Sigismund Krzyzanowski
Sigismund Dominikovitch Krzyzanowski[1] (Сигизмунд Доминикович Кржижановский en russe), né le 30 janvier 1887 ( dans le calendrier grégorien) à Kiev et mort le à Moscou, est un écrivain, romancier et dramaturge, philosophe, historien et théoricien du théâtre de la première moitié du XXe siècle.
Nom de naissance |
Zygmunt Krzyżanowski Сигизмунд Доминикович Кржижановский |
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Naissance |
Kiev Empire russe |
Décès |
Moscou Union soviétique |
Langue d’écriture | russe |
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Il a été considéré comme un « génie négligé par son temps » par le poète Gueorgui Chengueli (ru)[2].
Biographie
Fils de parents de la petite noblesse polonaise installés à Kiev au terme d'un séjour forcé en Sibérie, conséquence de l'impitoyable répression de l'Insurrection polonaise de 1861-1864 par l'Empire russe, Sigismund Dominikovitch Krzyzanowski, après avoir fait des études de droit à l'Université nationale Taras-Chevtchenko de Kiev, étudié les classiques, les mathématiques, la littérature, l'astronomie, la philosophie et les langues (il en parle sept couramment, y compris le latin et le grec) entreprend, en 1912, un voyage à travers les villes et les universités européennes (Paris, Heidelberg, Milan…)[3].
En 1914, il devient assistant dans un cabinet d’avocat, mais on perd sa trace durant la guerre mondiale de 1914-1918.
On le retrouve à Kiev en 1919, où, connu des milieux intellectuels et étudiants par les conférences qu'il donne et les séminaires qu'il anime au Conservatoire dramatique ou à l'Institut de musique, il participe activement aux activités de l'Académie nationale des sciences artistiques[4].
En 1922, peu de temps après la Révolte de Kronstadt, Krzyżanowski s’installe à Moscou, dans le quartier de l’Arbat, où il habite une chambre de huit mètres carrés[5] qui lui inspirera sans doute l'un de ses récits fantastiques : La Superficine[6]. Il ne la quittera pratiquement plus jusqu'à sa mort, en 1950.
Vivant à peu près sans ressources en dépit de sa notoriété, il donnera des conférences, enseignera quelques années au Studio Dramatique d'Alexandre Taïrov, sera rédacteur de la première édition de la Grande Encyclopédie soviétique, écrira des scripts de publicités. Scénariste et auteur de livrets d'opéras, il contribue, en 1929, au script du film La Fête de saint Jorgen, dirigé par Yakov Protazanov (non crédité) et au Nouveau Gulliver, en 1933 (non crédité). Il crée la version théâtrale de Eugène Onéguine sur la musique de Sergueï Prokofiev (1936), écrit en 1938 le livret de l'opéra de Kabalevsky Le Maître de Clamecy, d'après le roman de Romain Rolland Colas Breugnon, et, pendant la Seconde Guerre mondiale, le livret de l'opéra Souvorov sur la musique du compositeur, chef d'orchestre et pédagogue Sergueï Vassilenko (première en 1942)[4].
Faute de trouver des éditeurs acceptant de publier ses propres œuvres, il publie de nombreuses traductions en russe d'ouvrages d'écrivains polonais (prose et poésie).
Après avoir perdu l'usage de l'alphabet à la suite d'une attaque de tétanie qui a atteint la partie du cerveau qui régit le système des signes, il meurt le . Jusqu'à maintenant, sa tombe est restée introuvable.
Son œuvre unique de près de trois mille pages, qui porte un univers fantastique et philosophique, vraisemblablement jugée inclassable par l’Union des écrivains soviétiques, à laquelle Sigismund Krzyżanowski avait pourtant adhéré « volontairement », ne fut pratiquement jamais publiée de son vivant. Depuis les années 1990, il est publié en France par les éditions Verdier.
Citations
- « Voilà, je rends les mots, tous les mots, sauf un : la vie » (dernière phrase du livre Le Club des tueurs de lettres).
- « Mais n'importe quel coin misérable vaut mieux que le trottoir long et nu de la littérature d'aujourd'hui » (Le Marque-page).
Bibliographie
Ses livres sont publiés en France aux Éditions Verdier.
- Le Retour de Münchhausen, traduit par Anne Coldefy-Faucard, 2002 (ISBN 978-2-8643-2351-8)
- Souvenirs du futur, traduit par Anne-Marie Tatsis-Botton, 2010 (ISBN 978-2-8643-2619-9), traduction qui remporte le Prix Russophonie 2012
- Le Club des tueurs de lettres, traduit par Claude Secharel, 1993 (ISBN 978-2-8643-2181-1)
- Le Marque-page, traduit par Catherine Perrel et Eléna Rolland-Maïski, 1992 (ISBN 978-2-8643-2140-8)
- Le Thème étranger (nouvelles), traduit par Zoé Andreyev et Catherine Perrel, 1999 (ISBN 978-2-8643-2287-0)
- Estampillé Moscou, traduit par Eléna Maïski avec la collaboration de Catherine Perrel, 1992 (ISBN 978-2-8643-2248-1)
- Fantôme, traduit par Luba Jurgenson, préfacé par Catherine Perrel, 2012 (ISBN 978-2-8643-2620-5)
- Rue Involontaire[7], traduit et préfacé par Catherine Perrel, 2014 (ISBN 978-2-8643-2756-1)
- Article en français à son sujet
- Jean-Pierre Thibaudat, Sigismund Krzyzanowski : un nom imprononçable, des textes jubilatoires, 2010[8]
- Étude en français
- Étude en anglais
- Karen Link Rosenflanz, Hunter of Themes: The Interplay of Word and Thing in the Works of Sigizmund Kržižanovskij[9]. (Studies on Themes and Motifs in Literature), Peter Lang Publishing, 2005 (ISBN 978-0-8204-6151-9)
Notes et références
- « Sigismund Krzyzanowski » est le nom sous lequel il est publié en France. Son nom russe se transcrit « Siguizmound Krjijanovski », son nom polonais est Zygmunt Krzyżanowski .
- Recueil, Champ Vallon, septembre 1993
- (pl) Zygmunt Krzyżanowski sur zygmuntkrzyzanowski.edu.pl
- (ru) Вновь открытый: писатель и драматург Сигизмунд Кржижановский (1887-1950) sur aej.org.ua, 15 décembre 2011
- Dans le Moscou des années vingt, chaque citoyen avait le droit d’occuper six mètres carrés.
- Dans sa remarquable étude sur Krzyżanowski, intitulée Minus-prostranstvo, (« Le moins-espace »), Vladimir Toporov postule « un espace négatif, quelque chose qui, recroquevillé en un zéro, s’oppose à l’espace et le tue. Il ne s’agit pas d’une construction de l’esprit mais d’une réalité que l’écrivain Krzyżanowski a éprouvée au moment de la création de son œuvre ».
- Krzyzanowski, l'auteur que même Staline négligea par Dominique Conil, publié le 5 août 2014 sur Mediapart
- Sigismund Krzyzanowski : un nom imprononçable, des textes jubilatoires sur Rue89, le 23 novembre 2010
- Sur la couverture, une coquille a fait écrire Križižanovskij
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