Solaris (film, 1972)

Solaris (en russe : Солярис) est le troisième long métrage d'Andreï Tarkovski, sorti en 1972, inspiré du roman du même nom de Stanisław Lem.

Cet article concerne le film d'Andreï Tarkovski. Pour le film de Steven Soderbergh, voir Solaris (film, 2002). Pour les autres significations, voir Solaris.

Solaris
Titre original Солярис
Réalisation Andreï Tarkovski
Scénario Andreï Tarkovski et Friedrich Gorenstein
Sociétés de production Mosfilm
Pays d’origine Union soviétique
Genre science-fiction
Durée 198 min / 160 min / 144 min[1]
Sortie 1972


Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution

L'intrigue est centrée sur une station spatiale en orbite autour de la planète fictive Solaris, où une mission scientifique est bloquée parce que l'équipage de trois scientifiques a sombré dans des crises émotionnelles. Le psychologue Kris Kelvin (Donatas Banionis) se rend sur la station pour évaluer la situation, mais il est confronté aux mêmes phénomènes mystérieux que les autres. Le film est une tentative de Tarkovski d'apporter une nouvelle profondeur émotionnelle aux films de science-fiction ; il considère alors la plupart des œuvres occidentales du genre comme superficielles en raison de leur concentration sur l'invention technologique.

Solaris remporte le grand prix du festival de Cannes 1972 et est nommé pour la Palme d'or. Il est souvent cité comme l'un des plus grands films de science-fiction de l'histoire du cinéma. Certaines des idées exprimées par Tarkovski dans ce film sont développées dans son film Stalker (1979).

Résumé

Vidéos externes
Film complet (première partie) sur la chaîne YouTube de Mosfilm.
Film complet (deuxième partie) sur la chaîne YouTube de Mosfilm.

Depuis sa découverte, la planète Solaris représente le plus grand mystère auquel l'humanité ait jamais été confrontée. La seule forme de vie qui s'y trouve est un océan de matière protoplasmique qui en recouvre toute la surface. Selon une théorie, cet océan serait une créature intelligente, un gigantesque cerveau à l'échelle de la planète. Malgré de nombreuses recherches, aucun contact avec cette créature n'a pu être établi. Après bien des années à explorer l'espace, les Terriens avaient enfin découvert une autre forme de vie intelligente mais aucune communication ne semble possible avec elle. La solaristique, la science qui étudie l'océan de Solaris, traverse une crise grave. La gigantesque station d'observation conçue à l'origine pour accueillir plus de quatre-vingts personnes n'héberge plus aujourd'hui qu'un contingent réduit de trois scientifiques et on envisage même de la fermer définitivement.

Les choses en sont à ce point lorsque arrive un étrange message envoyé par le docteur Guibarian, l'un des scientifiques à bord de la station Solaris. Les autorités décident d'envoyer sur place le docteur Kris Kelvin, un psychologue célèbre pour ses recherches sur l'océan de Solaris et un ancien élève de Guibarian. Il devra découvrir ce qui se passe et également définir s'il est nécessaire de maintenir la station en activité. Kelvin est un homme très intelligent mais tourmenté, il se remet mal du suicide de sa femme Khari, il y a quelques années et dont il se sent responsable.

Arrivé à bord de la station Solaris, Kelvin découvre que Guibarian s'est suicidé et que les deux autres scientifiques, Snaut et Sartorius, présentent les symptômes d'un délire paranoïaque inquiétant. Il constate également la présence de personnes étrangères, que les deux autres scientifiques semblent vouloir cacher. Le matin de la première nuit qu'il passe à bord, il se réveille et découvre Khari, bien vivante devant lui. Il croit alors être devenu fou mais doit finalement se rendre à la conclusion que cette femme est réelle, tout comme les autres « visiteurs » qui hantent les membres de la station. Ils sont en fait des créations de l'océan de Solaris, et ont commencé à apparaître peu de temps après une expérience menée par les trois scientifiques afin d'obtenir une réaction de la part de l'océan. Kelvin entame une nouvelle relation avec la copie de la femme qu'il a autrefois aimée et qui ignore sa vraie nature. Celle-ci accepte son amour mais les choses ne sont pas aussi simples malgré tout, car Kelvin ne doit pas oublier qu'il n'est pas sur la Terre mais sur Solaris, et sur une planète où les souvenirs deviennent réalité, il vaut mieux ne pas trop vivre dans le passé, sous peine d'en demeurer prisonnier.

Fiche technique

Akasaka, un quartier de Tokyo, sert de décor à la ville du futur.

Distribution

Rôle de Khari

Tarkovski désirait que son ex-femme, Irma Raush, jouât le personnage de Khari. Cependant, ayant rencontré l'actrice suédoise Bibi Andersson en , il la pressentit pour ce rôle. Désireuse de travailler avec Tarkovski, Andersson accepta d'être rémunérée en roubles. En fin de compte, ce fut Natalia Bondartchouk qui obtint le rôle. Tarkovski l'avait rencontrée quand ils étaient étudiants à l'Institut national de la cinématographie à Moscou, et ce fut même elle qui lui avait présenté le roman Solaris de Stanisław Lem. Tarkovski l'auditionna en 1970, mais elle ne fut pas retenue, étant jugée trop jeune. Tarkovski la recommanda à la réalisatrice Larisa Shepitko, qui l'enrôla pour son film Toi et moi (Ty i ya).

Après avoir vu ce film six mois plus tard, Tarkovski décida de donner le rôle de Khari à Bondartchouk. Dissertant sur les acteurs de Solaris, Tarkovski écrit dans son Journal : « Natalia B. a éclipsé tout le monde. »

Éléments d'analyse

Dans la bibliothèque de la station spatiale est accrochée une série de tableaux[3] de Pieter Brueghel l'Ancien dont Chasseurs dans la neige sur lequel la caméra s'attarde à plusieurs reprises, tableau qui représente les mois de décembre et de janvier.

Les quatre autres tableaux sont : La Journée sombre (avant printemps), La Rentrée des troupeaux (automne), La Fenaison (début de l'été) et La Moisson (été).

Les plans sur les tableaux appartiennent aux ensembles « de plans-séquences savamment composés »[4] (étang à côté de la maison, algues dans la rivière, atmosphère de la planète Solaris), « où le temps se fige dans un espace pétrifié d'où surgit un événement fulgurant qui “retourne” le sens de la scène, découvrant sa beauté “cachée” : celle d'une révélation[4]. »

Dans la séquence finale, alors que la caméra recule depuis l'étang et la maison du père de Kris, elle finit par « inscrir[e] cet îlot au sein de la planète Solaris […] ; elle recule toujours et la planète se perd dans les nuages […][4] », ce qui « semble indiquer que la construction d'un avenir harmonieux ne peut se faire qu'en revivant le passé et en lui apportant ce que notre conscience présente lui doit d'expériences, de désirs et de sentiments[4]. »

Distinctions

Autres films d'après le roman

Éditions en vidéo

  • 1981 : RCA Vidéo (notice BnF no FRBNF38226911) 1 cassette VHS ; durée : 150 minutes.
  • 2009 : MK2 éd. (Paris), TF1 vidéo (Boulogne-Billancourt) Dans coffret Tarkovski (notice BnF no FRBNF42036790) ; durée du film : 100 minutes.
  • 2011 : Agnès B. DVD, Potemkine films, Paris (notice BnF no FRBNF44298011) Durée du film : 106 minutes.
  • 2017 : Agnès B. DVD, Potemkine films, Paris (notice BnF no FRBNF45475883) Durée du film : 160 minutes.

Notes et références

  1. Voir Fiche technique.
  2. Voir Éditions en vidéo.
  3. Ces tableaux font partie d'une série de six, illustrant les six saisons que l'on distinguait alors aux Pays-Bas  début du printemps, printemps, début de l'été, été, automne et enfin hiver , mais dont il ne reste que les cinq tableaux que l'on voit dans le film.
  4. Commentaire sur larousse.fr.

Annexes

Bibliographie

Article connexe

Liens externes


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