Rue Jean-Suau

La rue Jean-Suau (en occitan carrièra Joan Suau) est une rue du centre historique de Toulouse, en France. Elle se trouve dans le quartier Capitole, dans le secteur 1 de la ville. Elle appartient au secteur sauvegardé de Toulouse.

Rue Jean-Suau
(oc) Carrièra Joan Suau

La rue Jean-Suau vue depuis la petite « place Peyrolières »
Situation
Coordonnées 43° 36′ 07″ nord, 1° 26′ 25″ est
Pays France
Région Occitanie
Ville Toulouse
Quartier(s) Capitole
Début no 5 place de la Daurade et no 1 rue Boyer-Fonfrède
Fin no 20 rue Malbec et no 47 rue Peyrolières
Morphologie
Type Rue
Longueur 108 m
Largeur 12 m
Histoire
Anciens noms Rue Bernard-Barrau ou Barravi (milieu du XIVe siècle)
Rue Chaude (milieu du XVe siècle)
Rue Jean-Suau (7 août 1873)
Protection Secteur sauvegardé (1986)
Géolocalisation sur la carte : France
Géolocalisation sur la carte : Toulouse

Toponymie

Le nom de la rue rend hommage à Jean Suau (1755-1841), peintre toulousain qui vécut et mourut dans un immeuble, aujourd'hui disparu, rue de la Capelle-Redonde (emplacement au-devant de l'actuel no 2). Jean Suau, fils d'Antoine Suau et de Marie Trulhet, fit d'abord des études de droit, mais les abandonna pour se consacrer à la peinture et fut en particulier l'élève de Jean-Pierre Rivalz. Le , il remporta le grand prix de peinture de l'Académie royale de peinture, sculpture et architecture de la ville, et le il en était nommé professeur. Il reconstitua après la Révolution l’École des Arts, et y fut l'un des maîtres de Dominique Ingres entre 1791 et 1796[1]. Il dirigea les classes de l'antique, du modèle vivant et d’anatomie artistique[2]. Il fut nommé chevalier de la Légion d'honneur le [3].

La rue Jean-Suau n'a reçu ce nom que le , par décision du conseil municipal. Au milieu du XIVe siècle, sur les documents les plus anciens, elle était appelée rue Bernard-Barrau ou Bernard-Barravi, qu'elle devait à un propriétaire du lieu, qui possédait par ailleurs une métairie au nord de Toulouse. Au milieu du siècle suivant, elle prit également le nom de rue Chaude (carrièra Cauda en occitan), sans qu'on puisse y trouve d'explication. Une légende, popularisée par l'historien toulousain Alexandre Du Mège, affirme qu'elle aurait reçu cette dénomination parce qu'elle était habitée par des prostituées, mais cette hypothèse a été combattue par Jules Chalande. En 1794, pendant la Révolution, elle devint rue de la Fraternité, mais elle retrouva rapidement son nom de rue Chaude, qu'elle conserva jusqu'en 1873[4],[5].

Voies rencontrées

La rue Jean-Suau rencontre les voies suivantes, dans l'ordre des numéros croissants (« g » indique que la rue se situe à gauche, « d » à droite) :

  1. Place de la Daurade (g)
  2. Rue François-Boyer-Fonfrède (d)
  3. Rue Malbec (g)
  4. Rue Peyrolières (d)

Histoire

Moyen Âge et période moderne

Au Moyen Âge, la rue Chaude (actuelle rue Jean-Suau) appartient au capitoulat de la Daurade. Elle n'est qu'une rue très étroite, qui relie la place Peyrolières, au carrefour de la rue du même nom, et la rue de la Vache (actuelle rue Boyer-Fonfrède) – elle ne rejoint alors pas le port de la Daurade, dont elle est séparée par plusieurs moulons. Elle est principalement habitée par des artisans : plusieurs maisons appartiennent à des familles importantes de l'élite urbaine toulousaine, bourgeois, capitouls et même parlementaires, mais qui n'y habitent pas et les donnent à louer. Les constructions sont relativement modestes et utilisent principalement le bois (actuels no 7 et 11).

Dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle, la rue Chaude est en partie touchée par les travaux d'aménagement de la place et du port de la Daurade.

Époque contemporaine

À la fin du XIXe siècle, la municipalité toulousaine poursuit ses travaux d'aménagement, qui visent à faciliter la circulation dans la ville. Elle cherche particulièrement à relier efficacement la place du Capitole, cœur de la cité, et le port de la Daurade. Les travaux d'élargissement provoquent la démolition de toutes les maisons du côté sud de la rue[6], tandis que des immeubles sont reconstruits dans un style néoclassique ou haussmannien, dans la 2e moitié du XIXe siècle (actuels no 2, 4 et 8), ou dans le style Art nouveau, à la limite du siècle suivant (actuel no 4). Au bout de la rue, deux immeubles sont abattus pour permettre le dégagement de la vieille place Peyrolières.

Au cours du XXe siècle, plusieurs immeubles, particulièrement dégradés, sont également détruits pour faire place à des constructions plus modernes (actuels no 3, 5, 6 et 15). Sa largeur est ainsi portée à 12 mètres, en faisant une des rues les plus larges du centre-ville.

Lieux et monuments remarquables

Façade de l'immeuble Mazelié.
  • no  4 : immeuble Mazelié.
    L'immeuble se compose de deux corps de bâtiments construits par deux architectes différents, pour le premier en 1892 et pour le second en 1901. Il appartenait alors Émile Mazelié, marchand de cuir, également propriétaire de l'immeuble voisin (actuel no 43 rue Peyrolières).
    Le premier corps de bâtiment, à gauche, arbore une longue façade de style néoclassique, d'inspiration haussmannienne, qui se développe sur dix travées et s'élève sur quatre niveaux. Les murs en brique claire sont mis en valeur par des bossages. Le rez-de-chaussée est percé par quatre ouverture rectangulaires pour les boutiques. Elles sont encadrées par deux grandes portes cochères, placées dans deux grandes arcades. Le 1er et le 2e étage sont mis en valeur par des balcons filants ornés de garde-corps en fer forgé, et soutenus par des encorbellements sculptés en pierre. Les fenêtres sont segmentaires et décorées de lambrequins en fer forgé. L'élévation est surmontée d'une corniche moulurée à modillons.
    Le second corps de bâtiment, à droite, est réalisé par l'architecte toulousain Joseph Galinier. Il est caractéristique du style Art nouveau. Son élévation se développe sur quatre niveaux, mais ne compte qu'une large travée. L'utilisation de la brique rouge contraste avec le premier corps de bâtiment. Le rez-de-chaussée est percé d'une grande porte en plein cintre, encadrée par deux fenêtres également en plein cintre. Un grand mascaron en pierre, percé d'un oculus aux contours festonnés et irréguliers, et ornés de tournesols, surmonte la porte et soutient le balcon du 1er étage. Les deux étages sont réunis par une grande baie vitrée en plein cintre. Une corniche en demi-cercle couronne l'élévation[7],[8].

Notes et références

  1. Jules Chalande, 1924, p. 334.
  2. Pascal Dupuy, « La France offrant la Liberté à l’Amérique », sur le site L'Histoire par l'image, septembre 2014 (consulté le 22 mars 2018).
  3. culture.gouv.fr
  4. Jules Chalande, 1924, p. 334-335.
  5. Pierre Salies, 1989, p. 490.
  6. Jules Chalande, 1924, p. 335.
  7. Fabien Cadot, Louise-Emmanuelle Friquart et Laure Krispin, « Fiche IA31131098 », 2005 et 2014.
  8. Geneviève Furnémont, 2019, p. 56-57.

Voir aussi

Bibliographie

  • Jules Chalande, « Histoire des rues de Toulouse », Mémoires de l'Académie des Sciences et Belles-Lettres de Toulouse, 12e série, tome II, Toulouse, 1924, p. 334-336.
  • Pierre Salies, Dictionnaire des rues de Toulouse, 2 vol., éd. Milan, Toulouse, 1989 (ISBN 978-2867263545).
  • Geneviève Furnémont, Toulouse Art nouveau. Période 1890-1920, éd. Terrefort, Toulouse, 2019 (ISBN 978-2911075407).

Articles connexes

Lien externe

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