Vieux Séminaire de Saint-Sulpice

Le vieux séminaire de Saint-Sulpice, aussi nommé le Vieux Séminaire de Montréal, est le plus vieil immeuble de l'arrondissement de Ville-Marie à Montréal, le seul survivant du XVIIe siècle. Le corps central fut construit entre 1683 et 1688 par M. François Dollier de Casson, supérieur montréalais des Sulpiciens. L'aile ouest fut ajoutée vers 1704-1705 et l'aile est (aujourd'hui détruite) a été érigée en 1715 sous la direction du maçon Alexandre Jourdain dit Labrosse.

Ne doit pas être confondu avec l’Ancien séminaire Saint-Sulpice ou le Séminaire Saint-Sulpice, tous deux parisiens.

C'est un bâtiment classique, en forme de U, de style palatial, avec une annexe en forme de T, le presbytère de la basilique Notre-Dame de Montréal.

La Compagnie des prêtres de Saint-Sulpice a, depuis ses origines, été le seul propriétaire du bâtiment, qui a joué plusieurs rôles depuis les temps de la colonie.

Histoire

Le premier Séminaire de Montréal

À leur arrivée à Montréal le , M. Gabriel Thubières de Levy de Queylus, p.s.s., M. Gabriel Souart, p.s.s., M. Dominique Galinier, p.s.s. et le futur sulpicien Antoine d’Allet [2]furent logés par Jeanne Mance dans son hôpital, au coin nord-est des rues Saint-Paul et Saint-Sulpice[3]. Ils entreprennent alors la construction d’un premier séminaire sur la rue Saint-Paul face à la place Royale. En 1659, les travaux sont en cours. Jeanne Mance revient à Montréal en 1659 et ne peut avancer dans la construction de son hôpital car « les ouvriers étant occupés à la maison du séminaire de messieurs les prêtres ce qui luy estoit un grand obstacle »[4]. Les travaux du premier séminaire se terminent vers 1661-1662. Le , M. Guillaume Vignal, p.s.s. accompagné d’ouvriers va à l’île à la Pierre « Pressé d’achever le séminaire alors en construction »[5].

Les sulpiciens vont y demeurer jusqu’en 1685 puis déménagerons sur le site du deuxième Séminaire de Montréal, sur la rue Notre-Dame[3]. Le premier séminaire servira d’entrepôt pendant plusieurs années avant de brûler en 1852.

Le deuxième Séminaire de Montréal

Vers 1682, M. François Dollier de Casson, p.s.s., supérieur des sulpiciens à Montréal, commence la construction d’un deuxième séminaire sur la rue Notre-Dame. Cela permettra le rapprochement de la communauté des prêtres avec l’église Notre-Dame de Montréal dont ils ont la charge. Le corps central est construit entre 1683 et 1688[6]. L'aile ouest fut ajoutée vers 1704-1705 et l'aile est (aujourd'hui détruite) a été érigée en 1715.

Au XIXe siècle, les sulpiciens songent à reconstruire le séminaire[7]. En 1840, Mgr Ignace Bourget, évêque de Montréal, demande aux sulpiciens de former les futurs prêtres du diocèse de Montréal. Les sulpiciens décident alors d’agrandir le séminaire pour y accueillir les futurs étudiants en théologie d’où la nécessité de construire un Grand Séminaire de Montréal[8].

La démolition de l’aile est effectuée vers 1850[9]. En 1854, les travaux sont arrêtés. Lors d’une visite à Montréal, Louis-Jacques Casault, supérieur du Séminaire de Québec, aurait convaincu les sulpiciens d’établir leur Grand Séminaire sur leur domaine plus espacé de la montagne, rue Sherbrooke[10].

La partie est du Séminaire de Montréal, appelée aile Ostell, a été construite par l’architecte John Ostell.

De 1907 à 1908, une nouvelle aile fut construite à l'arrière.

Compris dans l'arrondissement historique du Vieux-Montréal en 1964, l'ensemble du Séminaire de Saint-Sulpice et ses jardins est classé monument et site historique depuis le .

Jardins du Séminaire

Suivant une tradition monastique, les Sulpiciens aménagent un jardin au XVIIe siècle près de leur Séminaire pour y cultiver fruits et légumes. La disposition géométriques des allées, avec sa pelouse et sa statue centrale, emprunte aux traditions françaises de la Renaissance[11]. Ce jardin, toujours existant, est un des plus anciens aménagements du genre au Canada. Le jardin du Séminaire de Saint-Sulpice a été désignée comme un lieu historique national du Canada en 1981[12] par le gouvernement canadien.

Le jardin en 1885
Le jardin en 1946
Vue du jardin en 2017

L'horloge

Aiguilles de l'horloge du Vieux Séminaire de Saint Sulpice (1822). Ces aiguilles sont animées par un mécanisme de Jean-Joseph Lepaute, dit Collignon, horloger du Roi, sis au faubourg Saint-Honoré, à Paris. Cette ancienne horloge à pendule, avec un mécanisme de bois, aurait été la première horloge publique à Montréal.

La façade de l'édifice est orné au sommet par une horloge installée durant le supériorat de M. François Vachon de Belmont, p.s.s., entre 1701 et 1732. Son cadran fut créé à Paris, gravé par Paul Labrosse et doré par les sœurs de la congrégation de Notre-Dame. En 1835, une nouvelle horloge est installée. C’est M. Dauteul, horloger français, qui la fabrique. Toutefois, celle-ci cesse de fonctionner et elle est remisée au XXe siècle. Jusqu'en 1881, il s'agissait de la seule horloge publique de Montréal[13]. Depuis 2004, l’horloge est de nouveau en fonction grâce au programme de restauration du séminaire du ministère de la Culture et des Communications du Québec.

Exposition

À l’été 2017, le Séminaire de Saint-Sulpice ouvre ses portes au public pour la visite de son jardin et de l’exposition De l’idéal mystique, à l’entreprise seigneuriale qui retrace les apports de la Compagnie des prêtres de Saint-Sulpice à Montréal. Celle-ci est présentée par les Prêtres de Saint-Sulpice de Montréal et Univers Culturel de Saint-Sulpice dans le cadre des festivités des 375 ans de la métropole. L’exposition s'est tenue du au . L'exposition est prolongée en 2018 et 2019 du au 1er septembre. Le Séminaire n’avait pas été ouvert au public depuis 1967[14]. Lors de cette année, une exposition a été organisée par l’Association des Anciens du Collège de Montréal dans le cadre des festivités des 200 ans du Collège de Montréal et des 100 ans du Canada. La Commission du Centenaire du Canada avait participé au financement de l’exposition.

Archives

Le Département des Archives de l'Univers culturel de Saint-Sulpice possède des livres rares datant du XVIe siècle jusqu'à l'époque contemporaine. En plus, des archives témoignant des aspects du développement social, religieux, économique, éducatif et culturel de Montréal, de nombreux dictionnaires, notamment de mohawk, de huron et d’algonquin y sont aussi conservés[15]. Ce patrimoine archivistique est composé d’environ km de documents textuels : manuscrits et imprimés, plus de 75 000 documents iconographiques, environ 8 000 cartes et plans, des enregistrements sonores et filmiques[16].

Attenant à la basilique Notre-Dame, le Séminaire de Saint-Sulpice, juin 2017.

Articles connexes

Bibliographie

  • Bertrand, C., Fauteux, A-E. et Massicotte, E.-Z. (collationnées et annotées par). « Annales de l’Hôtel-Dieu de Montréal rédigées par la sœur Morin ». Mémoires de la Société historique de Montréal. Montréal : L’imprimerie des éditeurs limités, 1921.
  • Deslandres, Dominique, Dickinson, John A. et Hubert, Ollivier (sous la direction de). « Les Sulpiciens de Montréal. Une histoire de pouvoir et de discrétion 1657-2007 ». Montréal : Éditions Fides, 2007. 670 p.
  • Bruno Harel et Josette Michaud, Le séminaire de Saint-Sulpice de Montréal, Québec, Les publications du Québec, , 22 p..
  • Lahaise, Robert. « Les édifices conventuels du Vieux Séminaire ». Ville Lasalle : Cahier du Québec / Éditions Hurtubise HMH, 1980. 597 p.
  • Litalien, Rolland, p.s.s. (sous la supervision de). « Le Grand Séminaire de Montréal 1840-1990. 150 années au service de la formation des prêtres ». Montréal : Éditions du Grand Séminaire de Montréal, 1990. 462 p.
  • Litalien, Rolland p.s.s. « Les sulpiciens au Canada de 1657 à aujourd’hui » dans la revue Cap-aux-diamants, numéro 58, été 1999, pp. 14-19.
  • Olga Jurgens, « Vignal, Guillaume », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 1, Université Laval/University of Toronto, 2003, consulté le , http://www.biographi.ca/fr/bio/vignal_guillaume_1F.html.
  • Pinard, Guy. « Montréal : son histoire son architecture ». Tome 2. Les Éditions La Presse, 1986. 421 p.

Liens externes

Notes et références

  1. vieux.montreal.qc.ca 2013.
  2. Litalien, p. 15, 1999
  3. Harel et Michaud 1990, p. 8.
  4. Bertrand, Fauteux et Massicotte, 1921
  5. Jurgens, 2003
  6. Bibliothèque et Archives nationales du Québec. et Roy, Julie, 1970-, La Bibliothèque de "Ces Messieurs" : le livre chez les Sulpiciens en Nouvelle-France, Bibliothèque et Archives nationales du Québec, cop. 2007 (ISBN 9782551235292 et 2551235294, OCLC 300385370, lire en ligne)
  7. Harel et Michaud 1990, p. 18.
  8. Lahaise, p. 271, 1980
  9. Harel et Michaud 1990, p. 19.
  10. Pinard, p. 255, 1986
  11. John Stewart, « Le jardin des Sulpiciens, site historique unique », La Presse, , p. 7 (lire en ligne)
  12. Parcs Canada, Montréal, une ville d'histoire, 2004, p. 54
  13. Laliberté, Pierre, Bruno Harel, Le Vieux-Montréal vu par Georges Delfosse, Montréal, Ville de Montréal, , 76 p., p. 62
  14. Bulletin Saint-Sulpice du Canada. Juin 1967, no 26.
  15. Caroline Montpetit, « L’histoire de Montréal dort dans les archives des Sulpiciens », Le Devoir, (lire en ligne).
  16. http://universcultureldesaintsulpice.ca/departement-des-archives
  17. Fonds Séminaire de Saint-Sulpice de Montréal (P227) - Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ).
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