Song Qingling

Rosamond Soong, Soong Ch'ing-ling ou Sòng Qìnglíng (si : 宋庆龄 ;tr : 宋慶齡) ( - ), deuxième fille de Charles Soong et sœur de Song Meiling, est une femme d'État chinoise, deuxième épouse du « Père de la Chine moderne » Sun Yat-sen, et héritière de sa mission politique.

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Song Qingling

Song Qingling entre 1939 et 1945.
Fonctions
Présidente honoraire de la république populaire de Chine

(13 jours)
Prédécesseur Poste créé
Successeur Poste supprimé
Chef de l'État de la république populaire de Chine par intérim

(1 an, 7 mois et 25 jours)
Prédécesseur Zhu De
Successeur Ye Jianying
Vice-présidente du Comité permanent de l'Assemblée nationale populaire

(6 ans, 4 mois et 12 jours)
Président Zhu De
Ye Jianying

(4 ans, 7 mois et 13 jours)
Président Liu Shaoqi
Présidente de la république populaire de Chine
(par intérim avec Dong Biwu)

(3 ans, 3 mois et 24 jours)
Prédécesseur Liu Shaoqi
Successeur Dong Biwu
Vice-présidente de la république populaire de Chine

(12 ans, 9 mois et 27 jours)
Président Liu Shaoqi (jusqu'en 1968)
Vice-présidente du gouvernement populaire central chinois

(4 ans, 11 mois et 26 jours)
Président Mao Zedong
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissance Shanghai (Chine)
Date de décès (à 88 ans)
Lieu de décès Pékin (Chine)
Nationalité Chinoise
Parti politique Parti communiste chinois

Elle fut membre du Kuomintang, puis à partir de 1948 de son comité révolutionnaire, qui deviendra un parti mineur de Chine populaire. Seule membre de la famille Soong à rester en Chine continentale après cette date, elle s’efforça d’y faire appliquer les idées de son mari, occupa un certain nombre de fonctions officielles, en majorité honorifiques, et se consacra à l’enfance et au social. En 1981, deux semaines avant sa mort, elle fut nommée présidente honoraire de la République  elle est la seule personne à avoir jamais porté ce titre [1] et inscrite d’office au parti communiste.

En tant qu’épouse de Sun Yat-sen, elle est parfois appelée « mère de la Chine moderne » (guomu 國母)[2], et est l'une des trois sœurs Soong.

Biographie

Jeunesse et mariage

Soong Qingling en 1920.

Song Qingling naît à Nanshi (Huangpu), Shanghai, deuxième fille d'un couple de riches méthodistes, Charles Soong et Ni Guizhen. Elle a une sœur aînée, Ailing, une sœur cadette, Meiling, et trois frères cadets, Ziwen, Ziliang et Zi'an. Elle fréquente comme ses deux sœurs l’école locale de filles anglophone Motyeire (ou McTyeire), puis de 1907 à 1913 le Wesleyan College (Macon, Géorgie). À son retour en 1914, elle se rend au Japon où son père a suivi Sun Yat-sen qu’il soutient depuis près de vingt ans. Elle lui sert de secrétaire, prenant le relais de sa sœur Ailing qui vient d’épouser le riche banquier Kong Xiangxi. Débute alors une idylle foudroyante qui aboutit très vite à l’évocation d’une union. Celle-ci rencontre une farouche opposition de la part de sa mère et une réserve prudente de la part de son père. Outre la différence d’âge (26 ans), le prétendant est en effet marié depuis près de trente ans et père de trois enfants adultes. Bien qu’il vive séparé depuis longtemps de sa femme Lu Muzhen (盧慕貞) qui ne peut ni ne veut partager sa vie d’activiste politique, un divorce semble choquant pour ses partisans traditionalistes. Ils lui conseillent de prendre Qingling comme concubine, comme il l’avait fait avec sa première compagne de vie politique, Chen Cuifang (陳粹芬 1873-1954). Mais cet arrangement est inacceptable pour les Song qui sont de fervents chrétiens. Qingling est ramenée à Shanghai où elle est assignée à résidence par ses parents, mais elle parvient à s’évader avec la complicité d’une domestique. Elle se rend au Japon où elle épouse Sun Yat-sen[3] le  ; celui-ci vient en septembre d’obtenir le divorce. Les parents Song poursuivent leur fille jusqu’au Japon, mais se résignent assez facilement devant le fait accompli, le père tout du moins. Cet épisode romanesque sera repris dans de nombreux films et feuilletons.

Années républicaines

En 1922, lors de la lutte de Sun Yat-sen contre Chen Jiongming (陳炯明 1878-1933), Soong Ching-ling doit fuir et fait une fausse couche qui la laisse stérile. Elle accompagne son mari lors de son dernier voyage à Pékin en 1924. Après sa mort, elle est élue au comité central exécutif du Kuomintang en janvier 1926. Mais en 1927, choquée par l’entente avec la Bande Verte, elle s’oppose clairement à Tchang Kaï-chek et à son mariage avec sa sœur Meiling. La crise est si violente que la rumeur court d’un complot contre sa vie fomenté par son aînée Ailing et Tchang Kaï-chek. Song Qingling décide alors de rejoindre Wang Jingwei (汪精衛) à Wuhan. En juillet, elle fait une déclaration qui marque sa rupture officielle avec le parti de Tchang, mais comme peu après Wang Jingwei lui-même s'avère en désaccord idéologique avec elle, elle décide en août de chercher refuge à Moscou, et reste quatre années en Europe.

En 1936, la lutte anti japonaise réunit de nouveau les trois sœurs Soong qui participent de concert à des activités pour promouvoir la résistance. À Chongqing, une ligne téléphonique spéciale (2080) relie Meiling et Qingling.

En 1939, cette dernière fonde la Ligue de défense chinoise, un fonds destiné à la protection des futures mères et de la petite enfance. La même année, avec sa sœur de Song Meiling, plus connue sous le nom de Madame Chiang Kai-Shek, et avec le journaliste Israel Epstein, elle fonde aussi la Ligue de défense de la Chine, un organisme ayant pour but de faire connaître la cause de la Chine à l'étranger.

Mais dans la guerre civile qui se dessine elle se sent proche des communistes et son hostilité à Tchang Kaï-chek va reparaître clairement à l’occasion de l’incident de la Nouvelle Quatrième armée (皖南事變) en 1941. L’animosité est réciproque, et Tchang cherche à la faire éliminer du KMT ; Song Meiling et Sun Ke s’y opposent. Elle décide d’elle-même de se détacher de la majorité nationaliste en cofondant en janvier 1948 le comité révolutionnaire du KMT dont elle est élue présidente honoraire.

Années communistes

U Nu et Song Qingling en 1954 à Shanghai.
Buste de Song Qingling au Centre scientifique et technique pour l’enfance de Pékin, qui porte son nom.

En 1949, seule de sa famille elle reste en Chine. Elle ne reverra plus ses frères et sœurs, mais des échanges mutuels de messages et de cadeaux, en particulier avec Song Meiling, auront parfois lieu en secret. Elle est bientôt nommée vice-présidente du gouvernement populaire central, présidente de l’Association des amitiés soviéto-chinoises et présidente honoraire de l’Association des femmes. En 1950, elle visite dans le cadre de ses fonctions – plus honorifiques qu’effectives - l’Inde, la Birmanie, le Pakistan et l’Indonésie. Elle poursuit ses activités en faveur de l’enfance dans le cadre de l’organisme fondé durant la lutte sino-japonaise, rebaptisé Institut chinois de protection sociale (Zhongguo fulihui 中國福利會). Au début des années 1950, elle crée avec Israel Epstein le magazine La Chine en construction, qui deviendra La Chine au présent. En 1951 elle reçoit le prix Staline de la Paix (qui deviendra le prix Lénine pour la paix) et le prix international de la paix. En 1953 est publiée une collection de ses écrits.

À partir de 1959, elle est vice-présidente de la république populaire de Chine, avec Dong Biwu. Pendant la révolution culturelle, la famille Soong est dénoncée comme capitaliste et la tombe de ses parents est vandalisée. Elle est persécutée durant une période par Jiang Qing, mais Zhou Enlai persuade Mao Zedong d’établir une liste de cadres protégés, en tête de laquelle elle est inscrite. De 1968 à 1972, elle assure, en tandem avec Dong Biwu, l’intérim du poste de président de la République, vacant après l'éviction de Liu Shaoqi. Néanmoins, il s’agit encore une fois d’une fonction de façade car les pouvoirs du président ont été presque tous transférés au président de l'Assemblée. Song Qingling vit isolée à Pékin. À la fin de la révolution culturelle elle exprime dans une lettre au comité central son mécontentement concernant ce qu’est devenue la Chine.

Le , elle est inscrite au parti communiste et nommée le lendemain présidente honoraire de la République. Atteinte de leucémie, elle meurt le suivant[4]. Selon sa nièce Kong Lingyi (孔令儀), sa sœur Meiling est très chagrinée de sa mort, bien qu’elle montre peu d’émotion dans les médias et refuse, pour des raisons politiques, de franchir le détroit pour répondre à l’invitation à se rendre à son enterrement.

Notes et références

  1. (en) Bonnie G. Smith, The Oxford Encyclopedia of Women in World History, vol. I, Oxford University Press, , 2752 p. (lire en ligne), p. 89.
  2. Ceux qui désapprouvent le divorce de Sun Yat-sen réservent cette appellation à sa première femme Lu Muzhen.
  3. Christophe Croze, « Qui était Song Qingling, la seconde épouse de Sun Yat-Sen », sur gbtimes.com, (consulté le ).
  4. Israel Epstein, Woman in World History: The Life and Times of Soong Ching-ling, p. 616-617.

Voir aussi

Bibliographie

  • Song Qingling
    • Jung Chang, Jon Halliday, Madame Sun Yat-Sen: Soong Ching-Ling (Londres, 1986), Penguin, (ISBN 0-14-008455-X) (ISBN 978-0140084559)
    • Epstein, Israel Woman in World History: The Life and Times of Soong Ching-ling 1993, China Intercontinental press, (ISBN 7-80005-161-7)
    • Ping Lu, traduit en anglais par Nancy Du Love And Revolution: A Novel About Song Qingling And Sun Yat-sen, Columbia University Press () (ISBN 0231138520) (ISBN 978-0231138529)
    • Sylvia Wu Memories of Madame Sun, Dennis Landman Pub () (ISBN 0930422295) (ISBN 978-0930422295)
  • Famille Song
    • Sterling Seagrave The Soong Dynasty 1996, Corgi Books, (ISBN 0-552-14108-9) (ouvrage considéré en 2007 comme le plus complet)
    • Emily Hahn The Soong Sisters Doubleday, 1942, réédité par Greenwood Pub Group, (ISBN 0837144299) (ISBN 978-0837144290) (ouvrage de référence avant le livre de Seagrave, écrit avec la collaboration des sœurs Song mais pour cette raison édulcoré)
    • Clark, Elmer T. The Chiangs of China, Abingdon-Cokesbury, Nashville, 1943 (écrit par un missionnaire méthodiste, contient le plus d’informations sur les débuts et des photos exclusives)
    • Soong Family in Biographical Dictionary of Republican China Columbia University Press, New York et Londres, 1970
  • Jung Chang, Les Sœurs Soong. Trois femmes de pouvoir dans la Chine du XXe siècle, Payot, 2021.

Articles connexes

Liens externes

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