Sicile (province romaine)
La Sicile a été une province de la Rome antique depuis la chute de Syracuse en jusqu'à l'invasion de l'île par les Vandales en 440 apr. J.-C., suivi de la reconquête byzantine en 533 apr. J.-C. Elle fait partie aujourd'hui de l'Italie.
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Période pré-romaine
Les plus anciens peuples de Sicile sont les Élymes dans l'Est de l'île, les Sicanes dans le centre, et les Sicules dans la partie orientale, ces derniers probablement venus du continent en repoussant vers l'Ouest de l'île les occupants plus anciens. Ce sont eux qui donnèrent son nom au pays.
La Sicile fut ensuite colonisée par les Phéniciens, les Carthaginois et les Grecs, qui y ont laissé de nombreux vestiges.
Romanisation de l'île
Depuis la mort d'Agathocle de Syracuse en , les colonies grecques de l'île sont divisées, en opposition avec des révoltes telle celle des Mamertins et ont du mal à résister à la pression des Carthaginois qui disposent de comptoirs alliés dans la partie occidentale de l'île et à Lipari. De leur côté, les Romains qui ont résisté à l'expédition de Pyrrhus (280-) et unifié l'Italie sous leur domination entrent en contact avec les colonies de la Grande Grèce.
L'enjeu entre l'ancienne puissance carthaginoise et la puissance émergente de Rome est la domination du commerce et des voies maritimes de la Méditerranée occidentale. La possession de la Sicile qui contrôle le détroit de Messine est déterminante et va entraîner les guerres puniques qui ne se termineront que par la destruction de Carthage.
Sous la République
À l'issue de la première guerre punique (264-241), la Sicile tombe aux mains des Romains, devenant dès lors la première province romaine hors de la péninsule italienne. Seule la petite royauté de Syracuse, confiée à Hiéron II qui a choisi finalement l'alliance romaine, conserve une indépendance relative jusqu'à sa chute en 211 après son alliance avec Carthage et un long siège mené par le consul Marcellus.
La Sicile compte au début de la période entre 600 000 et 1 000 000 d'habitants, dont une dizaine de milliers de citoyens romains seulement. Elle constitue aussi un enjeu économique important. Riche en terres agricoles, la Sicile est pour Rome une importante source de céréales, devenant selon l'expression de Caton l'Ancien, « le grenier à blé du peuple romain »[1]. Les céréales sont cultivées dans des Latifundia exploités par une masse d'esclaves. Deux révoltes d'esclaves eurent lieu en Sicile :
- la première menée par Eunus entre et
- la seconde, par Salvius Tryphon en .
En revanche la révolte de Spartacus ne touchera pas la Sicile, pas plus que celle-ci ne participera à la guerre sociale.
Lors de la guerre civile qui se déclenche au cours du Second triumvirat, la Sicile fut la base de la résistance des derniers pompéiens menés par Sextus Pompée, fils de Pompée. Sextus Pompée soutenu au début par le Sénat romain tient l'île pendant huit ans. Il est finalement battu par un lieutenant d'Octave en septembre -36 à la bataille de Nauloque, l'une des plus grandes batailles navales de l'Antiquité, au large de Spadafora[2]
Sous l'Empire
À l'avènement de l'Empire romain (), la Sicile devient une province sénatoriale. Elle fait peu parler d'elle au cours des trois siècles suivants. Elle bénéficie en 212 de l'édit de Caracalla qui accorde la citoyenneté romaine à tous les hommes libres. Elle est rapidement christianisée sans être véritablement touchée par les hérésies des IVe siècle et Ve siècle[3].
L'île est épargnée par les guerres jusqu'aux razzias des Vandales de Genséric à partir de 441. Odoacre qui règne sur Rome s'entend avec ceux-ci pour leur verser un tribut, solution qui sera également retenue par son successeur Théodoric. À partir de 533, la Sicile passe sous souveraineté byzantine.
Notes et références
- Jean-Yves Frétigné, Histoire de la Sicile, Fayard 2009, p. 88
- Frétigné, Op. Cit. p.102
- Frétigné, Op.Cit. p.119
Bibliographie
- (en) Jonathan R. W. Prag, Roman Magistrates in Sicily, 227-49 BC. La Sicile de Cicéron : lecture des Verrines : Actes du colloque de Paris (19-20 mai 2006) Organisé par l'UMR 8585, Centre Gustave-Glotz., Besançon, Institut des Sciences et Techniques de l'Antiquité, coll. « « ISTA », 1030 », , 287-310 p. (lire en ligne)
- Julien Dubouloz et Sylvie Pittia, « Les voies de l'intégration : La Sicile romaine, de la disparition du royaume de Hiéron II à la réorganisation augustéenne des provinces », dans Bernadette Cabouret-Laurioux, Jean-Pierre Guilhembet et Yves Roman (directeurs d'ouvrage), Rome et l’Occident : IIe s. av. J.-C. au IIe s. apr. J.-C., Presses universitaires du Mirail, (ISBN 978-2-8107-0052-3, lire en ligne), pages 88 à 125
Articles connexes
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