Site d'actualité
Un site d'actualité ou site d'informations est un site web destiné à l'actualité. Tandis que les pure players ne sont présents que sur Internet, d'autres sont liés à des médias préexistants (titre de presse écrite, station de radio, chaîne de télévision), et d'autres encore se greffent sur les réseaux sociaux, via une chaîne YouTube ou une page Facebook.
Journaux traditionnels ayant une version numérique
Dès la fin des années 1990, des centaines de journaux américains commencent à disposer de versions en ligne, sans grande interactivité[1].
La façon d’aborder cette coexistence de supports pose différents problèmes. L’un des premiers sujets concerne l'organisation des rédactions. L’équipe de rédaction sur internet doit-elle être une équipe spécifique ou doit-elle fusionner avec l’équipe chargée du support traditionnel ? Bien souvent, ces médias démarrent sur le nouveau support avec une équipe dédiée puis fusionnent les équipes. Un quotidien tel que The Guardian, en Grande-Bretagne, compte ainsi 750 journalistes, qui travaillent à la fois pour la publication quotidienne sur papier, la publication sur Internet et pour l'hebdomadaire The Observer, autre propriété du même groupe. Les équipes fusionnent à l'occasion du déménagement, en [2].
La réflexion porte aussi sur le contenu des publications sur internet. Un travail prospectif effectué par sept journalistes du quotidien américain The New York Times apporte des éléments de réponse. Pour ces journalistes, le lectorat sur internet réagit de façon plus brutale que le lectorat traditionnel à la médiocrité. Les articles manquant de fond ou au style académique sont plus que jamais à proscrire. Il faut aussi varier les formes narratives, apporter des éléments visuels, et savoir alterner formats longs et résumés très rapides à lire. Les préoccupations quotidiennes des lecteurs ne doivent pas être oubliées, et la rédaction doit apprendre à associer les lecteurs en leur permettant de commenter ou de poser des questions[3].
Mais le point le plus sensible est de trouver le modèle économique pour la version web. Alan Rusbridger, directeur de rédaction du Guardian, a prédit dans les années 2000 que les revenus du papier baisseront, ceux du Web augmenteront, les deux courbes se croisant, pour permettre un nouvel équilibre financier. Dans les faits, la vérification de cette prédiction tarde à venir, les recettes de la version en ligne étant plus limitées que prévues. Le Guardian a fait le choix, au démarrage de la version en ligne, d’un accès gratuit et d'un service financé par la publicité. Mais l'espace disponible pour les annonceurs sur le Web est potentiellement illimité et les revenus publicitaires restent limitées de fait de cette concurrence et du caractère plus attrayant des réseaux sociaux, tels que Facebook[4]. De plus, cette approche gratuite, avec financement publicitaire, peut peser sur le contenu proposé en ligne. Finalement, ce quotidien britannique a commencé à créer des services payants[2],[3]. Puis il a décidé de laisser ses contenus en libre accès, avec appels aux dons et réduction de ses coûts[5].
Pure players
Les premiers exemples de site d'actualité « tout en ligne » (formulation conseillée en France) sont sur des réseaux privés, tels le News Report, un journal en ligne créé en 1974 sur une infrastructure, PLATO, spécifique à l'Université de l'Illinois. À partir de 1987, le journal brésilien Jornaldodia s'est mis en place sur une infrastructure de la compagnie Embratel (en), passant à Internet dans les années 1990.
Dans un pays européen tel que la France, l'apparition des sites d'actualité non liés à un média traditionnel date des années 2000, avec notamment Mediapart, Rue89 ou Slate. En 2015, 391 sites d'actualité « tout en ligne » ou « pure player » sont dénombrés en France par la Commission paritaire des publications et agences de presse (CPPAP)[6].
Une autre évolution remarquable est le choix de certaines publications d'abandonner leur format traditionnel sur papier pour publier uniquement en ligne. Un des premiers exemples majeurs est aux États-Unis et concerne le Seattle Post-Intelligencer, qui a cessé en de publier sur papier, après 149 ans, pour privilégier la publication en ligne, ne conservant qu'une vingtaine d'employés sur plus de 150[7].
Outre ces sites, il existe des sites web comme Google Actualités : ce sont des applications web qui rendent un service d'extraction et de sélection de faits divers et d'actualité issus d'autres sources.
Modèle économique
La question du choix du modèle économique se pose aussi bien pour les sites d’actualité uniquement sur le Web que pour le financement du service en ligne par les médias traditionnels. L’approche «tout-gratuit» et le financement par la publicité qui séduisaient dans les années 2000, laissent apparaître des perspectives de revenus limitées, et sont remis en cause par plusieurs rédactions ou directions de médias dans les années 2010. Ces choix conduisent à une course à l’audience et à des contenus pousse-clics avec des résultats incertains, les revenus publicitaires restant limités. Médiapart en France a fait dès son démarrage le pari inverse d’un accès payant à des abonnés. Certains commentateurs ont d'ailleurs à l'époque annoncé que Médiapart était mort-né, à la suite de ce choix : ça n'a pas été le cas[8],[9],[6]. En , ce site pure player créé depuis moins de 10 ans emploie 74 salariés en CDI, compte plus de 130 000 abonnés payants, et a fait un chiffre d'affaires de 11,4 millions d’euros sur 2016 avec un résultat net de 1,8 million et une trésorerie de 4 millions sans endettement[10].
En 2017, le rapport prospectif des journalistes du New York Times sur l’avenir en ligne de leur journal préconise un système de revenus récurrent, par abonnement, pour favoriser un journalisme de qualité, même si ceci nécessite d'adapter les pratiques journalistiques pour encourager la consultation régulière et récurrente[3].
A contrario, une des grandes réussites de site d'actualité gratuit, qui pour autant est reconnu pour la qualité de sa production journalistique, est clairement BBC News, qui associe autour d'une rédaction différents services : une chaîne de télévision numérique, une radio, un site d'actualités Internet et une application smartphone[11]. Pour autant, le problème de revenus se pose différemment pour ce média, qui est un service public et bénéficie d'une redevance[12].
Site d'informations au sein des réseaux sociaux
En 2017, une étude effectuée par la société Linkfluence pour le journal Libération a comparé l'audience des sites d'actualité, issus de «médias papier» ou «pure players», à un nouveau modèle de sites, jouant de possibilités de diffusions sur internet tels que les blogs ou des sites se greffant sur les réseaux sociaux, et s'écartant encore davantage, à ce titre, des médias traditionnels. L'étude a sélectionné ces nouveaux médias sur deux critères : un nombre significatif d'abonnés (100 000 ou plus) et une volonté affichée d'être considérés comme des sites traitant de l’actualité. Ce double critère a abouti à une sélection de sites couvrant un large panels d'opinions : « de la droite de la droite (FdeSouche, Boulevard Voltaire, Égalité et Réconciliation, etc.) aux diverses gauches (Osons causer, Fakir, Basta, etc.) en passant par des inclassables (Brut, Jean-Marc Morandini, Actu 17 …) et des sources revendiquant leur identité religieuse (Oumma, Famille chrétienne, Le Monde juif info…) », selon le journal Libération. L'étude montre qu'une nouvelle façon d'accéder à des informations se crée par ces sites. Le jeu des recommandations et des partages d'adresses Web «entre amis» favorise un ton décalé, accrocheur, polémique, et donne à ces médias nouveaux une audience et un impact non négligeables[13]. Ce constat est confirmé par une investigation du journal Le Monde sur l'audience du média Brut : « Ce média en ligne, qui mêle vidéos en direct et décryptages sur un ton décalé, séduit une génération qui s’informe de plus en plus sur les réseaux sociaux ». Un usage nouveau se développe, même si le modèle économique reste là encore à trouver[14].
Références
- (en) Tanjev Schultz, « Interactive Options in Online Journalism: A Content Analysis of 100 U.S. Newspapers », Journal of Computer-Mediated Communication, vol. 5, no 1, , p. 1 (DOI 10.1111/j.1083-6101.1999.tb00331.x, lire en ligne)
- Xavier Ternisien, « Au Royaume-Uni, le "Guardian" cherche un modèle rentable entre le journal papier, l'Internet et l'iPhone », Le Monde, (lire en ligne).
- Jérôme Lefilliâtre, « Le plan du New York Times pour rester abonné à la qualité », Libération, (lire en ligne)
- Jérôme Marin, « En pleine forme, Facebook cherche où mettre sa publicité », Le Monde, (lire en ligne)
- Nicolas Madelaine, « Le Guardian en passe de prouver que son modèle gratuit fonctionne », Les Échos, (lire en ligne)
- Alexis Delcambre, « « Les Jours », « Marsactu » : le baby boom des sites d’information », Le Monde, (lire en ligne)
- (en) « Seattle Post-Intelligencer prints final edition in online transition », CNN, (lire en ligne)
- « Mediapart : mort-né ! », Blog de Thierry Crouzet, (lire en ligne)
- Alexandre Piquard, « Mediapart, huit ans de succès payant », Le Monde, (lire en ligne)
- Jérôme Lefilliâtre, « Mediapart, la stature du «commando» », Libération, (lire en ligne)
- Philippe Bernard, « Le succès insolent de « BBC News » », Le Monde, (lire en ligne)
- Philippe Bernard, « La BBC sauve sa redevance et son indépendance », Le Monde, (lire en ligne)
- Baptiste Bouthier et Jérôme Lefilliâtre, « Facebook, un mois dans la machine à infos », Libération, (lire en ligne)
- Florian Cazeres, « Brut, le média des « millennials », explose sur les réseaux sociaux », Le Monde, (lire en ligne)