Saïda Agrebi
Saïda Agrebi, née le à Tunis, est une femme politique et militante féministe tunisienne.
Naissance |
Tunis, Tunisie |
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Nationalité | tunisienne |
Pays de résidence | France |
Diplôme | |
Profession |
Éducatrice en santé publique Enseignante en santé reproductive |
Activité principale |
Présidente de l'Organisation tunisienne des mères Membre du Parlement panafricain |
Autres activités |
Membre du Conseil économique, social et culturel de l'Union africaine |
Formation | |
Conjoint |
Slaheddine Jeribi |
Descendants |
Ahmed Jeribi, fils |
Figure influente du régime de Zine el-Abidine Ben Ali selon Frida Dahmani[1], elle préside notamment l'Organisation tunisienne des mères de 1992 à 2011. Députée tunisienne et membre du Conseil économique, social et culturel de l'Union africaine, elle quitte la scène politique en 2011 pour s'exiler en France.
En , elle reçoit le prix Femmes d'excellence décerné en marge du 25e sommet des chefs d'État africains organisé à Johannesbourg (Afrique du Sud).
Biographie
Études
Originaire de Gabès, Saïda Agrebi décroche un baccalauréat en 1964 puis entame des études à l’Université de Tunis, où elle obtient une licence en lettres anglaises[2]. Elle est alors la première femme tunisienne à poursuivre ses études universitaires aux États-Unis[2], à l'Université du Maryland et de Berkeley[3], où elle obtient un master en santé publique grâce à une bourse d'État[1].
Spécialiste des affaires de la femme et de la famille
Elle se spécialise en sciences de la communication sociale et de la planification familiale ; sa thèse soutenue à Berkeley est intitulée « Les caravanes multidisciplinaires, une approche au service du développement intégré »[2]. Elle est ensuite intégrée à l'Organisation arabe du travail, où elle devient directrice du bureau de la femme arabe, et ce jusqu'en 1987[4],[1].
En tant qu'experte dans divers domaines, notamment la santé reproductrice et publique, les droits des femmes, la société civile, l'émigration et le développement durable, Agrebi participe à divers événements organisés par l'Organisation des Nations unies[3]. Elle est ainsi éducatrice en santé publique dans les réserves indiennes de l'Arizona et du Nevada au milieu des années 1970[3] mais aussi enseignante en santé reproductive en Jamaïque[4]. Elle édite également divers articles sur la femme au travail, la femme arabe, les femmes rurales et la planification familiale en anglais, français et arabe[4].
De retour en Tunisie, elle est nommée en 1987 comme directrice de communication à l'Office tunisien de la famille et de la population[2] et puis se trouve promue PDG de ce dernier, poste qu'elle occupe jusqu'en 1995[4]. Cette même année, elle devient PDG de l'Office des Tunisiens à l'étranger. Elle est également élue membre de la Chambre des députés[3] en 1999.
Membre du comité central du Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD)[5], Agrebi est aussi conseillère municipale de l'Ariana[3] et membre d'autres organismes. Vice-présidente de l'African Women's Development and Communication Network et de l'Organisation internationale de la famille, membre de Femmes Afrique Solidarité[6], elle fonde en 1992 l'Organisation tunisienne des mères (OTM) qui contribue activement à l'émancipation de la femme rurale et à l'aide aux familles socialement défavorisées. Pour Frida Dahmani cependant, l'association devient aussi une tribune pour la propagande du RCD[1].
En 2003, Agrebi devient l'une des cinq femmes élues à la Commission de l'Union africaine (UA) à l'occasion de la deuxième assemblée générale tenue à Maputo (Mozambique), poste auquel elle renonce[3] pour se consacrer exclusivement à la cause féminine et familiale tunisienne. Membre du Conseil économique, social et culturel de l'UA, elle y représente l'Afrique du Nord ; elle siège également au Parlement panafricain en tant que représentante de la Tunisie[6].
Poursuites judiciaires
Le , à la suite de la révolution tunisienne et, selon Saïda Agrebi, d'une campagne de désinformation menée par sa vice-présidente[2], elle est destituée de ses fonctions à la tête de l'OTM[7] et placée en résidence surveillée[8]. En février, elle tente de franchir la frontière, déguisée en handicapée[1]. Le , elle obtient auprès du tribunal de première instance de Tunis la nomination d'un administrateur judiciaire à la tête de l'OTM[8].
Elle quitte le pays pour la France le . Dans l'une de ses apparitions médiatiques, elle déclare : « Contrairement à tout ce qui a été dit, j’ai quitté la Tunisie de la façon la plus légale et je n’ai jamais cherché à m’enfuir clandestinement. Il n’y avait aucune action en justice à mon encontre, ce que le ministère de l’Intérieur avait d’ailleurs publiquement confirmé »[2] le [9]. L'interdiction de sortie n'ayant pas été signifiée à temps, le magistrat chargé du dossier est dessaisi[1].
Agrebi se justifie dans une interview accordée à Al Chourouk où elle dément les accusations lancées contre elle[10]. Un mandat d'arrêt international est émis à son encontre le 15 août à la suite d'une plainte pour corruption au sein de l'OTM[11] ; on lui reproche des dépenses injustifiées, des adhésions non répertoriées, des falsifications de bilan et la non-restitution de véhicules[1]. Elle est arrêtée le à l'aéroport de Paris-Charles-de-Gaulle[12] avant d'être relaxée et placée sous contrôle judiciaire[13],[1]. Dans une interview, elle déclare que son avocat français s'est déplacé à Tunis pour rencontrer le juge d’instruction, en compagnie de sa collègue tunisienne et du bâtonnier du barreau de Tunis, pour obtenir sans succès une copie de l'affaire, contrairement à ce que prévoit la procédure[2]. Après examen des documents comptables en compagnie d'un huissier local et d’autres investigations, l'avocat français déclare lors d'une conférence de presse à Tunis que le procès est « purement politique » et transmet, de retour à Paris, les preuves matérielles à la justice française, qui ne donne pas suite à la demande d'extradition le [2].
Distinctions
Alors qu'elle est poursuivie par la justice tunisienne, Saïda Agrebi reçoit le à Ankara, un prix des mains de Fatma Şahin, ministre turque de la Famille et des Politiques sociales, en sa qualité de vice-présidente de l'Organisation mondiale de la famille[14]. Deux ans plus tard, elle est invitée par le Parlement panafricain pour participer aux célébrations de la Journée de l’Afrique consacrée à la femme, le , mais elle ne peut y assister faute de passeport ; le site d'information Espace Manager relève alors que, malgré ses déboires, elle « continue à jouir du respect de nombreuses instances internationales pour son engagement à servir les causes de la femme »[15].
Le , en marge du 25e sommet des chefs d'État africains à Johannesbourg, Saïda Agrebi reçoit le prix Femmes d'excellence avec trois autres figures du féminisme africain, Ellen Johnson Sirleaf, Nkosazana Dlamini-Zuma et Joyce Banda[16]. N'ayant pas pu assister à cette remise de prix faute de passeport, elle adresse un message écrit aux organisateurs, dédiant cette distinction à son fils récemment disparu[16].
Vie privée
Le , Saïda Agrebi perd son fils unique, Ahmed Jeribi, subitement décédé à l'âge de 37 ans dans une clinique à Casablanca au Maroc, laissant une veuve et deux enfants en bas âge[17],[18].
Le , il est inhumé au cimetière du Djellaz à Tunis[18], en l'absence de sa mère[19] et malgré l'appel que le philosophe Mezri Haddad adresse au président Béji Caïd Essebsi[20]. Le site Info Tunisie qualifie les funérailles d'« exceptionnelles » de par le nombre des personnes qui y assistent et la qualité des personnalités politiques, économiques et culturelles présentes[18].
Notes et références
- Frida Dahmani, « Saïda Agrebi dans la nasse », Jeune Afrique, 18 mars 2012, p. 47
- Lilia Ben Rejeb, « Entretien exclusif avec Saïda Agrebi : « Non, je ne regrette pas d’appartenir au régime Ben Ali » », sur tunisie-secret.com, (consulté le )
- Francis Kpatindé, « L'équipe de Konaré », sur jeuneafrique.com, (consulté le )
- « Femmes africaines au service de l'union » [PDF], sur ilo.org, (consulté le )
- « Liste des membres du comité central du RCD », sur tap.info.tn, (consulté le )
- (en) « Conseil consultatif de Femmes Afrique Solidarité », sur fasngo.org (consulté le )
- Zohra Abid, « Tunisie. L'ATM après Saïda Agrebi », sur kapitalis.com, (consulté le )
- Zohra Abid, « Tunisie. Au secours, Saïda Agrebi est de retour ! », sur kapitalis.com, (consulté le )
- Imed Bahri, « Tunisie. À propos de la « fuite » de Saïda Agrebi », sur kapitalis.com, (consulté le )
- « Saïda Agrebi : « je ne me suis pas évadée et je n'ai pas peur de la justice, parce que je suis propre » », sur businessnews.com.tn, (consulté le )
- Maxime Ricard, « Tunisie : une figure du régime de Ben Ali arrêtée en France », sur francesoir.fr, (consulté le )
- « Saïda Agrebi arrêtée à Paris et les procédures d'extradition engagées », sur leaders.com.tn, (consulté le )
- Imed Bahri, « Tunisie-France. Saïda Agrebi relaxée mais maintenue sous contrôle judiciaire », sur kapitalis.com, (consulté le )
- « Tunisie : Saida Agrebi reçoit un prix à Ankara », sur investir-en-tunisie.net, (consulté le )
- « Saïda Agrebi invitée par le Parlement panafricain », sur espacemanager.com, (consulté le )
- « Saida Agrebi honorée du Prix d’excellence en marge du sommet de l’Union Africaine », sur espacemanager.com, consulté le = 2015-06-19
- Imed Bahri, « Décès à Casablanca de Ahmed Jeribi, fils de Saïda Agrebi », sur kapitalis.com, (consulté le )
- Lilia Ben Rejeb, « Funérailles exceptionnelles pour Ahmed Agrebi », sur info-tunisie.net, (consulté le )
- « Saïda Agrebi n'assistera pas à l'enterrement de son fils », sur businessnews.com.tn, (consulté le )
- Mezri Haddad, « Lettre ouverte de Mezri Haddad à Béji Caïd Essebsi », sur businessnews.com.tn, (consulté le )
Liens externes
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