi avait reçu du pape Adrien Ier non seulement les reliques de sainte Sophie mais aussi celles de ses trois filles[4]. Elles arrivèrent à Eschau le . L'abbaye bénédictine fondée vers 770 par Rémi devint abbaye Sainte-Sophie[2].

D'autre part, 1 161 ans plus tard, deux nouvelles reliques de sainte Sophie furent de nouveau transportées de Rome à cette église le , par Charles Ruch, évêque de Strasbourg[2].

Ce sont les raisons pour lesquelles le pape Jean-Paul II parla de la « sagesse éternelle », le au stade de Strasbourg, en rendant hommage à sainte Sophie de Rome.

« La sagesse éternelle est venue vers l'homme par la Parole même de Dieu. (...) Grâce à la sagesse, l'homme se découvre comme l'image et la ressemblance de Dieu lui-même[2]. »

Notes et références

  1. (ru) Galerie Tretiakov de Moscou : icône des saintes Sophie, Véra, Nadège et Agapé ().
  2. Brochure de l'église, par Charles-Amarin Brand, archevêque de Strasbourg, le 7 avril 1989 ; vérifiée le 21 octobre 2012.
  3. http://www.eschau.fr/NSite/commune.php?idsm=5.
  4. Philippe-André Grandidier, Histoire de l'Église et des évêques princes de Strasbourg, , 560 p. (lire en ligne), p. 304.
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