Semi-voyelle
Une semi-voyelle ou semi-consonne (appelée également glide par anglicisme bien que ce dernier terme soit assez rare) est une voyelle non syllabique qui forme une diphtongue avec une voyelle syllabique qui la suit. Son comportement est plus proche de celui d'une consonne que d'une voyelle. Ainsi, généralement, en français, les semi-voyelles ne donnent pas lieu à élision ou liaison[1].
Le français compte trois semi-voyelles :
- /j/, comme dans yaourt [jauʁ], fille [fij], abeille [abɛj] ;
- /ɥ/ comme dans huile [ɥil], lui [lɥi] ;
- /w/ comme dans oui [wi], jouet [ʒwɛ], moi [mwa][2].
Les semi-voyelles se distinguent des consonnes spirantes, qui leur sont similaires, par une articulation moins haute. En notation phonétique, on les écrit habituellement en ajoutant le marquage non syllabique « ̯ » de l'alphabet phonétique international au symbole de voyelle, mais bien souvent on simplifie en n'écrivant que la voyelle seule. L'exclamation anglaise wow peut se transcrire [waʊ̯] (ou [waʊ] sous forme abrégée[3]). Même si le [w] et le [ʊ̯] sont tous deux similaires à la voyelle [u], cette transcription indique que le premier est considéré comme une consonne, alors que le second forme une diphtongue avec la voyelle précédente. La spirante [w] est plus resserrée et donc plus de type consonne que la voyelle [ʊ].
En raison de leur similarité, les termes semi-voyelle et consonne spirante sont souvent utilisés de façon interchangeable. Dans un tel contexte, les semi-voyelles sont définies comme les spirantes correspondant phonétiquement à certaines voyelles hautes particulières. On trouve ainsi : [j] correspondant à [i], [w] à [u], [ɥ] à [y], et [ɰ] à [ɯ]. On retrouve aussi plus rarement les semi-voyelles centrales [ɨ̯] (aussi transcrit [j̈], [j˗], [ɰ̟] ou [ɰ˖]) correspondant à [ɨ], et [ʉ̯] (aussi transcrit [ẅ], [w̟], [ɥ̄], [ɥ˗] ou [ɥ̈]) correspondant à [ʉ] utilisé en suédois ou en norvégien. Cependant, il existe dans certaines langues comme le roumain ou le népalais des semi-voyelles correspondant à des voyelles moyennes telles que [e] et [o] ; de telles semi-voyelles, bien que non syllabiques, ne sont absolument pas de type consonne.
Exemples
- Anglais eye « œil » [ɑɪ̯]
- Anglais cow « vache » [kaʊ̯]
- Néerlandais ui « oignon » [œʏ̯]
- Samoan ’ai « probablement » [ʔai̯]
- Samoan ’ae « mais » [ʔae̯]
- Samoan ’auro « or » [ʔau̯ɾo]
- Samoan ao « nuage » [ao̯]
- Indo-européen commun gw
Autres acceptions
Les grammairiens grecs nommaient semi-voyelles huit consonnes : lambda (λ), mu (μ), nu (ν), rhô (ρ), sigma (σ), zêta (ζ), xi (ξ) et psi (ψ)[4],[5].
Les grammairiens latins nommaient semi-voyelles les sept consonnes dont le nom commençait par une voyelle : f, l, m, n, r, s et x[4],[5].
Notes et références
- Schane Sanford A.. L'élision et la liaison en français. In: Langages, 2e année, n°8, 1967. La phonologie générative. pp. 37-59., DOI:10.3406/lgge.1967.2891 sur [www.persee.f/web/revues/home/prescript/article/lgge_0458-726x_1967_num_2_8_2891 Persée] Consulté le 07 mars 2015
- Pour la prononciation des symboles phonétique internationaux, consulter Prononciation API.
- L'usage de [aʊ̯] pour la diphtongue plutôt que de [æu̯] auquel on pourrait s'attendre constitue une question phonétique mineure.
- Définitions lexicographiques et étymologiques de « semi-voyelle » (sens A) dans le Trésor de la langue française informatisé, sur le site du Centre national de ressources textuelles et lexicales [consulté le 4 février 2017].
- Entrée « voyelle » (sens 3), dans Émile Littré, Dictionnaire de la langue française, t. 4 : Q – Z, Paris, Hachette, , 1 vol., 1232 p., gr. in-4o (32 cm) (OCLC 457498685, notice BnF no FRBNF30824717, SUDOC 005830079, lire en ligne [fac-similé]), p. 2549 (lire en ligne [fac-similé]) [consulté le 4 février 2017].