Sobriété économique

La sobriété en écologie (en anglais sufficiency) vise à diminuer la consommation d'énergie et de ressources naturelles (matériaux).

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En ce sens, la sobriété est complémentaire de l'éco-efficience et de l'éco-effectivité[1],[2].

La sobriété est le juste niveau en matière de limitation qu'on s'impose, abstinence, ascèse, décélération et rejet de ce qui nous encombre et est inutile[3]. Il s'agit avant tout de changement de comportement et de transformations sociétales pour le bien de l'environnement (au contraire des stratégies environnementales d'ordre technique telles que l'augmentation de l'efficience de l'énergie et des ressources, ou l'utilisation accrue de ressources régénératives (consistance)). Elle se décompose en plusieurs applications : sobriété énergétique, matérielle, numérique...

En 2017, la France a produit et mis en consultation un Plan de programmation des ressources qui sera l'une des bases de la Stratégie nationale de transition vers l'économie circulaire.

Concept


Le concept fut employé pour la première fois en 1993 dans le monde germanophone par Wolfgang Sachs[4] qui expliquait :

« Dans les faits, on ne peut s'approcher d'une société respectueuse de la nature que de deux façons: par une rationalisation intelligente des moyens, et par une limitation astucieuse des objectifs. En d'autres termes : la révolution de l'efficacité ne voit pas la direction à prendre si elle n'est pas accompagnée par la révolution de la sobriété[5]. »

Wolfgang Sachs définissait la sobriété avec « quatre D »[6] :

  • Décélérer (aller moins vite moins loin) ;
  • Désencombrer (accumuler moins de biens) ;
  • Décentraliser (choisir le local et le régional) ;
  • Démarchandiser (laisser moins de place au marché dans sa vie).

Manfred Linz décrit la sobriété comme question du juste niveau et définit l'éco-sobriété comme « mode de vie et d'économie, qui met fin à la consommation excessive de biens, et partant, de matière et d'énergie »[7]. Aussi associe-t-il l'éco-efficience à la consistance . On ne peut y arriver qu'au travers d'une faible demande en biens et services qui seraient à l'origine d'une consommation de ressources trop élevée[8]. Le changement de système de pensée ici requis est considéré comme plus difficile que celui qui consiste à s'adapter à de nouvelles technologies[9],[10].

Pour valoriser pleinement le potentiel d'économies d'énergie, il convient de combiner la sobriété énergétique avec l'efficacité énergétique[11]. Mais l'efficacité énergétique seule entraîne des risques d'effet rebond (impact plus faible que prévu) et occulte la possibilité d'éviter complètement des dépenses énergétiques par la sobriété (par exemple, en séchant la lessive sur un fil plutôt que dans une machine)[11].

Recherche

La recherche cherche les conditions individuelles sociales et politiques qui empêchent une consommation mesurée, comment il est possible de viser une consommation mesurée. Cela inclut la façon dont le comportement de consommation de la société de gaspillage (throw-away society) et l'articulation de la perception du bien-être aux biens matériels peuvent être modifiés. Et cela inclut les conséquences sur la structure économique et la croissance d'un agissement mesuré des ménages, entreprises et institutions.

Le congrès de 2011 de l' association allemande pour une économie écologique place la sobriété au cœur d'un champ de contrainte entre le bonheur et le renoncement[12]. Tout comme l'éco-efficience, la sobriété n'est pas exempte d'effets rebond[13].

Une question centrale de la recherche et qui reste encore ouverte est de savoir quelle part de sobriété, à côté de l'efficience et de la consistance, est nécessaire pour atteindre une protection de la nature qui soit vraiment efficiente. Les effets rebond constituent une vraie menace et justifient pleinement la sobriété, tout comme le changement climatique, la diminution des ressources et la perte de biodiversité.

Accord de Paris

La Fondation pour la nature et l'homme ainsi que l'association négaWatt regrettent que la sobriété ne fasse l'objet d'aucune mention dans le cadre de l'accord de Paris. En effet, selon eux, les énergies renouvelables ne sauraient s'ajouter à la production actuelle d'énergie, mais au contraire, doivent s'y substituer [14]. Pour ce faire, la seule voie possible est celle de la sobriété.

Références

  1. Joseph Huber. Nachhaltige Entwicklung durch Suffizienz, Effizienz und Konsistenz. Éditeur Peter Fritz. Pages 31-46.
  2. website econstor.eu
  3. Niko Paech, Björn Paech . Suffizienz plus Subsistenz ergibt ökonomische Souveränität. Stadt und Postwachstumsökonomie. Pages 54-60.
  4. Gerhard Scherhorn : Über Effizienz hinaus, in Hartard, Schaffer & Giegrich (Hrsg.), Ressourceneffizienz im Kontext der Nachhaltigkeitsdebatte. Baden-Baden 2008: Nomos Verlag.
  5. Wolfgang Sachs, Die vier E's: Merkposten für einen maß-vollen Wirtschaftsstil, pages 69-72. Citation originale : « Einer naturverträglichen Gesellschaft kann man in der Tat nur auf zwei Beinen näherkommen: durch eine intelligente Rationalisierung der Mittel wie durch eine kluge Beschränkung der Ziele. Mit anderen Worten: die „Effizienzrevolution“ bleibt richtungsblind, wenn sie nicht von einer „Suffizienzrevolution“ begleitet wird ».
  6. Uwe Schneidewind (de) et Angelika Zahrnt, « La vie bonne est une question politique », La revue durable, numéro 61 (« Sobriété et liberté : à la recherche d'un équilibre »), été-automne 2018, pages 26-29. En allemand, les « quatre E » : Entschleunigung, Entflechtung, Entrümpelung et Entkommerzialisierung.
  7. Manfred Linz: wupperinst.org
  8. vgl. z.B. wachstumimwandel.at
  9. « Die Suffizienz ist politisch ungleich heikler als die Effizienzfrage ». Joachim Lohse, Geschäftsführer des Öko-Institut
  10. Kai Biermann. Klimawandel: Das V-Wort .Die Zeit http://www.zeit.de/online/2007/26/Suffizienz
  11. Kris de Decker, « L'insoutenable légèreté du concept d'efficience énergétique », La revue durable, numéro 61 (« Sobriété et liberté : à la recherche d'un équilibre »), été-automne 2018, pages 33-35.
  12. Jubiläumstagung 2011: „Suffizienz: Verzicht oder Glück!?“
  13. Blake Alcott : « The sufficiency strategy: Would rich-world frugality lower environmental impact? »(ArchiveWikiwixArchive.isGoogle • Que faire ?) (PDF; 461 kB). Ecological Economics 64 (2007), Nr. 4. Seiten 770–786
  14. sobriété site web de l'association négaWatt.

Annexes

Bibliographie

  • Wolfgang Sachs, Die vier E's : Merkposten für einen maß-vollen Wirtschaftsstil, Institut de Wuppertal, (Online (PDF; 172 kB))
  • Felix Ekardt, Jahrhundertaufgabe Energiewende : Ein Handbuch,
  • Felix Ekardt, Theorie der Nachhaltigkeit : Rechtliche, ethische und politische Zugänge : am Beispiel von Klimawandel, Ressourcenknappheit und Welthandel, 2011, 3. aufl. folgt 2015
  • Manfred Linz, Weder Mangel noch Übermaß : über Suffizienz und Suffizienzforschung, Institut de Wuppertal, (Online (PDF; 319 kB))
  • Uta von Winterfeld, Frederik Lippert, Alicja Darksi, Claudia Kaiser, Eine nachhaltige Gesellschaft braucht Suffizienz, (lire en ligne)
  • Oliver Stengel, Die Konsumgesellschaft in der ökologischen Krise, (ISBN 978-3-86581-280-3)
  • Konrad Ott et al, Suffizienz : Umweltethik und Lebensstilfragen, Heinrich Böll Stiftung, coll. « Vordenken - Ökologie und Gesellschaft 2 », (boell.de (PDF; 141 kB))
  • (en) Thomas Princen, The Logic of Sufficiency. MIT Press, Cambridge, 2005.
  • (en)Mark A. Burch, The Hidden Door: Mindful Sufficiency as an Alternative to Extinction. Simplicity Institute, Melbourne, 2013.
  • (de) Uwe Schneidewind, Angelika Zahrnt, Damit gutes Leben einfacher wird: Perspektiven einer Suffizienzpolitik. Oekom Verlag, 2013.
  • (de) Politische ökologie, Vom rechten Maß: Suffizienz als Schlüssel zu mehr Lebensglück und Umweltschutz. Nr. 135, 2013.

Articles connexes

Liens externes

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