Sūtra des contemplations du Bouddha Vie-Infinie
Le Sūtra des contemplations du Bouddha Vie-Infinie, appelé aussi Sūtra des contemplations du Bouddha Amitayus, du sanscrit Amitāyurdhyāna Sūtra (chinois : 佛說觀無量壽經, pinyin : Fú shuō guān wúliàng shòu jīng ; japonais : 観無量寿経, Kanmuryōju-kyō ; vietnamien : Quán Vô Lượng Thọ kinh), est l’un des trois principaux sūtras du bouddhisme de la Terre pure[1], branche du bouddhisme mahāyāna. Amitāyus (Vie-Infinie) est un des noms du bouddha Amitābha (Lumière-Infinie). Le texte rapporte une méthode de méditation énoncée par le Bouddha Gautama permettant aux êtres sensibles de visualiser la Terre pure de l’Ouest d’Amitābha et d’y renaître.
Histoire
L’origine du sūtra n’est pas connue et se perd probablement dans la tradition indienne, jusqu’à sa traduction en chinois dans la première moitié du Ve siècle. Aucune copie ancienne en sanscrit n’existe de nos jours, si bien que l’influence indienne est incertaine. Avec le Sūtra de Vie-Infinie et le Sūtra d’Amitābha, il forme le corpus de base du bouddhisme de la Terre pure, qui se répand dans la Chine des Tang au Ve siècle, et est probablement ultérieur aux deux autres.
Contenu
Le sūtra narre l’histoire du prince Ajatashatru qui, sous la mauvaise influence de son ami Devadatta, fit enfermer son père le roi jusqu’à ce que mort s’ensuive. Apprenant que sa mère nommée Vaidehī lui transmettait de la nourriture, pris de colère, le prince menaça de la tuer mais, sur l’intervention de deux conseillers, se ravisa et ordonna simplement de l’enfermer dans une chambre.
Vaidehī, au désespoir, pria le Bouddha de soulager sa peine en lui permettant de voir Moggallana et Ánanda. Le Bouddha, qui écoutait la reine, exauça son souhait et même, apparut en personne dans la chambre. Se prosternant, la reine se lamenta sur le mauvais fonds de son fils et implora d’apprendre le moyen d’atteindre la Terre pure de l’Ouest du bouddha d’Amitābha (Sukhāvatī), dénuée de mauvais karma.
Le Bouddha révéla d’abord les trois ensembles d’actions synonymes de karma pur permettant de contempler et renaître dans la Terre pure : prendre soin de ses parents et de ses aînés et pratiquer les dix actions de bien ; se réfugier dans les Trois Joyaux ; aspirer à l’Éveil en respectant et diffusant l’enseignement des sūtras du mahāyāna et en croyant à la loi de causalité.
Ensuite, le Bouddha annonça qu’il allait enseigner à Vaidehī et à tous les êtres sensibles comment visualiser la Terre pure de l’Ouest, en pratiquant treize contemplations.
- Contemplation du coucher de soleil à l’Ouest
- Contemplation de l’eau, puis de sa transformation en glace et en joyaux, baigné de lumière
- Contemplation du sol et des pavillons de la Terre pure en visualisant distinctement les détails de la seconde contemplation
- Contemplation des arbres de joyaux diffusant différentes lumières
- Contemplation des étangs et des ruisseaux de la Terre pure
- Contemplation d’instruments de musiques de devas dont le son permet de percevoir comme un tout le sol, les arbres et les étangs de joyaux.
- Contemplation du trône de lotus. Avant la description de cette contemplation, le bouddha Amitābha apparut dans une lumière aveuglante avec les bodhisattvas Avalokiteśvara et Mahāsthāmaprāpta.
- Contemplation de l’image d’Amitābha, des bodhisattvas Avalokiteśvara et Mahāsthāmaprāpta, de leur lumière ainsi que l’écoute du Dharma
- Contemplation d’Amitābha lui-même et de ses caractéristiques
- Contemplation d’Avalokiteśvara
- Contemplation de Mahāsthāmaprāpta
- Contemplation des aspirants eux-mêmes, dans la Terre pure de l’Ouest
- Contemplation d’Amitābha et des deux bodhisattvas (Triade d’Amitābha)
Puis le Bouddha décrivit les neuf degrés d’êtres qui naissent dans la Terre pure de l’Ouest en fonction de leur compréhension du dharma, répartis en trois classes et donc trois niveaux par classe (haut, moyen, bas). Pour chaque niveau furent indiqués les conditions d’appartenance et l’accueil réservé dans la Terre pure.
- Le plus haut niveau de la plus haute classe pour ceux qui sont résolus à naître dans la terre pure et qui mène leur vie dans ce sens.
- Le niveau moyen de la plus haute classe pour ceux qui comprennent la loi du karma ainsi que les enseignements du Bouddha et aspirent à renaître dans la terre pure.
- Le plus bas niveau de la plus haute classe pour ceux qui acceptent la loi du karma et aspirent à renaître dans la terre pure. Ceux qui appartiennent à la plus haute classe verront Amitābha et ses assistants au moment de la mort, et ces trois niveaux sont considérés comme la quatorzième contemplation.
- Le plus haut niveau de la classe moyenne pour ceux qui pratiquent les Cinq Préceptes, observent les huit abstinences et le commètent pas les cinq offenses les plus graves.
- Le niveau moyen de la classe moyenne pour ceux qui ont pratiqué au moins une journée les huit abstinences et quelques autres principes.
- Le plus bas niveau de la classe moyenne pour ceux qui sont généreux et attentionnés dans leur vie à l’égard de leurs parents et d’autrui. Les aspirants aux deux plus haut niveaux de cette classe verront Amitābha au moment de leur mort, et ceux du plus bas niveau verront un enseignant, puis Avalokiteśvara et Mahāsthāmaprāpta sept jours après leur renaissance.
- Le plus haut niveau de la classe inférieure pour ceux qui ont commis des actes négatifs, mais qui pourront au moment de la mort effacer leur mauvais karma par l’écoute d’un maître et l’appellation à haute voix du nom du bouddha Amitābha (Nianfo).
- Le niveau moyen de la classe inférieure pour ceux ont enfreint les Cinq Préceptes ou d’autres préceptes qui les vouent aux enfers. L’écoute d’un maître au moment de la mort peut effacer le mauvais karma.
- Le plus bas niveau de la classe inférieure pour ceux qui ont accumulé énormément de mauvais karma par toutes sortes d’immoralités et de transgressions. À leur mort, même l’enseignement d’un maître ne suffira pas à leur faire prendre conscience du Bouddha, mais ils pourront s’accrocher à la récitation du nom du bouddha Amitābha. Ces niveaux forment la seizième et dernière contemplation.
Le Bouddha révéla finalement le nom du sūtra qu’il venait de décrire et recommanda de se rappeler du nom du bouddha Amitābha. Ánanda, disciple du Bouddha, rapporta à une assemblée humaine cet enseignement.
Références
- (en) Charles S. Prebish, The A to Z of Buddhism, New Delhi, Vision Books, , 280 p. (ISBN 978-81-7094-522-2), p. 41 et 42.
Sources
- Traduction du sūtra, amitabha-terre-pure.net
- Jérôme Ducor et Helen Loveday, Le Sūtra des contemplations du Bouddha Vie-Infinie : Essai d’interprétation textuelle et iconographique, Turnhout, Brepols, , 466 p. (ISBN 978-2-503-54116-7) (Présentation de Guillaume Ducœur, Revue de l’histoire des religions, vol. 4, 2012)
- James Harlan Foard, Michael Solomon et Richard Karl Payne, The Pure Land Tradition : History and Development, Jain Publishing Company, , 548 p. (ISBN 978-0-89581-092-2, lire en ligne)
- Carl Olson, Historical Dictionary of Buddhism, Scarecrow Press, (ISBN 978-0-8108-6317-0)
Liens internes
- Sūtra de Vie-Infinie, ou grand Sukhāvatīvyūhasūtra
- Sūtra d'Amitābha ou petit Sukhāvatīvyūhasūtra
- Sukhāvatī
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